Martin Lévesque avait déjà verbalisé des «idées homicidaires» à sa psy
Un an plus tard, les thérapeutes qui le suivaient concluaient dans les semaines précédant le meurtre de Patricia Sirois que l’ex-militaire allait bien et s’était stabilisé
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Même s’il a déjà verbalisé des «idées homicidaires» en lien avec la pandémie à sa psychologue, Martin Lévesque allait mieux et avait atteint «le maximum des capacités de réadaptation psychologique» dans les semaines avant le drame, selon ses thérapeutes, un portrait bien loin de celui dressé par l’accusé dans son témoignage.
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C’est une note inscrite à l’un des rapports de sa psychologue qui a permis au jury d’apprendre que Martin Lévesque avait confessé des idées «suicidaires et homicidaires» à sa thérapeute durant la pandémie.
L’homme accusé du meurtre de sa voisine Patricia Sirois a expliqué en contre-interrogatoire jeudi avoir exprimé l’idée de s’en prendre au premier ministre Justin Trudeau à la suite des mesures imposées durant la pandémie. Parlant d’un homme qui avait été arrêté après avoir forcé les grillages extérieurs de Rideau Hall, Martin Lévesque avait évoqué un sinistre plan.
«J’ai dit que si ça avait été moi, je serais rentré là avec un camion blindé rempli d’explosifs et je me serais fait sauter là», a raconté au tribunal l’homme de 50 ans, assurant que ces propos étaient «farfelus» et «pas réalisables».
Or, la psychologue qui le traitait à l’époque trouvait la menace suffisamment sérieuse pour «passer un pacte» avec Lévesque, lui enjoignant de ne pas passer à l’acte.
Portrait différent
Malgré cet incident, les notes d’experts traitant Lévesque présentées par la Couronne jeudi font la démonstration d’une amélioration importante dans l’état général de l’homme dans les semaines précédant le drame qui s’est joué le 10 septembre 2021.
«Nette amélioration», «humeur bonne et stable», «maximum des capacités de réadaptation atteint», «dort bien», «il continue de bien aller», le procureur de la Couronne Matthieu Rochette a tenté de dresser au jury le portrait d’un homme bien différent de l’ex-militaire troublé et hypervigilant, apeuré par la menace de tentatives d’introduction par effraction, qui a témoigné devant eux.
«À la lumière de ces informations, est-ce qu’on peut conclure que vous essayez d’exagérer votre peur devant le jury? D’en mettre plus que nécessaire», l’a questionné directement le procureur.
«Non», s’est contenté de répondre d’une voix faible Martin Lévesque, qui a multiplié les coups d’œil nerveux à son avocat durant le contre-interrogatoire du ministère public.
Contradictions
D’ailleurs, Me Rochette s’est affairé à soulever des contradictions entre les affirmations de Lévesque lors de son interrogatoire policier ou ses rencontres avec les psychiatres experts et la trame de sa défense. Cette dernière est construite autour d’un «black-out» complet qui va de l’avant-midi du 10 septembre jusqu’à sa rencontre avec un enquêteur après le meurtre.
Pourtant, avec l’enquêteur au petit matin du 11 septembre, Lévesque énonce certaines choses qui laissent croire qu’il a des souvenirs. Notamment le fait que les patrouilleurs arrivés sur les lieux prenaient des notes, qu’il a été arrêté dans une autre rue que la sienne et qu’il avait clairement affirmé que ce n’est pas sa conjointe qui avait tiré.
«Mais aujourd’hui vous n’avez plus aucun souvenir», a insisté l’avocat de la couronne. «Est-ce que vous sélectionnez vos souvenirs, M. Lévesque? Est-ce que c’est parce que ce serait mieux que vous ne vous en souveniez pas?»
«Non», a encore une fois rétorqué nerveusement l’accusé, qui a admis avoir possiblement réalisé le soir du meurtre qu’il venait de commettre un geste grave.
«Lors de vos interactions avec les policiers, quand vous dites que vous êtes le coupable, à ce moment-là, vous le savez que vous venez de faire quelque chose de mal», lui a demandé Me Rochette.
«J’imagine que oui», a tout simplement laissé tombé Martin Lévesque.