Crise du logement: une prof de Toronto plaque tout pour vivre décemment à Montréal
La Torontoise d'adoption préfère tout plaquer et recommencer sa vie, n'étant pas capable de se loger décemment
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Une professeure de Toronto plaque amis et travail pour recommencer sa vie à zéro à Montréal, étant incapable de se loger décemment dans la Ville Reine.
«La seule chose que je veux, c’est trouver un appartement correct sans cafards! Mais c’est impossible à trouver aujourd’hui à Toronto pour moins de 1800$», s’insurge Fadia Nacef, 36 ans, qui a reçu Le Journal dans son modeste appartement qu’elle occupe depuis six ans.
Dans son petit 2 1/2, la professeure et administratrice à la Toronto School of Management, qui gagne environ 3000$ par mois, vit avec des cafards et des souris pour colocataires, en plus de la moisissure dans sa salle de bain.
«J’ai des problèmes respiratoires maintenant à cause ça, et les propriétaires ne font plus rien même si je paie 1200$ pour ça», déplore-t-elle en regardant sa fenêtre qu’elle ne ferme jamais pour que l’air circule continuellement.
Dans son immeuble, certains appartements similaires au sien sont dorénavant loués pour plus de 1700$ par mois.
«À mon avis, ils attendent juste que je parte pour doubler le prix de mon loyer», pense-t-elle assise dans son salon, qui lui sert aussi de chambre et de bureau.
1800$ et rien
L’été dernier, elle a été forcée de vivre plusieurs jours dans sa voiture ou sur le canapé de ses amis pour fuir les infestations de cafards.
Même en cherchant des logements à des prix allant jusqu’à 1800$, une somme qui, déjà, équivaut à plus de 65% de son salaire, impossible de trouver un logement qui répond à ses besoins, soit avec une chambre fermée et n’étant pas trop loin de son lieu de travail.
«Pour trouver des logements moins chers, il faut habiter loin. Mais quand tu habites loin, tu fais face à deux choix: soit tu prends ta voiture tous les jours pour travailler à Toronto et tu vis dans les embouteillages, soit tu prends les transports et tu dois faire des heures de trajet», explique-t-elle.
Surtout que la fin de semaine, certains transports sont inexistants, ajoute-t-elle.
«Est-ce que c’est normal de travailler à temps plein et de ne pas être capable de se loger parce que les loyers sont trop élevés? Il faut que les gouvernements fassent quelque chose!» s’agace celle qui a quitté son Algérie natale il y a 11 ans.
- Écoutez le bulletin de nouvelles avec Alexandre Moranville, entre autres au sujet du prix des logements, au micro de Mario Dumont via QUB radio :
Un choix à faire
Face à la situation, Fadia Nacef a décidé de tout plaquer et de venir s’installer à Montréal.
«J’ai trouvé un appartement où je vais avoir une chambre fermée. C’est un endroit propre, loin de la moisissure et des cafards», dit-elle avec soulagement.
C’est donc à LaSalle qu’elle posera ses valises d’ici quelques semaines, dans un appartement plus grand et mieux entretenu, mais qui lui coûtera le même prix que celui qu’elle quitte à Toronto.
«Je quitte tout ici, à contrecœur quand même, parce que j’aime Toronto et mon travail. Mais je ne peux pas continuer à vivre comme ça», laisse-t-elle tomber.
«Le problème, c’est que tout est cher ici. Les appartements, les taxes, la nourriture. On est obligé de faire des sacrifices sur la nourriture. Avant, je pouvais manger ce que je voulais, mais maintenant, je dois choisir entre des tomates, des oignons et des produits laitiers», déplore-t-elle.