Ce que veut vraiment dire l’excellence en éducation
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Bernard Drainville veut créer un Institut de l’excellence scolaire qui aurait notamment pour vocation de recenser les meilleures méthodes pédagogiques.
Bernard Drainville a raison, quoi qu’en disent certaines figures criardes des «sciences de l’éducation» qui assimilent généralement l’excellence et le mérite à des notions «néolibérales».
Disons-le franchement : les pseudosciences de l’éducation ont contribué à transformer l’école en champ de ruines depuis.
J’ai même tendance à croire qu’elles en sont les principales responsables.
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Leur héritage est catastrophique : sacrifice de la culture générale, remplacement des connaissances par les «compétences», discrédit de la figure du professeur, qui n’est plus considéré comme un maître, mais quasiment comme un ami, intégration forcée dans les classes d’élèves à problèmes, survalorisation des nouvelles technologies qui poussent à l’hyperactivité et dévalorisation de la lecture.
Catastrophe
Et on pourrait poursuivre cette énumération. Il faut donc renouer avec l’excellence.
On le fera d’autant mieux qu’on renouera avec une conception complète de ce qu’est l’excellence, au-delà des seules méthodes pédagogiques.
Ce qui veut dire qu’on renouera d’abord avec la culture générale, autrement dit, avec la littérature, l’histoire, la géographie et la philosophie.
À quoi sert-elle, diront les méfiants ? Elle apprend d’abord à penser par soi-même. Elle forme l’âme.
Mais comme l’a déjà écrit le philosophe Alain Finkielkraut, on ne pense pas par soi-même de soi-même.
Celui qui s’imagine penser par lui-même sans passer par la culture générale se contentera la plupart du temps de répéter les préjugés actuellement dominants, ceux auxquels il faut adhérer pour se faire bien voir en société.
Croyant être lui-même, croyant même être authentique, il se soumettra en fait au plus pesant conformisme.
Inversement, le passage par la culture générale permet de prendre une distance par rapport aux préjugés du présent et de voir que ce que nous tenons pour absolument évident ne l’est peut-être pas.
La culture générale nous rappelle que les évidences d’aujourd’hui étaient considérées comme des absurdités hier. Ce qui veut dire qu’elles pourraient aussi l’être demain.
L’histoire nous apprend la liberté.
La littérature nous apprend que la langue n’est pas qu’une technique de communication, mais un monde dans lequel plonger pour explorer la psyché humaine.
La philosophie nous apprend qu’il existe sur terre plusieurs systèmes de pensée et nous permet de comprendre comment fonctionne l’esprit de ceux qui ne voient pas le monde comme nous.
On y revient: il faut sauver l’école de l’idéologie qui l’a ruinée depuis 25 ans.
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Tradition
Osons le mot: il faut une école moins «moderne», et plus «traditionnelle».
Il faut l’arracher à notre époque qui fonctionne à la domination des écrans, qui s’imagine que la vie se déroule sur les réseaux sociaux, qui produit une information fragmentée où le vrai et le faux deviennent indiscernables, et qui n’offre même plus aux jeunes générations les repères psychiques essentiels pour construire leur identité, ce qui les plonge dans un désarroi identitaire dont les manifestations sont quotidiennes.
En un mot, à l’école, la tradition est le seul avenir valable.
Encore faut-il la redécouvrir.