Remedios: voici où habitent les Cubains les plus joyeux et les plus sympathiques
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Après avoir visité la ville de Trinidad, sur la côte sud de Cuba, dans la mer des Caraïbes, il faut remonter vers la côte nord, en direction des magnifiques Cayos Santa Maria, dont je vous parlerai prochainement. Sur votre route, il y a une étape qui s’impose : la ville de San Juan de los Remedios. Ce serait la troisième citée fondée par le colonisateur espagnol (1513), après Baracoa et Santiago de Cuba. Plus de 500 ans d’histoire. Son centre historique, déclaré monument national en 1980, témoigne encore aujourd’hui de la présence coloniale espagnole au XVIIe siècle.
Une de ses principales attractions touristiques est très certainement l’église Saint-Jean-Baptiste, inaugurée justement un 24 juin, fête du saint patron. On peut y admirer treize magnifiques autels ornés d’or et son impressionnant plafond, en forme de bateau sculpté dans du bois précieux d’acajou, provenant des forêts de l’île. Aussi une des rares statues de la Vierge Marie enceinte. Chaque année, le 24 juin, anniversaire de naissance de Saint-Jean-Baptiste, et le 29 août, date de sa décapitation, on organise des fêtes populaires. Tous les prétextes sont bons pour se retrouver, piquer une jasette et faire la fête.
Même si la ville de Remedios n’est pas située directement sur la côte atlantique, elle fut l’objet de constantes attaques de pirates et flibustiers, dont le terrible marin Jean-David Nau, surnommé François l’Olonnois ou Olonés, un ex-soldat français qui avait la réputation de dépecer ses prisonniers pour ensuite les manger. Alarmée par le curé de la paroisse, qui alléguait que Satan et ses légions de démons hantaient la ville et s’apprêtaient à la détruire, une partie de la population décida, en 1689, de plier bagages et de s’installer quelques kilomètres plus loin, fondant ainsi la ville de Santa Clara. Afin de protéger l’église des pillages, les villageois qui restèrent sur place décidèrent alors de recouvrir ses dorures de plusieurs couches de peinture. Ce n’est que quelques siècles plus tard, vers 1944, alors qu’on avait entrepris de restaurer l’église, qu’on découvrit ses précieux autels et ses dorures exceptionnelles. Autre curiosité : autour de cette place centrale, on trouve une seconde église catholique, Notre-Dame-du-bon-voyage, et à quelques coins de rue, une réplique de la statue de la Liberté, coiffée d’un bonnet phrygien et armée d’une épée symbolisant la machette des mambis, les combattants de l’Armée de libération de Cuba, au XIXe siècle.
Une autre caractéristique qui fait la réputation de la ville de Remedios, et non la moindre, c’est l’organisation, autour des festivités de Noël — du 16 au 24 décembre —, de grands rassemblements populaires, au cours desquels deux quartiers de la ville, divisés artificiellement en deux parties, le quartier Carmen représenté par un épervier et le quartier San Salvador représenté par un coq, s’affrontent à coups de légendes et de défilés colorés et illuminés par des feux d’artifices artisanaux. Chaque quartier possède son cocktail et son plat typiques.
On y vient en famille de partout, de Cuba mais aussi de l’extérieur du pays, pour assister à ces insolites « combats » ou « parrandas », où l’ingéniosité et les légendes, sortes de chasse-galerie cubaine, rivalisent d’adresse pour mériter la ferveur populaire. Défilent alors autour de la place centrale José Marti, au milieu de fusées et pétards assourdissants, des chars allégoriques illuminés, suivis par la cohorte de leurs supporteurs, pendant que des hauts-parleurs diffusent musiques et récits de légendes susceptibles de vous glacer d’effroi.
À quelques reprises, durant l’année, on peut assister à des pratiques et des exercices de parrandas, question d’alimenter les attentes du public. Chaque camp s’organise dans le plus grand secret, mais à la fin, il n’y a que des gagnants, tout le monde fraternisant, tout en revendiquant sa victoire. Un musée est même consacré à ce joyeux carnaval.
Les habitants de Remedios sont très certainement les Cubains les plus joyeux et sympathiques que j’ai rencontrés. Pendant les parrandas, vous vivrez une expérience inoubliable. Votre agent de voyage pourra très certainement vous réserver une chambre dans les petits hôtels et maisons coloniales autour de la place centrale.