Plan fédéral sur les langues officielles: Roberge demande que l’argent pour les communautés anglophones serve à la francisation
Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, va demander que les 137,5 millions $ prévus par le plan fédéral sur les langues officielles pour les communautés anglophones servent à faire de la francisation.
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«Le premier ministre Trudeau dit que c’est vraiment le français qui est en danger au Canada et qu’il a une responsabilité. Il me semble que ce qui serait une bonne idée, ce serait que les sommes destinées aux communautés anglophones servent à faire de la francisation. Moi je mets ça au jeu», a affirmé le ministre de la Langue française, lors d’une brève mêlée de presse au parlement jeudi matin.
M. Roberge a souligné qu’il rencontrera son homologue fédérale, la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, pour lui faire cette proposition. «Moi ce que je m’attends c’est que les sommes destinées aux communautés anglophones servent à faire de la francisation», a-t-il réitéré.
- Écoutez l’entrevue avec Mario Beaulieu, député de La Pointe-de-l’Île et porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, à l’émission de Richard Martineau via QUB radio:
Quelques instants plus tôt, le député péquiste Pascal Bérubé s’est insurgé contre le plan du fédéral, qui réserve selon lui des «peanuts» pour le français au Québec, alors que les communautés anglophones ont la belle part du gâteau.
Il a affirmé que ce plan «scandaleux» est la preuve que le «lobby» des députés du Parti libéral du Canada de l’ouest de l’île de Montréal a «gagné», en faisant référence notamment à la députée Emmanuelle Lambropoulos, qui a récemment tenu des propos trompeurs sur la loi 96.
Du côté du Parti libéral du Québec, la députée Madwa Nika-Cadet a soutenu que le plan ne contient selon elle pas suffisamment de mesures pour protéger le français au Québec. Quand on lui a demandé ce qu’elle pensait des sommes prévues pour les communautés anglophones, Mme Cadet a dit ne pas pouvoir répondre car elle n’a pas analysé leurs besoins.
Les anglophones «déçus»
«Je suis très déçue que M. Roberge ait dit ça», a affirmé en entrevue la présidente d’un groupe de défense des intérêts de la communauté anglophone, le Quebec community group network (QCGN), Eva Ludvig.
Selon Mme Ludvig, une partie des sommes du plan fédéral doit déjà servir à franciser des anglophones du Québec. «Nous avons besoin d’aide. Nous avons des jeunes qui sont sur le chômage et qu’on doit aider à apprendre le français pour entrer sur le marché du travail», a-t-elle expliqué.
Même si elle considère que la communauté anglophone «est passée à travers beaucoup de difficultés dans les dernières années, la présidente du QCGN admet que l’anglais n’est pas menacé au Québec.
«Il n’est menacé nulle part en Amérique du Nord [...], a-t-elle dit. Mais comme il y a des besoins pour les minorités francophones hors Québec, nous pensons que le fédéral devrait nous aider aussi.»