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Possibles enfants enterrés: les Mères mohawks s'entendent pour mener des fouilles sur le mont Royal

Une injonction avait forcé la suspension des travaux d'excavation sur le site de l'Hôpital Royal Victoria à l'automne 2022

Les Kanien'keha:ka
Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI


Les Mères mohawks se réjouissent de pouvoir collaborer aux fouilles archéologiques qui seront menées sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria en travaux afin de vérifier si des sépultures d’enfants s’y trouvent.

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La Cour supérieure du Québec a traduit en jugement ce matin l’entente entre les deux parties qui étaient forcées de négocier en vertu d’une injonction qui avait fait suspendre les travaux d’excavation du projet de centre de recherche de l’Université McGill, en octobre 2022.

Au coeur de cette affaire: les allégations par un groupe de citoyennes mohawks qui se surnomment les «Mères mohawks» selon lesquelles des enfants autochtones ou non autochtones auraient été enterrés sur le site.

Au cours des dernières années, des milliers de sépultures d’enfants autochtones ont été retrouvés à travers le Canada alors que les recherches sur les anciens sites de pensionnats autochtones se sont multipliées.

«Tout ce que nous avons fait ici, c’est pour nos enfants, a réagi Kwetiio, l’une des mères mohawks à la sortie de la salle d’audience à Montréal. À chaque étape du processus, c’est ce que nous gardons en tête.»

En vertu de l’entente rendue publique aujourd’hui, un panel de trois archéologues indépendants sera constitué pour mener des recherches sur le site.

Également, l’Université McGill ainsi que son centre hospitalier et Bibliothèques et Archives Canada devront donner accès à toutes leurs archives, incluant les dossiers dont l’accès est restreint.

Une victoire sans avocat

Les mères mohawks étaient particulièrement fières d’avoir fait les choses «à leur façon», sans être représentées par aucun avocat. Le litige les opposait à la Société québécoise des infrastructures (SQI), à l’Université McGill, à l’Hôpital Royal Victoria, le CUSM, à la Ville de Montréal, ainsi qu’au Procureur général du Canada.

«Je suis très intéressée à ce que d’autres personnes utilisent ça [notre cas] comme exemple. Maintenant, il y a une avenue à prendre pour aller au fond des choses», a ajouté Kwetiio.

«C’est une victoire complète pour les mères», a de son côté réagi l’avocat Julian N. Falconer, au nom du Bureau de l’interlocutrice spéciale indépendante chargé d’aider les autochtones à enquêter sur les tombes anonymes.

«C’est un nouveau précédent au Canada sur comment les peuples autochtones peuvent travailler avec leur oppresseur» ajouté Me Falconer, qui intervenait comme tierce partie dans l’affaire.

De son côté, la SQI s’est dite «très heureuse» de l’entente qui «permettra de faire la lumière sur les allégations de présence de sépultures».

La SQI avait elle-même lancé des fouilles archéologiques au début des travaux, mais les mères mohawks avaient saisi les tribunaux afin de pouvoir participer aux recherches.

Vont-ils trouver quelque chose?

En vertu de l’entente, si aucun reste humain n’est découvert dans le cadre des recherches, les travaux d’excavation sur le site pourront reprendre.

Rappelons que l’Institut Allan Memorial de l’hôpital Royal Victoria menait des expérimentations inhumaines pilotées par la Central Intelligence Agency (CIA) dans les années 1950.

C’est dans le cadre de ces expériences que des enfants auraient été enterrés sur le site, selon ce qu’avancent les mères mohawks.

Pour Médérik Sioui, historien spécialiste des Premières Nations, il est «tout à fait plausible» que des enfants autochtones aient été enterrés à cet endroit, surtout si une clientèle autochtone a autrefois fréquenté l’hôpital.

«Généralement, l’histoire orale a donné beaucoup plus raison que tort aux Premières Nations, soutient-il. À Kamloops en Colombie-Britannique, où les premiers corps d’enfants ont été trouvés, ils ont creusé où les gens de la communauté avaient entendu des histoires.»

«Moi, ça m'impressionne tout le travail qui a pu être accompli par ces mères-là, conclut M. Sioui. Dans cet exemple-là, il y a eu je pense une ouverture d'esprit du juge qui a écouté et pris en compte la culture et la façon de faire des mères», conclut M. Sioui.







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