Combien gagne un chef syndical?
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En cette période où le Front commun des centrales syndicales se dit « indigné » de voir les députés se voter une hausse de salaire de 30 % en vue de rattraper un grand nombre d’années sans augmentation, je crois que ça mérite d’être tiré au clair.
Avec leur actuel salaire de base de 101 561 $, les députés ont l’air gras dur quand les chefs syndicaux martèlent que la « hausse du coût de la vie pèse lourdement sur l’ensemble des 420 000 membres du Front commun, dont le salaire annuel moyen est de 43 916 $ ».
Vu de même, c’est évident que l’écart de salaire entre les députés de l’Assemblée nationale et les employés de la fonction publique et parapublique est immensément grand.
À la place des chefs syndicaux, je me garderais une petite gêne. Il faut savoir que l’écart est encore bien plus grand si on compare le salaire des chefs syndicaux avec celui des employés qu’ils représentent.
À la FTQ, la présidente, Magali Picard, gagne un salaire de 181 000 $ et le secrétaire général, Denis Bolduc, 172 000 $.
Chez la CSN, on me dit que la présidente, Caroline Senneville, gagne 30 % de plus que les derniers échelons des conseillers syndicaux, ce qui porterait son salaire à environ 136 000 $.
Le salaire de ses collègues du comité exécutif de la CSN ? Ce serait autour de 125 000 $, en me basant sur les informations qu’on m’a transmises.
Du côté de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le président, Éric Gingras, a droit à un salaire de 153 659 $. Ses quatre collègues du Conseil exécutif reçoivent 140 298 $ chacun.
À la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec), la présidente, Julie Bouchard, et ses collègues du Comité exécutif bénéficient d’une rémunération moyenne de 150 000 $ par année.
Au SFPQ (Syndicat de la fonction publique et parapublique), on verse un salaire d’environ 118 000 $ au président, Christian Daigle, et de 112 000 $ à la secrétaire générale, Martine Duchesne.
Pour leur part, le président Robert Comeau et les membres du comité exécutif de l’APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux) se partagent une rémunération moyenne de 150 875 $ par personne (incluant contributions au régime de retraite et avantages sociaux).
PITOU ET MINOU
« Ce qui est bon pour pitou doit être bon pour minou. »
C’est ainsi que les porte-parole du Front commun des employés de la fonction publique et parapublique ont apostrophé François Legault et ses caquistes lors de leur récente manifestation pendant le congrès de la CAQ, le 13 mai dernier. Ils ont qualifié les offres du gouvernement Legault de « méprisantes », en se basant sur le fait que le gouvernement caquiste « s’apprête lui-même à rehausser immédiatement de près de 30 % la rémunération des parlementaires », alors que l’offre faite « à ses travailleuses et travailleurs des services publics est dix fois moindre, soit 3 % au 1er avril 2023 ».
Le Front commun se dit « indigné ». Il estime que le gouvernement caquiste a rajouté « une couche d’insultes en présentant un projet de loi afin d’augmenter ses propres salaires ».
En vue de combler plusieurs années de rattrapage salarial, le gouvernement Legault a déposé un projet de loi visant à hausser le salaire de base des députés de 101 561 $ à 131 766 $. Celui des ministres passerait de 177 732 $ à 230 591 $. Et quant au salaire du premier ministre, il grimperait de 208 200 $ à 270 120 $.
Cette hausse est très mal vue.
« Devant les offres insultantes et l’intransigeance du gouvernement aux tables de négociation, nos membres nous ont confié un message très clair : nous appauvrir, pas question ! La dévalorisation des réseaux publics, c’est terminé », ont déclaré les porte-parole du Front commun François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.
Voici ce que le Front commun réclame en vue de résoudre la pénurie de main-d’œuvre dans les services publics. Il revendique :
- une augmentation de 100 $ par semaine pour l’année 2023 ;
- ou selon l’indice des prix à la consommation (IPC) +2 % (selon la formule la plus avantageuse) ;
– l’IPC +3 % pour 2024 ;
– et l’IPC +4 % pour 2025.
En me basant sur les prévisions de l’indice des prix à la consommation (IPC) rapportées dans le Plan budgétaire de mars dernier du ministre des Finances Eric Girard, on parlerait ici d’une demande d’augmentation salariale de 5,6 % en 2023, de 5,2 % en 2024 et de 6,2 % en 2025.
Total de la hausse demandée sur trois ans : 18 % !
- Écoutez l'édito économique de Michel Girard en direct tous les jours 7 h 25 via QUB radio :