/finance

Ottawa accusé de retarder l’immigration francophone

Un nouveau rapport met en lumière divers problèmes liés à l’immigration

Valentin Zanetti, 19 ans, étudiant à l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA).
Photo Francis Halin Valentin Zanetti, 19 ans, étudiant à l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA).

Coup d'oeil sur cet article

Dédoublements provincial-fédéral, demandes en français boudées deux fois plus que celles en anglais, délais pour les résidences permanentes... Ottawa continue de retarder l’immigration francophone, si l’on se fie à un rapport publié aujourd’hui.

• À lire aussi: Sondage sur l’immigration: «On est vraiment en phase avec les Québécois», dit Christine Fréchette

• À lire aussi: Le français est la priorité des Québécois en immigration, révèle un sondage Léger-Le Journal

• À lire aussi: [SONDAGE] Cibles d'immigration fixées par Ottawa: les Québécois veulent avoir leur mot à dire

«Plutôt que de travailler dans un supermarché, en France, à placer des petits pois, j’aurais pu être sur le tarmac, au Québec, à brancher des câbles dans les avions», se désole Valentin Zanetti, 19 ans, étudiant à l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA) de Saint-Hubert.

L’histoire de Valentin montre à quel point le Québec peine souvent encore à retenir ses travailleurs francophones.

  • Écoutez Daye Diallo, économiste principal à l’Institut du Québec et coauteur de l’étude sur QUB radio : 

Deux fois plus de refus

Le Québec défavorisé par rapport au reste du pays? C’est en partie ce qui ressort d’une étude de l’Institut du Québec (IDQ) publiée aujourd'hui.

On y apprend que les demandes de permis d’études qui sont rédigées en français sont refusées bien plus souvent que celles en anglais.

«Si, en 2012, les différences à ce chapitre étaient marginales, en 2021 le taux de refus des demandes effectuées en français a crû considérablement et est même aujourd’hui plus de deux fois plus élevé que pour les demandes produites en anglais», note-t-on.

Dans le cas de Valentin, l’étape du permis d’études s’était bien déroulée grâce aux partenariats entre l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA) et l’Université de Bordeaux. C’est après que la bureaucratie a mis fin à son rêve de travailler ici.

Lors d’une journée carrière, Valentin avait pourtant eu le coup de foudre pour une entreprise qui voulait l’embaucher à l'été, mais la porte s’est vite refermée.

«Quand la compagnie a vu que j’avais une adresse en France, elle m'a dit: “Non, c’est trop compliqué pour les étudiants internationaux. Ça serait trop de paperasse administrative”», soupire-t-il.

Or, d'après Laurence Trempe, d'Exeo Avocats, Valentin est peut-être mal tombé.

«Les étudiants étrangers sont une manne d’habitude pour les employeurs», souligne l’avocate.

«Parfois, les compagnies voient cela comme une montagne, alors que les démarches peuvent se faire par des spécialistes», observe aussi Alex Côté, consultant réglementé en immigration au Québec et au Canada.

Pays boudés

Pour avoir un permis d'étudiant international, il faut être inscrit dans un établissement, déclarer sa situation financière et prouver à un agent que l'on va quitter le Canada après l'expiration du visa, rappelle Alex Côté.

«On refuse souvent des permis d'études de personnes de certains pays», résume-t-il.  

Concrètement, cela signifie que dans de nombreux pays africains, le taux de refus atteint les 90%, selon Exeo Avocats.

Parlez-en à Gabrielle Thiboutot, avocate pour la firme, qui fait des pieds et des mains pour tenter de débloquer ses demandes.

«J’ai un étudiant du Bénin qui était accepté à l’Université du Québec en Outaouais, en administration, et qui a dû refaire les démarches au provincial de A à Z en raison des lenteurs d’Ottawa», partage l’avocate. 

«Il a fallu refaire tout le dossier: lettre d’admission, preuves de capacités financières, examen médical de 500 dollars et un nouveau Certificat d’acceptation du Québec de 124 dollars. C’est aberrant», conclut-elle.

Mercredi, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a dit s'être «engagé à mettre en place un système d’immigration équitable et non discriminatoire».

«Toutes les demandes sont examinées de manière objective et cohérente afin d’assurer un traitement juste et équitable à tous les demandeurs», a assuré son porte-parole Remi Lariviere.

«Le montant minimum de fonds qu’une personne doit avoir pour couvrir les frais de subsistance exigés par la province du Québec est plus élevé qu’ailleurs au Canada», a-t-il rappelé.

«Le motif de refus le plus souvent invoqué est que le demandeur n’est pas en mesure de démontrer à l’agent qu’il pourra subvenir à ses besoins pendant son séjour au Canada ou que lui‐même ou sa famille est en mesure de payer pour ses études», a-t-il conclu.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.