La haute direction de Glencore accorde moins de 90 secondes aux enjeux de la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda
Le MÉDAC a assisté à l’assemblée des actionnaires en Suisse
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La direction de la multinationale Glencore, réunie vendredi en assemblée générale annuelle, en Suisse, aura finalement balayé, en moins de 90 secondes, les trois questions du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) dans le litigieux dossier de la Fonderie Horne, de Rouyn-Noranda.
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La réponse obtenue en assemblée des actionnaires de la part du président du conseil d’administration de la multinationale, Kalidas Madhavpeddi, fut «aussi brève que laconique» de l’avis du directeur général du MÉDAC, Willie Gagnon, lequel a fait le voyage jusqu’en Suisse spécifiquement pour interpeller les dirigeants de Glencore en personne.
Joint à la sortie de l’assemblée d’une heure trente, dans une salle du majestueux Théâtre Casino de Zoug, capitale du canton suisse du même nom, M. Gagnon tentait du mieux qu’il pouvait de contenir sa frustration. Il résume la réponse obtenue de la direction ainsi: «la société a [déjà] beaucoup diminué sa pollution et une zone tampon sera constituée.»
La réalité et la normalité
«Suis-je déçu? Vous savez, je m’attendais à ça. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils me disent: «on ne fermera jamais l’usine»; non plus qu’ils vont dédommager l’ensemble de la population de Rouyn-Noranda; pas plus qu’ils m’annoncent qu’ils allaient atteindre la norme du 3 nanogrammes cette année.»
Même si ce dernier ne s’attendait à rien de tout cela, une voix intérieure lui laissait quand même l’espérer, confie-t-il. Car tout cela serait éminemment souhaitable, poursuit-il.
«Il serait de fait normal que les gens de Rouyn-Noranda puissent sortir de chez eux sans qu’il y ait de contre-indication. Il serait normal que ceux qui ont été lésés, qui sont morts du cancer ou qui empoisonnent leurs enfants à l’arsenic aient des dédommagements. Et il serait normal que la norme du 3 nanogrammes soit atteinte rapidement [...].»
La langue du pollueur
Une vingtaine de représentants de communautés de plusieurs pays où oeuvre Glencore s’étaient, comme ceux du MÉDAC, déplacés en Suisse pour poser des questions à la direction de Glencore.
Des questions qui ne pouvaient être posées qu’en allemand ou en anglais, en dépit de l’assurance qu’avait obtenue M. Gagnon que les discussions, comme les questions soumises une semaine à l’avance, pourraient se faire en français.
«Ce qu’ils nous avaient dit n’est pas ce qui s’est passé [...] Ils n’ont pas voulu que je finisse mes phrases en français; ils ont exigé que je switch en anglais; et ils ont même coupé mon temps de parole [...] C’est comme ça que ça s’est passé», a relaté le représentant du MÉDAC.
«La santé de la population passe cent fois avant le respect de la langue de ses travailleurs, on s’entend. Mais ça reste insolent de se faire dire que si l’on veut se défendre, il faut que ce soit dans la langue de ceux qui nous polluent. [...] Et là, c’était l’allemand ou bien l’anglais, qui, en Suisse, au contraire du français, n’est pas une langue officielle.»
Du nombre des questions posées par les autres groupes présents, l’immense majorité concernait des enjeux liés à la pollution, aux droits de la personne et aux droits des travailleurs de Glencore.
L’action de Glencore a progressé vendredi de 3,40% à la Bourse de Londres. Depuis le début de l’année toutefois, la valeur de son titre a reculé de 20,92%.
Complément: Les 3 questions du MÉDAC
Question 1:
«Les administrateurs et la direction de la société doivent mettre rapidement fin à cette situation, très nuisible à l’entreprise, y compris pour son image, en investissant toutes les sommes nécessaires à ce que ses opérations cessent de polluer au-delà des normes publiques d’émissions en vigueur pour tous les polluants atmosphériques, y inclus les métaux lourds, notamment la norme 3 ng/m3 pour l’arsenic, et en limitant les intrants hautement contaminés, sans aucun recours à des régimes d’exception. Quand le fera-t-elle?
«Nous sommes d’avis que la société devrait y procéder le plus tôt possible, si ça n’est pas maintenant, et qu’elle n’attende pas 2027, comme le prévoit l’entente récente encadrant le renouvellement des autorisations de l’État.»
Question 2:
«Glencore indemnisera-t-elle les citoyens touchés par la pollution de la fonderie, à commencer par les résidents des zones limitrophes immédiates et secondaires?»
Question 3:
«Glencore cessera-t-elle immédiatement toute menace de fermeture de la fonderie en lien avec cette situation?
«Il en va de l’intérêt direct de la société elle-même et de toutes les parties intéressées, à commencer par les collectivités locales et nationales.»
Source: Le MÉDAC