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Plus de 2 M$ de fonds publics pour la conférence C2 Montréal

Le gouvernement Legault a augmenté sa contribution à l’événement

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Les contribuables ont déboursé plus de 2 M$ pour assurer la tenue de la conférence C2 Montréal, dont le prix d’entrée s’élève à 795$ par jour. 

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Le ministère de l’Économie a versé 750 000$ à l’événement alors que le ministère des Affaires municipales a apporté une contribution de 500 000$. Le gouvernement fédéral, par l’entremise de Développement économique Canada pour les régions du Québec, a allongé 750 000$ tandis que la Ville de Montréal a fait un chèque de 250 000$. La Caisse de dépôt et placement du Québec a quant à elle donné 50 500$.

Les contributions gouvernementales représentent environ 25% du budget total de l’édition 2023 de C2 Montréal, lequel s’élève à environ 9 M$.

C2, qui a organisé sa première conférence dans la métropole québécoise en 2012, se veut le «Davos de la créativité». Il en coûte 795$ (plus taxes et frais) par jour pour assister à l’édition 2023, qui se termine vendredi, ou 1795$ pour les trois jours de l’événement.

Un skateboarder et une avocate de divorce

Une centaine de conférenciers ont pris part à C2 cette année, dont le skateboarder Tony Hawk, l’avocate américaine Laura Wasser, spécialisée dans les divorces de célébrités, et le professeur québécois Yoshua Bengio, pionnier de l’intelligence artificielle. Plus de 5000 personnes doivent participer à l’événement.

La conférence est organisée par un organisme à but lucratif associé au géant japonais Hakuhodo, propriétaire de l’agence de publicité montréalaise Sid Lee. 

Le gouvernement du Québec a augmenté significativement ses subventions à C2 Montréal au cours des dernières années. De 1 M$ en 2019, celles-ci sont passées à 1,3 M$ en 2020, à 1,1 M$ en 2021 et à 1,75 M$ en 2022. Elles sont redescendues à 1,25 M$ cette année. C2 aura droit à la même somme l’an prochain et en 2025, à moins que Québec ne décrète de nouveaux versements.

En 2020, en 2021 et en 2022, l’organisation a eu droit à des subventions additionnelles de 330 000$, 110 000 $ et 750 000$, respectivement, en sus des subventions de base de 1 M$ du gouvernement québécois. Les trois conférences tenues pendant ces années ont été retardées en raison de la pandémie (les éditions 2020 et 2021 étaient en mode virtuel).

Retombées précises inconnues

«Les activités d’affaires générées par la participation des entreprises à C2 Montréal entraînent des retombées de plus de 500 millions $ au Québec», soutient-on sur le site de l’événement. 

«C’est un chiffre prépandémique», précise Jacques-André Dupont, président exécutif du conseil d’administration de C2.

«C’est très difficile de calculer l’impact d’un événement comme le nôtre, soutient-il. [...] Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a beaucoup de business qui se fait à C2, cette année.»

Pour son édition 2017, C2 avait évoqué des retombées économiques de 167,5 M$. L’étude du cabinet comptable PwC qui en était arrivée à ce chiffre avait été critiquée parce qu’elle incluait la valeur des contrats signés par les entreprises québécoises dans la foulée de rencontres faites à C2.

Philippe Barla, professeur au Département d'économique de l'Université Laval.
Photo tirée du site de l'Université Laval
Philippe Barla, professeur au Département d'économique de l'Université Laval.

«Si on cherche vraiment à connaître l’impact de cette conférence, il faudrait s’assurer que les effets qu’on prend en compte sont vraiment additionnels. C’est-à-dire: est-ce que les contrats auraient été signés quand même, que la conférence ait lieu ou pas? Et est-ce qu’ils ne font pas que déplacer de l’activité, puisque nous sommes en plein emploi au Québec?» affirme Philippe Barla, professeur d’économie à l’Université Laval.

On peut même s’interroger, selon celui-ci, sur la pertinence de tenir en présentiel un événement comme C2 Montréal.

«Ces débats-là et ces présentations sur la créativité, eh bien, maintenant, tout ça se trouve sur le web, généralement. Donc, est-ce qu’on a besoin de déplacer le monde? Je pense qu’il y a une valeur ajoutée à la rencontre, mais elle n’est peut-être plus la même qu’il y a 10 ans», souligne M. Barla. 

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