Plus de 50 plaintes en deux ans: sa bijouterie en ligne au cœur d’une controverse
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Une vendeuse de bijoux en ligne dénoncée par des dizaines de Québécois en 2021 aurait continué de berner d’autres clients sous un autre nom en empochant des centaines de dollars pour des articles jamais livrés ou de qualité «médiocre».
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«Ça fait plus de six mois qu’on a commandé nos bagues de fiançailles. On les attendait pour organiser la cérémonie avec nos familles. Je n’en reviens toujours pas», déplore Vanessa Lamothe, qui regrette son achat de plus de 400$.
La femme de Donnacona fait partie des nombreux clients qui pensent avoir été floués par la promesse de bijoux «haut de gamme».
En 2021, plusieurs d’entre eux s’étaient confiés à La Voix de l’Est pour dénoncer les pratiques de l’entreprise Bijoux l’escargot et éviter que d’autres tombent dans le panneau. Deux ans plus tard, le stratagème se poursuivrait cette fois-ci sous le nom de «B.E par Caroline», selon des clients avec qui Le Journal s’est entretenu.
Près de 50 plaintes
Caroline Lessard, l’entrepreneure au cœur de cette controverse et qui se spécialiserait dans la vente de bijoux pour mariés, est déjà dans la mire de l’Office de la protection du consommateur (OPC).
- Écoutez l'entrevue avec Charles Tanguay, responsable des partenariats stratégiques et des relations avec les médias de l’Office de la protection du consommateur à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
«Elle cumule près d’une cinquantaine de plaintes depuis deux ans, entre autres pour non-conformité d’un bien ou qualité du service à la clientèle et pour pratique trompeuse et déloyale. Au moins 45 plaintes visent les Bijoux l’escargot et six visent B.E par Caroline», précise Charles Tanguay, porte-parole de l’OPC.
Depuis février dernier, Caroline Lessard n’est plus active sur les réseaux sociaux et la page de son entreprise semble avoir été mise sur pause.
«Nous ne prenons pas de nouvelles commandes présentement le temps qu’on puisse livrer les bagues à ceux qui attendent», répond la page Facebook B.E par Caroline lorsqu’un client désire acheter un bijou.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs clients ne se gênent pas pour exprimer leur insatisfaction et exiger des réponses de la part de l’entreprise.
Le Journal a pu consulter les messages qu’ils ont échangés avec la page Facebook de la «boutique».
Lorsque les clients demandent des informations sur l’arrivée de leur colis, la propriétaire leur donne plusieurs explications, notamment que les délais de la fabrication sont plus longs que prévu.
La seule solution? Attendre. En effet, selon les politiques de l’entreprise, les remboursements ne sont pas permis. Une carte-cadeau de la valeur du bijou est plutôt proposée en échange.
Des clients ayant menacé de poursuivre Caroline Lessard se sont fait bloquer de la page de l’entreprise, sans autres moyens de communiquer avec la propriétaire, puisqu’aucun numéro de téléphone n’est fourni.
Pas du haut de gamme
Certains «chanceux» ont reçu leur commande, mais ont été déçus de la qualité du produit, se demandant s’il était vraiment «haut de gamme», comme annoncé.
«Quand j’ai reçu ma bague après plusieurs semaines d’attente, ça venait dans un petit sac Ziploc. On était loin du haut de gamme, je vous dis», raconte Stéphanie Ponton, une autre cliente qui s’est sentie flouée par la propriétaire.
La bague commandée n’était pas de la bonne grandeur non plus, ajoute-t-elle. Au bout de plusieurs courriels «très flous», la femme de 44 ans a finalement réussi à échanger sa bague, mais a dû faire le deuil des deux autres joncs qu’elle avait achetés pour un total de 650$ et dont elle ne croit plus voir la couleur un jour.
Disponibles sur Amazon
C’est aussi ce que pense Vanessa Lamothe, qui a trouvé la même bague achetée chez B.E par Caroline sur Amazon, pour la modique somme de 25,99$.
«Quand j’ai vu ça, je n’en revenais pas. Dire que j’ai payé 430$ pour une bague cheap que je n’ai jamais reçue! Je me suis fait avoir», déplore Mme Lamothe.
Caroline Lessard s’est quant à elle défendue de ces allégations dans un échange de messages avec la femme de Donnacona.
«Même si les photos [utilisées] sont les mêmes, nous avons choisi d’utiliser les métaux de notre choix. On achète le patron pour en faire la fabrication. [...] Même si c’est le même modèle, ce n’est pas la même bague du tout!», peut-on lire.
Les réseaux sociaux de l’entreprise semblent inactifs depuis février dernier. L’un de ses sites web, https://bycaroline.ca/, est également indisponible.
Rejointe par Le Journal, Mme Lessard a nié les allégations qui s’accumulent contre elle, réitérant que son entreprise n’est pas une arnaque. Selon la propriétaire, les délais de livraison seraient causés par la COVID ainsi que la guerre en Ukraine, qui occupe une grande place dans l’approvisionnement des matières premières.
«Présentement, nous avons 2,34% des commandes qui n’ont pas été livrées en totalité et 1,2% des commandes reçues qui sont en attente d’un échange. Il y a seulement 1,07% des commandes qui sont encore en attente d’être livrées», affirme-t-elle.
Elle ajoute que l’entreprise fêtera ses 15 ans d’existence en mai et que jamais elle n’a connu ce genre de problème avant, soulignant que c’est une situation exceptionnelle qui est «hors de son contrôle».
Dans les semaines précédant l’écriture de cet article, plusieurs clients ont affirmé au Journal être toujours en attente de leur colis.