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Dans les guerres, les femmes et les enfants sont souvent tués indirectement

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Le projet «Costs of War» de l’Université Brown étudie les séquelles des multiples guerres engagées au nom du contre-terrorisme par les Américains à la suite de l’attentat du 11 septembre 2001.

Son plus récent rapport, qui vient d’être publié, porte sur l’impact continu de ces guerres sur la santé des civils, en particulier celle des femmes et des enfants.

Commencé en 2010, «Costs of War» réunit une équipe de plus de 60 universitaires, experts juridiques et médecins. L’Université Brown, parmi les meilleures des États-Unis, est reconnue pour ses programmes en science et en médecine.

L’étude examine les conséquences des guerres en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, en Syrie, au Yémen, en Libye et en Somalie. Le nombre total de morts directes dans ces guerres est de 4,5 à 4,6 millions. Elles ont aussi provoqué environ 3,7 millions de décès indirects, surtout des civils, selon les estimations de l’Université Brown.

Si les hommes sont plus susceptibles de mourir au combat, les femmes et les enfants sont plus souvent tués indirectement. Les personnes qui souffrent d’injustices sociétales en raison de leur pauvreté, de leur race, de leur appartenance ethnique ont un risque de décès plus élevé.

Violence

Les impacts de la violence guerrière sont vastes, complexes et continus. La destruction par la guerre des économies, des services publics, des infrastructures et de l’environnement entraîne des décès qui surviennent longtemps après la fin des hostilités. Et des traumatismes qui perdurent et qui prennent même de l’ampleur avec le temps.

Ce sont les femmes et les enfants qui souffrent le plus des nombreuses conséquences à long terme de ces guerres. En Irak, les viols et les violences sexuelles ont fortement augmenté après l’invasion américaine de 2003 ; une femme irakienne sur cinq a subi des violences physiques ou psychologiques depuis. Les femmes sont plus souvent victimes de violences sexuelles en zone de combat.

La majorité des personnes déplacées par ces guerres sont des enfants (53 % en 2017). Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables, notamment en raison des taux élevés de malnutrition infantile dans les zones de guerre. Au total, plus de 7,6 millions d’enfants de moins de cinq ans dans ces pays souffrent actuellement de malnutrition aiguë.

Un bilan psychologique dévastateur

L’Organisation mondiale de la Santé a estimé en 2017 qu’un Syrien sur cinq souffrait de problèmes de santé mentale. Une enquête menée par Médecins sans frontières auprès de personnes déplacées dans un camp du nord de la Syrie a fait état de niveaux élevés de détresse psychologique : beaucoup avaient été témoins d’atrocités et avaient perdu des membres de leur famille au point où 14,4 % des répondants se sentaient tellement désespérés qu’ils ne voulaient pas continuer à vivre.

Une enquête menée en 2018 auprès de réfugiés syriens, afghans et irakiens a montré que plus de 60 % d’entre eux avaient été traumatisés par des expériences de guerre, notamment d’avoir été témoins de meurtres, de tortures ainsi que de viols et d’autres sévices sexuels contre leur épouse et d’autres membres de leur famille.

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