Écriture inclusive: les destructeurs de la langue française
Bock-Côté

On connaît la formule : les Québécois n’ont pas besoin de parler français, mais ont besoin du français pour parler. La langue française n’est pas qu’un outil de communication précieux pour notre peuple. Elle se confond avec son âme. Elle représente le noyau existentiel de son identité.
De là le caractère un peu incongru de l’expression «Québécois francophone», qu’il m’arrive aussi d’utiliser par ailleurs, par commodité, et parce qu’elle représente, dans le contexte qui est le nôtre, une précision identitaire utile.
Mais fondamentalement, on serait tenté de dire que la référence au Québécois est nécessairement francophone, comme un Portugais est lusitanophone, comme un Italien est italophone, comme un Grec est hellénophone.
Inclusif?
Il va de soi, évidemment, que tous ne sont pas francophones de la même façon. Certains le sont de naissance, d’autres d’adoption, ou ont appris le français comme langue seconde. Mais tous ont un rapport vital au français.
Si je parle de cela aujourd’hui, c’est pour noter avec inquiétude que la langue française est attaquée aujour-d’hui au Québec.
Et je ne parle pas simplement de la pression extérieure imposée par l’anglais.
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Je parle de ce cancer qui la ronge qu’est l’écriture «inclusive».
Cette écriture inclusive, qui s’est imposée en quelques années à l’université, dans l’administration, et qui désormais, colonise les médias, repose sur une thèse paranoïaque: la langue française serait discriminatoire, sexiste et transphobe.
Dès lors, il faudrait transformer son écriture pour la rendre «inclusive».
C’est au nom de cela qu’on n’écrira plus, par exemple, les «étudiants» ni même, les «étudiants et les étudiantes», mais qu’on écrira les «étudiant.e.s». Et cela systématiquement.
C’est pour cela que des professeurs n’écriront plus il ou elle, mais iel, et n’écriront plus ceux ou celles, mais celleux.
La langue est peu à peu hachée, et elle en devient tout simplement illisible.
Et pourtant, cette manière d’écrire devient progressivement obligatoire. Car qui ne l’emprunte pas s’autodésigne apparemment auprès de tous comme un méchant réactionnaire indifférent aux discriminations. Cette «écriture inclusive» finira par tuer le français.
Je redoute le jour prochain où on réécrira les classiques en écriture inclusive. On pourra y voir l’apocalypse de la littérature.
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Autre menace à la langue française: cette paresse qui nous amène officiellement à vouloir simplifier la langue, par exemple en détruisant les règles entourant les participes passés, alors qu’on se contentera de l’appauvrir et de lui faire perdre en richesse et en subtilité.
Appauvrissement
On trouve aujourd’hui des enseignants pour trahir leur mission et plaider pour cette pseudo-simplification. Ils se font entendre ces jours-ci.
Plutôt que de faire leur métier, et de faire aimer la langue française dans ses richesses, ils finiront par la rendre indésirable.
Derrière cela, on trouve une démission de l’intelligence. Cette démission tire toute une société vers le bas, au point de la rendre incapable de penser et de réfléchir. Il m’arrive de craindre que cet «objectif» soit à la veille d’être atteint.