« On est sous le choc » : les défenseurs du patrimoine pleurent le monastère du Bon-Pasteur
Construit vers 1846, le monastère du Bon-Pasteur était le premier couvent de type « montréalais»
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Les experts du patrimoine sont dévastés à la suite de l’incendie du monastère du Bon-Pasteur, un «lieu spectaculaire» autant par son architecture unique que par sa nouvelle vocation.
«On est sous le choc. C’est un bâtiment très important sur le plan patrimonial, culturel et social», soupire Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal.
L’organisme de défense du patrimoine avait établi ses bureaux dans le sous-sol de la chapelle depuis une vingtaine d’années, un choix loin d’être anodin.
«C’est un lieu symbolique, un bâtiment qui a fait l’objet d’une opération de sauvetage qu’on pourrait qualifier d’avant-gardiste dans les années 1980 et qui pourrait servir de modèle pour d’autres bâtiments», souligne l’architecte de formation.
Un lieu «spectaculaire»
«C’est un lieu tout à fait spectaculaire», abonde Luc Noppen, fondateur de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain et spécialiste du patrimoine religieux.
«C’est le premier grand couvent à Montréal, le premier d’une série que j’appelle de type montréalais. On n’en voit pas à Québec. Vous avez aussi les Sœurs-Grises et l’Hôtel-Dieu de Montréal qui suivent la même formule, en forme de peigne, avec une épine dorsale et des ailes en avant et en arrière, formant un H», explique le professeur à l’Université du Québec à Montréal.
Il confirme que le bâtiment construit vers 1846 est un «modèle de conversion», abritant à la fois des bureaux, des logements pour aînés, une coopérative d’habitation et un centre culturel qui comprend une salle de musique à l’«acoustique exceptionnelle» dans la chapelle.
«C’est une première, d’habitude un promoteur achète un couvent et fait des condos de luxe», souligne celui qui s’intéresse au patrimoine depuis une cinquantaine d’années.
Une restauration qui prendra du temps
Classé historique, le monastère devra être reconstruit et restauré.
«À Paris, on a été en mesure de reconstruire à l’identique Notre-Dame-de-Paris. On espère pouvoir le faire aussi à Montréal», a indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante en point de presse vendredi.
«Ça va prendre au mois cinq ou six ans et ça va coûter cher», prévient toutefois M. Noppen, qui croit que l’architecture d’origine ne pourra pas tout à fait rester intacte.
«Il y avait des espaces qui montraient que ça avait été un couvent. C’est ça qu’on va perdre, ça va nécessairement porter un peu plus la signature de notre époque», dit-il.
Avec l'Agence QMI