Il faut défendre Bernard Drainville contre ceux qui s’acharnent contre lui
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Depuis quelques années, une bonne partie du commentariat s’est acharnée contre deux ministres : Pierre Fitzgibbon et Simon Jolin-Barrette.
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Le commentariat en voulait à Fitzgibbon pour ses méthodes expéditives. Notre époque rêve de politiciens poussant la transparence « éthique » jusqu’à l’impuissance. Elle rêve de politiciens n’ayant jamais vécu avant d’arriver au pouvoir, et pensant comme des fonctionnaires une fois qu’ils y sont rendus.
Nous sommes dans une époque qui sacrifie l’efficacité politique au culte maniaque de la procédure administrative.
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Politiciens
Quant à Jolin-Barrette, le commentariat lui en voulait d’avoir mené à terme la charte de la laïcité, qui hérisse le poil de la gauche diversitaire, pour qui n’importe quel caprice religieux minoritaire accouche d’un droit fondamental.
Il ne lui pardonnait pas de croire au primat du politique, de ne pas se soumettre au gouvernement des juges, et d’oser même défier les plus arrogants d’entre eux lorsqu’ils s’imaginent que le pouvoir juridique doit devenir le premier pouvoir.
C’est maintenant au tour de Bernard Drainville de subir la foudre des commentateurs, qui s’acharnent contre lui. Il devient le bouc émissaire du gouvernement Legault.
Que lui reprochent-ils ? D’abord, ils ne lui ont jamais pardonné la charte des valeurs, l’ancêtre de la loi 21. Drainville est coupable de « nationalisme identitaire », un péché mortel idéologique, dans un pays, le Canada, où le multiculturalisme est une religion politique obligatoire.
On reproche aussi à Drainville son tempérament. Il est assurément sanguin, bouillant, et se laisse aller de temps en temps, au nom de l’authenticité, à un style démagogique. Il peut aussi dire de grosses bêtises, comme on l’a vu à propos des enseignants, avant de s’excuser.
Mais spontanément, il s’agit surtout d’un homme politique enraciné, qui n’a pas été réformé mentalement par la technocratie, et qui croit qu’un « avis juridique » ou une note de fonctionnaire ne sont pas des documents sacrés, devant lesquels on doit s’agenouiller.
En politique, quand « le droit » interdit une décision politique nécessaire, on modifie le droit. On appelle cela la démocratie. Il n’y a que les partisans intégristes du gouvernement des juges pour s’en indigner.
Ce tempérament peut le desservir, donc, mais il fait surtout sa force.
Trop souvent, aujourd’hui, les politiciens sont des perroquets sans génie qui répètent les lignes de presse rédigées pour eux par des communicants conformistes.
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Enraciné
Ou alors, ils ont tellement peur de mal paraître devant les médias qu’ils se transforment en tapis à la première controverse.
En ce moment, Bernard Drainville ose défier l’establishment des sciences de l’éducation, au nom de l’excellence scolaire et du simple bon sens, qui devrait nous pousser à renouer avec l’humanisme pédagogique. Il faut l’en féliciter.
Ce qui ne veut pas dire que Bernard Drainville soit sans faille.
Il fait semblant de ne plus être souverainiste, alors que tout le monde le sait habité par de profondes convictions indépendantistes. Un homme ne gagne jamais à s’automutiler existentiellement.
Mais nous savons bien aussi que le jour venu, lorsque les circonstances l’exigeront, il renouera avec cette part essentielle qu’il veut nous cacher sans y parvenir.