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Le Québec qu'on a oublié

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Oui, s’il y a bien un Québec oublié, c’est bien celui de la Basse-Côte-Nord.

Sur ce bout du monde, situé aux extrêmes limites du territoire québécois, s’étendent ces patelins aux noms évocateurs, tels le Sept-Îles de Guy Carbonneau et le Natashquan de Gilles Vigneault.

Mais, en ces lieux, que borde une mer souvent coléreuse, vivent également ces communautés innues qui, à bout de bras, se battent pour préserver leur identité.

Une précieuse genèse

Or, pour se rendre à Blanc-Sablon, là où l’hiver passe l’été, il faut s’embarquer sur le Bella Desgagnés, dernier bateau à briser les glaces et la solitude de ce Québec oublié.

Invité à y donner une conférence sur les bonnes relations qu’entretenaient autrefois la France et les Innus, dont la Grande Alliance allait fonder la Nouvelle-France, un triste constat m’attendait.

Arrivé en ces villages de pêcheurs, on ne peut que constater l’enclave linguistique anglo-saxonne dans lequel vivent aujourd’hui leurs descendants.

Une descendance, certes vigoureuse, mais condamnée à voir ses langues et cultures constamment rongées par cette hégémonie expansive et intraitable cherchant à angliciser toute âme qui vive.

Victimes qu’ils sont, en outre, des fausses représentations d’un nationalisme d’apparat promettant de les aider d’une main pour mieux, de son inaction, les enterrer de l’autre.

Trop conditionnés que sont les Autochtones et les Québécois à l’ignorance mutuelle pour, comme jadis, faire front ensemble face à un pouvoir qui trépigne de les voir pour de bon disparaître.

De l’espoir

Mais, dans cette perspective peu reluisante, subsiste heureusement un espoir. Celui qu’incarnent ces deux familles ukrainiennes récemment accueillies dans le village de Tête-à-la-Baleine.

On ne peut que souhaiter que ces gens déracinés par la guerre sauront, grâce à leur francisation et leur sensibilité, nous comprendre, ainsi que porter un regard plus juste sur leur société d’accueil que ceux qui n’y sont nés que pour lui nuire et l’effacer.

Espérons-le.

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