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Un terrible drame a forgé Jason Maas, nouvel entraîneur-chef des Alouettes

Il n’avait que 10 ans quand son père Gary, policier, s’est fait tuer lors d’une intervention en Arizona

Un terrible drame a forgé Jason Maas, nouvel entraîneur-chef des Alouettes
Joël Lemay / Agence QMI

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Jason Maas, ancien quart-arrière et désormais entraîneur-chef des Alouettes, n’avait que 10 ans quand son père Gary, qui était policier, s’est fait tuer lors d’une intervention en Arizona. À cœur ouvert, il a accepté de se confier sur cet événement ayant bouleversé sa vie et celles de ses proches.  

«Il a été quelqu’un de super influent dans ma vie, même s’il n’a été là que durant 10 ans, a livré Jason, à l’aube du camp d’entraînement qui s’ouvre dimanche. Quand je pense à lui, j’en retiens quelque chose de positif, plutôt que les aspects négatifs sur ce qui est arrivé. Mais il n’a pas toujours été facile pour moi d’appliquer cette manière de penser. Ç’a pris du temps avant d’en arriver là.» 

Le drame s’est déroulé le 9 avril 1986, soit il y a plus de 37 ans. Deux jumeaux avaient alors été interpellés à Yuma, en Arizona, par Gary Maas à leur sortie d’un autobus Greyhound en provenance d’El Centro, en Californie. À la suite d’une plainte formulée par des passagers, il aurait voulu procéder à une fouille, selon les témoignages entendus au procès, mais l’un d’eux a tiré sur lui. Le policier, qui n’avait que 29 ans, y a laissé sa vie.

Gary Maas laissait notamment dans le deuil ses enfants Jason et Stephanie. Séparé de la mère de ses deux enfants, le policier n’allait par ailleurs jamais connaître sa fille Letty alors que sa nouvelle conjointe était enceinte au moment du drame. 

«Encore aujourd’hui, je tente de retirer le maximum de chaque chose que je vis, mentionne Jason. Et pour mon père, ces 10 années avec lui ont été très formatrices. Quand un tel événement arrive et que tu as seulement 10 ans, tu te rattaches à tous tes souvenirs et j’en ai des très bons avec mon père.»

Aussi travaillant que papa

Avant d’être tué, Gary Maas a notamment pu voir son fils lancer ses premiers ballons de football en Arizona, tout près des frontières du Mexique. Il était aussi un vaillant partisan lorsque Jason jouait au baseball. 

«Je conserve des souvenirs de tout ça, même si ça fait maintenant 37 ans, dit Jason. Je peux encore le visualiser.» 

Parmi l’héritage de son défunt père, Maas note surtout son ardeur au boulot.

«Je crois avoir hérité de son éthique de travail, il était un homme qui travaillait excessivement fort, a affirmé Maas. Je me suis toujours fait une fierté d’être aussi travaillant que lui. Je l’ai vu connaître du succès de cette manière. Il me parlait de ce qu’il souhaitait devenir en travaillant fort. C’est de cette façon que j’ai pensé pour atteindre à mon tour mes propres objectifs.» 

Une appréciation de la vie

Au fil des ans, le petit garçon de Yuma est d’abord devenu un excellent quart-arrière, passant par la NCAA, avec les Ducks de l’Université de l’Oregon, puis maximisant son talent durant 11 saisons dans la Ligue canadienne de football. Maas a joué neuf saisons avec les Eskimos d’Edmonton, portant aussi les couleurs des Tiger-Cats de Hamilton et brièvement celles des Alouettes. Depuis une dizaine d’années, il œuvre comme instructeur, ayant été embauché comme entraîneur-chef à Montréal en décembre dernier.

Jason Maas, à l'époque où il portait les couleurs des Eskimos d'Edmonton, en 2005.
Photo Darryl Dyck / Edmonton Sun / Archives
Jason Maas, à l'époque où il portait les couleurs des Eskimos d'Edmonton, en 2005.

«Chaque fois que quelqu’un doit composer avec la perte d’un être cher, particulièrement quelqu’un d’influent dans ta vie personnelle comme ton père, tu as le choix d’aller dans une direction ou dans une autre, a résumé Maas. Pour moi, ç’a été très difficile pour quelques années puisque j’étais très jeune [...] Plus que tout, je crois y avoir trouvé une motivation pour devenir la meilleure personne possible au quotidien, sans jamais trop penser au lendemain et profiter du présent. J’ai une appréciation de la vie et des relations avec les autres.» 

Comme une deuxième famille...

Jason Maas estime que son parcours aurait pu être beaucoup plus tortueux à la suite du drame ayant coûté la vie à son père alors qu’il était encore un enfant. En plus d’être soutenu par sa famille élargie, l’entraîneur-chef des Alouettes se montre particulièrement reconnaissant envers la famille Thrower.

En faisant la rencontre de Jake, qui est son meilleur ami encore aujourd’hui, le jeune Jason allait aussi s’attacher à ses parents Randy et Gay.

«Son père et sa mère ont été comme mes deuxièmes parents, qualifie Maas, avec émotion. Je les ai rencontrés un an après le décès de mon père et ils ont influencé mon parcours. Ce fut une bénédiction qu’ils soient dans ma vie.»

Naturellement, Maas parle de son ami Jake avec beaucoup d’affection, révélant que celui-ci a excellé davantage au baseball qu’au football, ayant d’ailleurs fait partie de l’organisation des Expos de Montréal, aux niveaux AA et AAA, en 2003. Thrower, un joueur d’avant-champ, a ainsi été le coéquipier des Peter Bergeron, Val Pascucci et Termell Sledge, parmi tant d’autres.

«Jake a joué avec les Trappers d’Edmonton, dans le AAA, mais avant ça, il a été dans les filiales des Padres de San Diego pendant plusieurs années, a noté Maas. Il n’a pas été chanceux. Il a très bien fait dans le AAA, mais n’a jamais joué dans le baseball majeur.»

Évacuer la colère

Autant Maas estime que Jake Thrower a été malchanceux dans sa carrière au baseball, autant il se considère extrêmement privilégié de l’avoir trouvé sur son chemin au début de l’adolescence.

«J’ai été chanceux d’avoir un bon entourage, une très bonne maman, un bon beau-père, une famille et des amis pour m’aider à traverser ça, a résumé Maas. C’était facile pour moi de trouver des gens pour en parler, mais malgré tout, il y avait beaucoup de colère.»

Randy et Gay Thrower l’ont grandement aidé à gérer tout ça, comme son meilleur ami, ancien espoir des Expos.

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