Offensive contre la formation courte pour devenir prof
La voie rapide n’est pas une solution à long terme à la pénurie d’enseignants, affirme un groupe de chercheurs
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La formation courte pour devenir prof continue de créer des remous: une trentaine de professeurs membres du plus important centre de recherche sur la profession enseignante font front commun pour s’opposer à cette voie rapide qui ne représente pas une solution efficace à la pénurie, affirment-ils.
Le développement de formations courtes pour devenir enseignant est l’une des priorités du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.
La TÉLUQ a annoncé récemment la création d’un programme de 30 crédits (l’équivalent d’un an à temps plein) pour des gens ayant déjà un baccalauréat et un contrat dans le réseau scolaire, qui pourrait éventuellement permettre d’obtenir le brevet d’enseignement.
Or cette avenue n’est «vraiment pas» la bonne voie à suivre pour endiguer la pénurie d’enseignants, affirme Mylène Leroux, professeure à l’Université du Québec en Outaouais et membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE), qui cosigne avec plus d’une trentaine de collègues une lettre ouverte à lire ici.
Les formations écourtées dans d’autres secteurs (comme préposé aux bénéficiaires ou éducatrice en service de garde notamment) ont mené à des résultats mitigés, peut-on lire.
Aux États-Unis, les gens qui ont complété des formations «alternatives» pour devenir enseignants sont proportionnellement plus nombreux à quitter le réseau scolaire, ce qui ne fait qu’aggraver la situation à long terme.
- Écoutez l'entrevue avec Mylène Leroux, professeure à l’Université du Québec en Outaouais à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :
«Quand on réduit les formations, on se rend compte que ça ne joue pas nécessairement sur les pénuries, au contraire», affirme Mme Leroux.
Il faut plutôt miser sur des mesures pour mieux intégrer les futurs et nouveaux profs, afin d’inciter ceux qui ont une formation complète en enseignement à rester dans le réseau scolaire, affirme-t-elle.
Il est aussi primordial d’améliorer les conditions de travail des enseignants, ajoute la professeure de l’UQO.
«Quand on demande aux enseignants pourquoi ils décrochent, ils nous parlent de leur charge de travail, du manque de temps, de la lourdeur des évaluations et de la violence, dit-elle. C’est à ça qu’il faut s’attaquer.»