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Voici ce que cache la vague d’incendies criminels dans le grand Montréal

Nuits de Beyrouth
Photo Laurent Lavoie

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Pizzo, racket, extorsion, on lui donne plusieurs appellations. Cette forme de criminalité revient à menacer des commerçants et des entreprises en leur reflétant une soi-disant protection en échange d’une dîme ou d’une taxe qu’ils devront payer tous les mois. Ceux qui refusent de se soumettre verront leur commerce incendié ou vandalisé. Plusieurs seront même menacés de mort. 

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Le grand Montréal n’échappe pas à cette calamité avec plus d’une cinquantaine de commerces ciblés par des incendiaires depuis le début de l’année. Certains restaurants ou spas ont été visés à plus d’une reprise.

L’extorsion n’a pas comme simple finalité l’argent et sa pérennisation pour un groupe criminel. Elle instaure également son assise dans un territoire ou auprès d’une communauté. Elle leur offre un statut presque d’État dans l’État. Les triades chinoises l’ont fait dans le quartier chinois et la mafia italienne avec la pizzo auprès de la communauté italienne.

Bien souvent, ces communautés sont prises en otage et se sentent abandonnées par l’État auprès de qui elles payent déjà des taxes pour sa protection.

L’impuissance et l’omerta

Cela ne date pas d’hier que des commerçants des communautés libanaises et syriennes se font racketter. Les fautifs sont des cliques mafieuses du Proche et du Moyen-Orient qui sévissent depuis plusieurs années dans le grand Montréal en toute impunité. Elles ont des liens avec plusieurs gangs de rue, les Hells Angels et certains clans de la mafia italienne. D’ailleurs, l’alliance entre certains membres de gangs et de cliques mafieuses libanaises date de l’école secondaire.

Pourquoi si peu d’intérêt? Parce que les incendies criminels, on préfère laisser les pompiers et les assurances s’en occuper. Le projet Mèche? Il était plus que temps! Il a fallu des plaintes répétées des commerçants, victimes d’extorsion, d’incendie criminel, d’agression armée et de menace, pour que ce projet, unissant la police de Laval, le SPVM et la SQ, voie le jour.

Le problème avec l’extorsion, c’est le silence des victimes. La majorité préfère payer et avoir la paix. Plusieurs craignent pour leurs familles restées au Liban et en Syrie. Il faut dire que dans ces pays, les groupes criminels font la loi. Dénoncer devient donc un acte très courageux et nécessaire pour faire cesser ces crimes.

Mais que fait-on pour aider les victimes?

Et les assurances?

Les commerçants qui décident de ne pas céder et contribuer ainsi à changer les choses sont les premiers à tomber sur les champs de bataille. Prenez le restaurant Nuits de Beyrouth. Une institution bien connue des communautés moyen-orientales pour sa nourriture et ses festivités ferme ses portes, certes, à la suite de plusieurs incendies criminels, mais bien plus grâce au «support extraordinaire» de son assureur et du propriétaire du bâtiment qui ont décidé de les laisser tomber. Le pire? Selon les propriétaires du restaurant, aucune réclamation n’aurait été faite à l’assureur.

Le message est clair: «N’essayez pas de résister ou vous fermerez vos portes!»

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