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La souveraineté est de retour: bonne nouvelle pour Paul St-Pierre Plamondon, mauvaise nouvelle pour François Legault

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L’idée de faire du Québec un pays revient graduellement à l’ordre du jour. Pleinement assumée par le PQ de Paul St-Pierre Plamondon, la souveraineté redevient un sujet politique s’annonçant comme incontournable durant les prochaines années.  

Qu’il s’agisse de l’Initiative du siècle, cette volonté fédérale d’accroître de manière massive les volumes d’immigration au niveau fédéral, des congrès du PQ et du Bloc, des contestations des lois 21 et 96, de la gestion des frontières, des transferts en santé et des relations entre le Québec et le fédéral ou le Québec et les autres provinces, l’indépendance du Québec est souvent présentée comme la solution ultime. 

Si ce phénomène persiste dans le temps, ce qui est fort à parier, cela risque d’ébranler le paysage politique actuel. 

En effet, le clivage souverainisme versus fédéralisme change les paradigmes à partir desquels on analyse la politique et fait, inexorablement, l’affaire de certains plus que d’autres. 

Les potentiels gagnants

Qui gagnerait à déterrer ce débat de société? Tout d’abord, les indépendantistes. 

Évidemment, en parler leur permet d’assumer pleinement leur leitmotiv politique sans détour, sans nuance et sans gants blancs. Plus on en parle, plus ils peuvent affirmer qu’il s’agit d’une option encore possible, envisageable et atteignable. 

Plus on en parle, plus ils assument. Nous sommes loin des tergiversations d’une certaine époque où on parlait d’une gouvernance souverainiste sans spécifier le moment où le fameux référendum serait organisé. 

Les partis souverainistes, particulièrement le Parti Québécois, n’auront plus à chercher à faire oublier la raison même de leur existence, mais plutôt à démontrer que c’est la seule option possible pour les indécis. 

Les libéraux pourraient rapidement reprendre du poil de la bête et tirer leur épingle du jeu. Ils pourraient devenir la seule valeur refuge pour ceux qui rejettent cette idée de se séparer. 

Seul parti ouvertement fédéraliste à l’Assemblée nationale, le PLQ pourrait rapidement rassembler et accroître son influence, sans nécessairement avoir à achever sa longue traversée du désert. 

Un cadeau en or pour une formation politique en décrépitude qui cherche encore à se définir au-delà du fédéralisme, sans trop de succès. 

Les grands perdants

Lorsqu’une question aussi importante que l’avenir d’un pays s’impose, être assis sur la clôture peut devenir très inconfortable. 

La CAQ risque d’être la première victime de ce débat. 

Cette dernière n’étant ni souverainiste ni ouvertement fédéraliste, la notion de nationalisme risque de ne convaincre que peu d’électeurs tout en créant une fissure qui ne peut être colmatée au sein des troupes. 

Comment peut-on exister dans un débat aussi clivant lorsqu’on a, au sein de ses troupes, des souverainistes convaincus aux côtés de fédéralistes assumés? Toute tentative d’avoir une position mènerait vers l’implosion. 

La CAQ de François Legault devra tôt ou tard s’aligner. 

Si ce n’est aujourd’hui, imaginez si la Cour suprême du Canada torpille la loi 21 dans quelques mois ou années! 

Québec solidaire se retrouvera dans la même position inconfortable que celle de la CAQ. 

Officiellement souverainiste, la formation politique est avant tout de gauche, voire d’extrême gauche. 

Les derniers sondages au sein des électeurs de QS nous apprenaient que plus de la moitié de leurs électeurs serait néanmoins contre l’idée de faire du Québec un pays. Un beau casse-tête en vue! 

Chose certaine, les prochains mois seront passionnants. 

La lune de miel de la CAQ avec la population touchant à sa fin, le gouvernement devra statuer sur des questions existentielles pour bien des Québécois. 

La création même de la CAQ se faisait sur le principe que nous en avions marre de discuter de l’avenir du Québec et qu’il fallait une troisième option plus pragmatique et collée à la réalité quotidienne des électeurs. Et si cette prémisse était fausse? 

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