S'impliquer au secondaire: comment ces jeunes changent le quotidien de leurs pairs
Des effets bénéfiques sont notables pour des jeunes s'impliquant dans la vie étudiante
Des élèves du secondaire qui font partie de leur conseil étudiant voient les effets de leur engagement sur leur école, mais aussi dans leur vie, même s’il est parfois ardu de mobiliser leurs collègues.
«On a enfin obtenu une deuxième caissière à la cafétéria! [...] Avant, on attendait en file pendant 20 minutes», raconte Alaa Moustakim, une élève de 3e secondaire à l’école Jean-Grou, à Montréal.
Elle fait partie des jeunes du secondaire qui représentent leurs pairs dans un comité d’élèves, un conseil étudiant ou un parlement scolaire.
Certains ont été élus au terme d’une élection avec débats, bulletins de vote et urnes.
Beaucoup de ces élèves font bouger les choses concrètement, sondent leurs collègues et proposent des changements. Ils vont aussi organiser des activités ludiques, comme le concours Secondaire en spectacle, une fête du chocolat ou un bal du printemps, par exemple.
Rester à la maison
Or, il est parfois difficile ces temps-ci de motiver les jeunes à participer aux activités facultatives, remarquent plusieurs intervenants.
À l’école de la Pointe-aux-Trembles, à Montréal, les élèves avaient voté pour l’organisation d’une soirée cinéma, avec popcorn et tapis rouge. Finalement, moins de personnes que prévu ont manifesté leur intention de participer.
«On essaie de comprendre pourquoi», explique Anaïs Léveillé, une élève de 3e secondaire. «Les gens ont goûté à la facilité de rester à la maison. Il y en a beaucoup qui travaillent le soir. Il faut travailler de plus en plus fort pour que les élèves participent», remarque-t-elle.
C’est aussi ce qu’entend Julie St-Arnaud, porte-parole d’Élections Québec, qui offre d’accompagner les écoles qui le veulent grâce au programme Vox Populi.
Selon la Loi sur l’instruction publique, chaque école qui a un 2e cycle du secondaire doit voir à la formation d’un comité qui représente les élèves. Mais sur le terrain, le succès de cette démocratie scolaire dépend de la bonne volonté du personnel.
Effets bénéfiques
Chez certains jeunes, l’effet bénéfique de leur implication est flagrant.
«Je suis devenue beaucoup moins timide», avoue Alaa Moustakim.
«Ça nous ouvre des portes [...] C’est fou, la reconnaissance des enseignants envers toi», témoigne Anaïs Léveillé, qui note que son CV est maintenant bien garni.
Certains y voient même un futur métier.
«Je voudrais devenir politicienne», affirme Mariama Barry, de l’école Antoine-de-Saint-Exupéry.
Reste que s’impliquer, cela veut aussi dire mettre du temps.
«On m’a proposé de participer. Je me suis dit: pourquoi pas une activité de plus?» ironise Nida Arahman Frej, qui se dit déjà très, voire trop impliquée à l’école Henri-Bourassa.
QUELQUES EXEMPLES DE CHANGEMENTS
CRÉATION D’UNE PLACE PUBLIQUE
Depuis 2 ans, les élèves de l’école Antoine-de-Saint-Exupéry contribuent à l’aménagement d’un lieu où il n’y a actuellement que des casiers. Le but : rendre cet endroit plus convivial.
«On voudrait mettre des plantes, des chaises. En faire un endroit où s’asseoir, discuter ou prendre une pause», explique Selma Baazouz, une élève de 5e secondaire.
Les élèves ont été consultés sur ce qu’ils souhaitaient. Le projet en est à l’étape de trouver un fournisseur, indique-t-elle.
MOINS DE BOUTEILLES
Dans plusieurs écoles, les initiatives «vertes» viennent des élèves, comme celle d’obtenir des fontaines pour remplir les gourdes et ainsi réduire le nombre de bouteilles de plastique.
C’est le cas de l’école d’Anjou, illustre Taha Rayad, un élève de 5e secondaire.
Grâce au «travail acharné» d’un ancien élève, l’école de la Pointe-aux-Trembles a obtenu des poubelles de tri et le remplacement des ustensiles jetables par des ustensiles réutilisables.
UNE ASSO POUR S’INSPIRER DES AUTRES
À 17 ans, Taha Rayad peut se targuer d’être à la tête de quatre «ministères», comme celui de la Jeunesse ou des Communications. En tant que président de l’Association des élèves (AES) du CSS de la Pointe-de-l’île (CSSPI), il fait partie des 14 représentants des 7 écoles secondaires qui se réunissent 10 fois par année pour échanger.
Ainsi, les élèves peuvent s’inspirer des idées instaurées dans les autres écoles, comme celle d’une semaine ou d’une journée culturelle où les jeunes peuvent laisser tomber leur uniforme et porter l’habit traditionnel de leur pays.
«À Anjou, on était la dernière école à [la mettre en place]», s’étonne Taha Rayad.
L’AES a aussi ses propres priorités décidées par les élèves, comme celle d’avoir un comité vert dans chacune des écoles.
Or, seulement une poignée de CSS, comme Laval et Marguerite-Bourgeoys, vont plus loin que l’exigence de la Loi et ont une association de ce type. Aux CSS de Montréal et de la Capitale, le comité qui existait avant la pandémie n’a pas repris ses activités.