Israël: une improbable et exceptionnelle réussite
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Israël souligne cette année ses 75 ans d’existence.
Le magazine britannique The Economist y consacre un dossier remarquable d’objectivité, dans lequel les critiques justifiées et les inquiétudes sur l’avenir contrebalancent l’admiration devant ses fabuleuses réalisations.
Dangers
On trouvera difficilement un pays dont la réussite fut plus improbable.
David Ben-Gourion proclama la naissance d’Israël le 14 mai 1948, exactement au moment où prenait fin la tutelle britannique décrétée par la Société des Nations, ancêtre de l’actuelle ONU.
Lui et ses proches acceptaient le plan de partage de la Palestine adopté par l’ONU l’année précédente, même s’ils n’héritaient que d’un territoire minuscule et loin de ce qu’ils auraient voulu.
Les Palestiniens refusèrent.
En déclarant l’indépendance, Ben-Gourion savait qu’il provoquerait l’attaque de son pays naissant par sept pays arabes. Il ne recula pas.
- Écoutez la chronique de Joseph Facal au micro de Benoit Dutrizac, disponible en balado sur QUB radio :
La victoire israélienne permit d’agrandir le territoire initial.
Sur cette terre désertique, de sables et de roches, sans ressources naturelles, s’érigea une société devenue une puissance économique, politique, militaire, culturelle et scientifique, incomparablement plus démocratique et avancée, malgré des critiques légitimes, que n’importe quel autre pays du Moyen-Orient.
The Economist rapporte des chiffres hallucinants.
En 1980, le PIB par habitant d’Israël était la moitié de celui de l’Allemagne. Il est aujourd’hui plus élevé de 12 %.
Israël est 11 fois plus riche que l’Égypte, et compte plus de Prix Nobel que la Chine.
On y a construit une société dynamique, compétitive, créatrice, individualiste, mais qui sait s’unir dans les moments cruciaux.
La question palestinienne, perpétuel talon d’Achille d’Israël, blessure toujours ouverte, ne doit pas dissimuler qu’en comparaison, tous les pays arabes environnants sont pauvres, inégalitaires, autocratiques, dirigés par des oligarchies corrompues, sous-développés aux plans éducatif, scientifique et sanitaire.
Jadis, le danger pour Israël venait de ses voisins. Plus maintenant. Ils ont compris.
Le danger prend maintenant trois visages.
Le premier, c’est le poids démographique et politique croissant des religieux ultra-orthodoxes, partenaires indispensables de toute coalition de gouvernement.
Si vous voulez un exemple de la façon dont des extrémistes peuvent faire chanter un gouvernement de coalition, je n’en connais pas de meilleur.
Le second, c’est la radicalisation d’une jeunesse palestinienne qui estime ses horizons bouchés, qui se sent dépossédée des terres sur lesquelles elle a grandi, qui n’attend plus rien des vieux dirigeants palestiniens corrompus, et qui sait qu’elle n’a rien à espérer de la fausse solidarité des régimes arabes voisins, qui ne pensent qu’à leur propre survie.
Le troisième, c’est la perte d’influence dans la région et dans le monde des États-Unis, allié indéfectible d’Israël depuis sa naissance.
Exemple
Les peuples n’échappent pas à leur histoire.
Depuis 1948, Israël va de victoire en victoire. Depuis 1760, le Québec va de défaite en défaite.
Forcément, cela forge des caractères nationaux différents.
Je ne compare pas, mais il m’arrive de penser que si nous nous inspirions davantage de son exemple, au lieu de nous raconter des histoires et de nous inventer des excuses, nous ne serions pas encore à la recherche de nous-mêmes.