Jeunes de 12 à 16 ans: au boulot pour payer leurs dépenses
Près de 80 % des adolescents qui travaillent le font pour cette raison ou pour contribuer au revenu familial
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Vingt-neuf pour cent des jeunes de 12 à 16 ans au Québec occupent un emploi pendant l’année scolaire, selon un sondage Léger mené en début d’année, et les trois quarts d’entre eux le font pour payer des dépenses personnelles.
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Le sondage commandé par le Réseau pour un Québec Famille (RQF) soulève quelques aspects préoccupants concernant le travail des jeunes, puisque 4 % des parents qui ont répondu au sondage reconnaissent que l’emploi de leur enfant contribue au revenu familial. Cette proportion augmente à 18 % chez les familles qui ont trois enfants ou plus.
«Ça nous préoccupe, dit Corinne Vachon Croteau, directrice générale du RQF. Comment va-t-on réussir à soutenir ces familles et ces jeunes pour qui le revenu sert à boucler les fins de mois? On invite le gouvernement à réfléchir aux solutions.»
Le RPQF dépose un mémoire en appui au projet de loi 19 sur l’encadrement du travail des enfants et recommande au gouvernement de devancer à 22 heures l’heure à laquelle les 14-16 ans devraient être de retour à la maison du dimanche au jeudi.
«Je pense qu’il faut des balises fermes dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre où les salaires sont à la hausse et les offres alléchantes», affirme-t-elle.
Aussi, près de la moitié des parents sont préoccupés par le nombre d’heures travaillées par leurs enfants, dont 40 % éprouvent des difficultés scolaires.
Aspects positifs du travail
Il y a par ailleurs des éléments positifs au travail des jeunes, comme le développement de leur autonomie, cité par les trois quarts des parents, et la prise de conscience de la valeur de l’argent.
Pour Renaud Pagé, 14 ans, qui occupe un emploi de cuiseur dans la boulangerie d’un magasin d’alimentation à Québec, le travail les samedis pendant l’année scolaire lui évite de «ne rien faire pendant ses fins de semaine», tout en lui permettant de financer une partie de ses activités sportives, lui qui pratique le golf, le ski alpin et le football.
«Je fais beaucoup de sport et ça coûte cher. Mes parents m’ont dit que si je voulais de l’équipement plus poussé, je devrais payer», raconte l’adolescent, dont les parents ont un peu hésité devant l’horaire de travail, qui débute à 6 heures du matin le samedi. Après essai, puisque cela ne nuit pas à ses études, Renaud a eu la permission de poursuivre.
Décisions éclairées
Valérie Gendreau a aussi un fils de 14 ans qui a commencé à travailler l’été dernier, mais il a décidé de quitter son poste en septembre pour se concentrer sur ses études et son sport.
«On a toujours dit que la priorité était l’école et qu’avoir un emploi ne devait jamais avoir de répercussions sur les résultats scolaires. À 14 ans, son travail est d’aller à l’école pour construire son avenir», dit-elle.
Au RQF, on veut valoriser les choix des familles, tout en les outillant pour prendre des décisions éclairées et en s’assurant que le cadre législatif procure un filet de sécurité suffisant.
«Tout le monde dans la société doit faire équipe pour s’assurer d’un cadre adéquat pour nos jeunes», estime Mme Vachon Croteau, interpellée aussi par l’enquête sur la santé psychologique des 12-25 ans, menée par la Dre Mélissa Généreux, de l’Université de Sherbrooke.
La version 2023 de cette vaste étude, menée auprès de 17 000 jeunes de l’Estrie, des Laurentides, de la Montérégie et de la Mauricie, montre que la proportion de jeunes de secondaire 1 au travail est passée de 13 % l’an dernier à 54 % cette année dans ces régions. Vingt pour cent travaillent plus de 15 heures par semaine et 40 % ressentent des symptômes d’anxiété.
Les données du sondage Léger mené pour le Réseau pour un Québec Famille
- 29 % des jeunes de 12 à 16 ans occupent un emploi pendant l’année scolaire
- 4 % le font pour contribuer au revenu familial
- 74 % travaillent pour payer leurs dépenses personnelles (la proportion monte à 89 % chez les familles recomposées)
- 57 % travaillent pour accumuler de l’épargne
- 40 % des adolescents des parents ayant répondu au sondage ont des difficultés scolaires
Les principales préoccupations des parents :
- Le nombre d’heures travaillées par leurs ados (46 %)
- La conciliation emploi-études (35 %)
Avantages perçus du travail :
- Développement de l’autonomie (76 %)
- Prise de conscience de la valeur de l’argent (66 %)