Loterie: quelles sont les régions les plus «chanceuses»?
Ces régions sont également celles où l’on dépense le plus pour des billets de loterie
La Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean sont les régions les plus «chanceuses» à la loterie. C’est là qu’on retrouve de loin le plus de gagnants d’un million de dollars ou plus par habitant.
Notre Bureau d’enquête a analysé des données sur les gagnants de lots de plus d’un million de dollars des cinq dernières années. Il en ressort que le nombre de gagnants par 100 000 habitants est généralement plus élevé en région.
La Côte-Nord est loin devant, avec 11 gagnants pour 100 000 habitants. Suit le Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec un peu moins de 8 gagnants. Les régions de Lanaudière et de la Capitale-Nationale ont chacune un peu moins de 7 gagnants.
À l’inverse, si Montréal a vu 64 personnes gagner le million dans les cinq dernières années, elle se retrouve en queue de peloton en raison de sa population élevée, avec un peu plus de trois gagnants pour 100 000 habitants.
Plus chanceux?
Si les habitants de la Côte-Nord sont plus nombreux à remporter des lots importants, c’est avant tout parce qu’ils sont parmi les plus grands joueurs de loterie du Québec.
La somme des ventes de billets de loterie entre 2017 et 2022 était en moyenne de 644$ par Québécois. Or, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, la moyenne était de 929$.
«La Côte-Nord est une des régions où il y a le plus d’expositions au jeu – avec la Gaspésie – et c’est une des régions où il y a le plus de personnes qui ont des caractéristiques de vulnérabilité au jeu», explique Élisabeth Papineau, professeure associée au département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal.
Parmi les facteurs de vulnérabilité au jeu préjudiciable, on retrouve notamment le fait d’être un homme, d’avoir un faible revenu et de ne posséder aucun diplôme d’étude supérieure.
Toutefois, précise la chercheuse, d’autres «microfacteurs» pourraient expliquer la popularité de la loterie dans ces régions, notamment l’inaccessibilité à un salon de jeu. Les joueurs se tourneraient alors vers des jeux qui leur sont plus accessibles, dont la loterie.
«Le travail saisonnier peut aussi faire en sorte qu’on va être plus porté à jouer pendant une certaine période. À l’inverse, on peut travailler dans une industrie qui procure de gros revenus, et on a donc plus de budgets disponibles», ajoute celle qui est aussi conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec.
Effet culturel
Selon un autre expert en santé publique, acheter un billet de loterie est une «habitude» bien «ancrée» dans la culture des Québécois nés au Québec. Cela pourrait expliquer pourquoi des régions plus homogènes culturellement, comme la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean, jouent davantage à la loterie que les Montréalais.
«À Montréal, il y a différentes cultures qui cohabitent et dans ces cultures-là, [le jeu] n’est pas aussi socialement valorisé. Les nouveaux arrivants, ce n’est pas la première chose qu’ils vont acheter», explique Jean-François Biron, expert de santé publique à Montréal.
- Avec Philippe Langlois et Charles Mathieu