L'Initiative du siècle nous oblige à l'indépendance, Monsieur Legault
Bock-Côté

Le dossier du Journal consacré à l’Initiative du siècle, qui entend faire du Canada un pays de cent millions d’habitants, continue de faire des vagues.
C’est normal: il s’agit d’un moment de vérité comme on en trouve peu dans notre histoire récente.
La question nationale nous revient en plein visage. Nous savons désormais quel sort attend le Québec dans la fédération. En gros, le peuple québécois sera noyé démographiquement ou condamné à l’insignifiance politique. Au Québec même, à terme, d’une manière ou de l’autre, la majorité historique francophone deviendra minoritaire. Et le fait français s’effondrera.
Courage
Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.
Comment réagiront les grands acteurs de notre vie publique?
Je laisse de côté ceux qui nient la réalité, parce qu’elle fragilise leur engagement idéologique fanatique en faveur de l’immigration massive et du multiculturalisme. Pour empêcher le débat, ils hurlent «racisme», «xénophobie», «grand remplacement». Ces mots ont une seule fonction : interdire le débat. Ceux qui les utilisent sacrifient le peu de crédibilité qu’il leur restait.
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Les plus téméraires voudront nous faire croire que c’est l’immigration «francophone» qui nous sauvera, alors qu’ils savent que dans le contexte géopolitique qui est le nôtre, elle s’anglicise aussi et peine à s’intégrer culturellement.
C’est aux nationalistes sincères que je m’adresse. Je pense à François Legault, Bernard Drainville, par exemple. Ils étaient autrefois souverainistes.
Si, devant ces chiffres, ils en viennent à la conclusion qu’il sera bientôt trop tard pour le Québec, ils doivent renouer publiquement avec l’indépendance. Ils nous diront que les Québécois ne sont «plus là»? C’est leur devoir moral de les y conduire. L’histoire les jugera sur leur courage ou leur absence de courage. La politique est indissociable d’une forme de leadership.
Mais je m’adresse aussi aux fédéralistes qui se définissent d’abord comme Québécois, plutôt que comme Canadiens. Je pense à Geneviève Guilbault ou Pierre Fitzgibbon. Ils auraient probablement préféré que le Québec se trouve une place dans le Canada, qu’il puisse s’y épanouir véritablement. Ils doivent constater que cela n’arrivera pas. Comment justifient-ils alors leur adhésion au fédéralisme?
Je redoute, je l’avoue, que les Québécois, devant les conclusions incontestables de ce dossier, fassent le choix de se mettre la tête dans le sable.
Robert Laplante, le directeur de L’Action nationale, un de nos intellectuels les plus importants des cinquante dernières années, a une formule pour parler de cela: la dédramatisation des pertes. Les Québécois, pour éviter d’assumer la nécessaire rupture avec le Canada, préfèrent se faire croire que ce qui arrive est moins grave qu’on ne le croit. Qu’on ne doit pas exagérer. Que l’essentiel se trouve dans la vie quotidienne.
Une telle posture, dans les circonstances, est suicidaire.
Commission
Paul St-Pierre Plamondon en appelle à une nouvelle commission Bélanger-Campeau sur l’avenir du Québec, à la lumière des tendances lourdes ici évoquées sur le français et l’immigration. Il a absolument raison. Tous devraient en convenir.
François Legault doit la convoquer. Pour le peuple québécois, c’est l’heure de vérité.