Des travaux de restauration à un pont patrimonial soulèvent des questions
Restauré au coût de 4,4 M$ et fermé pendant 5 ans, l’état du pont couvert Perrault, en Beauce, soulève des questions quelques mois après sa réouverture
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Fermé pendant près de cinq ans et restauré au coût de 4,4 M$, l’état du pont couvert Perrault, à Notre-Dame-des-Pins, en Beauce, soulève des questions quelques mois après sa réouverture au public.
Pour les cyclistes, la surface de roulement demeure identique avec les mêmes vieux tapis de 2018 et les trous entre les planches dans lesquels une roue peut facilement se coincer.
«Je trouve que ça a l’air d’une job à moitié faite», affirme Marilyn Charbonneau, cycliste de la Beauce. Sur les poutres verticales, de nombreux écrous n’étaient pas vissés jusqu’à tout récemment et des cales d’épaisseur (shims), qui servent à combler un vide ou à immobiliser une partie mobile, sont bien visibles à plusieurs endroits.
Il semble qu’en raison de la complexité des travaux, l’entreprise responsable a été forcée de sculpter les poutres de bois pour arriver à ses fins.
Patrimonial
Les approches des deux côtés de la rivière Chaudière restent aussi à terminer avant l’inauguration officielle, prévue bientôt. Les motoneigistes ont été les premiers à réutiliser le pont couvert au cours de l’hiver. Les démarches pour réaliser le chantier ont duré plus de trois ans et les travaux, quelques mois.
Le 1er mai dernier, un citoyen a interpellé les membres du conseil municipal en soulevant des problèmes «inquiétants» au sujet des dernières rénovations. «Ma question était de savoir si tous les paiements ont été faits et si les travaux ont été acceptés», affirme l’individu, qui n’est pas ingénieur.
«Ce n’est pas vraiment rassurant. Même pour un néophyte de la construction», ajoute-t-il.
«Les vieilles structures de bois du patrimoine, il faut faire attention. La réparation a coûté beaucoup plus cher puisqu’il a fallu enlever des morceaux et réparer avec des poutres de bois. Du vieux reste du vieux», a précisé un ingénieur.
Pas d’anomalie
Pour sa part, le maire de Notre-Dame-des-Pins affirme que le chantier n’est pas terminé.
«Pour le moment, ce n’est pas complet. On va d’abord terminer les travaux et on va les faire inspecter. Aucune anomalie ou problème ne m’a été signalé et absolument rien ne dit que les travaux ne sont pas convenables», explique Alain Veilleux.
Le maire précise qu’il ne peut pas s’improviser ingénieur. «À partir du moment où les professionnels me disent que c’est conforme, je n’ai pas les connaissances pour contester. Il fallait garder l’aspect d’un pont centenaire», ajoute-t-il.
Enfin, malheureusement pour les cyclistes, la surface de roulement restera la même.
«Le pavé devrait rester sensiblement comme il est. Le concept était de sécuriser la structure», a conclu M. Veilleux.
En bref
- Le pont Perrault est classé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
- Construit en 1929, il est le plus long du genre au Québec avec 154,5 m.
- L’ouvrage est fermé à la circulation automobile depuis 1969. Seuls les piétons, les cyclistes et les motoneiges sont permis.
- Il s’agit d’une deuxième réfection pour le pont. Une première restauration a été effectuée en 2003.