Comme le Canadien en 1993
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Avec leurs deux victoires en Caroline et huit d’affilée sur la route, les Panthers de la Floride me font penser de plus en plus à une équipe de destinée, comme le Canadien en 1993.
Au moment où vous lisez ces lignes, les Panthers mènent leur série contre les Hurricanes, ou 3-0, ou 2-1, et on dirait qu’ils savent qu’ils vont gagner. La manière leur importe peu. On se fait refuser un but en première période de prolongation. Pas de problème, on va gagner en quatrième période de prolongation.
Avant le match d’hier, les hommes de Paul Maurice avaient déjà six victoires en autant de matchs de plus de 60 minutes, dont cinq sur la route. Ils se rapprochent du record de dix victoires en prolongation du Canadien de 1993 et ils affichent une confiance inébranlable.
Même leur gardien, Sergei Bobrovsky, semble être dans une zone spéciale. Il n’a jamais affiché la constance d’un Patrick Roy, mais il a retrouvé la forme qu’on attend d’un double gagnant du trophée Vézina. Après quatre saisons plutôt décevantes sous les palmiers, le gardien à dix millions joue depuis le début des séries comme un cerbère à 14 millions. Il joue comme Roy en 1993.
Il a aidé les siens à remonter un déficit de 1-3 contre les Bruins, et depuis, il a été intraitable contre les Leafs et les Hurricanes avec une fiche de 6-1/,953/1,50, en excluant le duel d’hier. Malgré quelques étincelles ici et là, il n’a jamais eu la réputation d’être un gardien de séries. Là il est un candidat au trophée Conn-Smythe.
Autre comparaison avec 1993. On parlait du Canadien comme une équipe Cendrillon à l’époque, mais sa récolte de 102 points en saison régulière n’était pas banale. Cette année, les Panthers se sont qualifiés à la dernière minute pour les séries, mais n’oublions pas qu’ils ont gagné le trophée du président en 2021-22 avec 122 points.
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L’audace de Bill Zito
Les Panthers ne sont pas encore rendus en finale, mais il faut donner beaucoup de crédit au directeur général des Panthers, Bill Zito, pour leur progression. Il a joué d’audace en allant chercher les éléments qui manquaient à son équipe.
Dans un premier temps, il n’a pas eu peur de remplacer l’entraîneur, Andrew Brunette, qui était pourtant en nomination pour le trophée Jack-Adams en 2022. L’expérience de Paul Maurice est un facteur positif.
Et puis, il y a eu l’acquisition de Matthew Tkachuk contre Jonathan Huberdeau. Zito a joué le tout pour le tout en laissant partir son meilleur marqueur, mais il croyait qu’il avait besoin de ce genre de joueur de papier sablé pour gagner, et le leadership de Tkachuk est incontestable.
Bon, ce fut plus difficile pour Huberdeau avec Darryl Sutter à Calgary, mais attendez avant de jeter le Québécois sous l’autobus. Je suis convaincu qu’il va rebondir après une saison d’adaptation et l’arrivée d’un nouvel état-major qui sera dirigé par Craig Conroy, semble-t-il. Ce dernier a tout pour devenir un excellent directeur général.
Ce que Dubas n’a pas fait
En jouant le tout pour le tout dans un gros échange, Zito a fait sa chance, ce que Kyle Dubas n’a pas fait à Toronto et qui lui a coûté son job finalement.
Dubas a tout misé sur l’attaque et ses quatre gros canons, mais il avait des options pour combler ses faiblesses. Il fallait oser.
Imaginez ce qu’il aurait pu obtenir en échangeant Auston Matthews par exemple. Les Torontois auraient pu se renforcer devant le filet et présenter une équipe plus hermétique, plus physique et plus combative; bref, une véritable équipe de séries. On cherche encore le grand leader à Toronto.
– Propos recueillis par Gilles Moffet
Entrefilets
Le CH encore loin
Avant le match d’hier, les Panthers menaient 2-0 contre les Hurricanes, tout comme les Golden Knights contre les Stars. Il y a toutefois deux différences importantes, et la première est évidente. Les Stars espèrent combler le déficit à domicile, contrairement aux Hurricanes qui devront gagner en Floride. La seconde est devant le filet. Malgré son excellent travail, le portier des Knights, Adin Hill, n’a aucune réputation. Les Stars savent qu’ils vont finir par le battre s’ils jouent de la bonne façon. Ça risque d’être plus compliqué pour les Canes contre le vrai Bobrovsky. Tout ça pour dire que si les Golden Knights sont dans une si bonne position avec un gardien moyen, c’est qu’ils ont vraiment une excellente équipe. Ça donne une idée à quel point le Canadien est encore loin de l’élite. En passant, bravo à Jonathan Marchessault qui excelle sous la pression. J’adore ce genre de joueur.
Raanta ou Andersen ?
Je n’étais pas vraiment surpris de voir Antti Raanta devant le filet des Hurricanes lors du deuxième match, et hier soir, c’est Frederik Andersen qui devait être le partant. Ce sont deux gardiens de même niveau et les Canes sont habitués à l’alternance. J’insiste toutefois sur le point que si un entraîneur est pour faire jouer ses deux portiers, aussi bien effectuer le changement tôt dans la série et non pas attendre au 7e match comme l’ont fait les Bruins. Par contre, si l’un te donne la victoire dans le premier match avec une grande performance, il ne faut pas revenir avec l’autre dans le second match comme ce fut le cas du Wild du Minnesota au premier tour contre les Stars.
Québec en liesse
Je tiens à féliciter Patrick Roy, les Remparts de Québec et aussi leurs partisans pour la conquête du trophée Gilles-Courteau. Quand 18 000 personnes assistent à un match de hockey junior, ça démontre à quel point Québec est une ville de hockey et c’est tout un signal à Gary Bettman. J’espère qu’il en prend note. Une participation au tournoi de la coupe Memorial va ramener Roy dans les discussions pour un éventuel poste dans la LNH. Il y en a quelques-uns à combler.