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Crise du logement: ils adoptent la «van life» pour ne pas payer des milliers de dollars de loyer

Au lieu de payer un loyer qui engloutit leur revenu, ils vivent par choix dans leur véhicule motorisé

Vancouver voiture
Photo Clara Loiseau


Dégoûtés par le prix des loyers mirobolants de Vancouver, plusieurs font le choix de vivre dans une camionnette ou un van, question de conserver leur argent et ainsi profiter davantage de la vie.

«J’aurais pu essayer de me trouver un appartement, mais je n’ai pas envie que toute ma pension et mon argent aillent là-dedans. Ici, j’ai tout ce dont j’ai besoin», explique Brian Whittingham, rencontré dans son VR qu’il a garé sur un stationnement de Vancouver.

Pour l’homme de 71 ans, qui a principalement vécu de petits emplois, sa vie en véhicule motorisé a commencé lorsqu’il a été évincé de son logement en 1986. Vancouver organisait alors l’Expo 86 et son immeuble a été détruit pour construire une tour, affirme celui qui vit sur une pension de moins de 1300$ par mois.

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Photo Clara Loiseau

Il vit depuis presque aussi longtemps dans son vieux Slumber Queen Toyota, qu’il gare principalement à la plage Spanish Banks qui lui offre une belle vue sur le centre-ville de Vancouver.

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Économies

Comme lui, Derek MacDonald, 53 ans, a fait le choix de vivre dans son véhicule pour profiter de la vie plutôt que mettre ses économies dans un logement.

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Photo Clara Loiseau

Ce quinquagénaire, qui travaille à temps partiel au golf comme barman, arrive généralement autour de 17h30 sur le stationnement et tente d’esquiver les contraventions au passage des constables (voir autre texte).

«Je pourrais travailler plus, mais je ne veux pas travailler juste pour payer mon appartement», explique l'homme originaire de Calgary qui vit dans sa fourgonnette depuis près d’un an.

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Chaque mois, sa vie dans son van Roadtrek 190 lui coûte environ 1000$, estime-t-il.

«C’est beaucoup moins cher qu’un appartement à Vancouver», ajoute-t-il, en expliquant prendre ses douches dans son gym et profiter des lieux publics comme les librairies pour télécharger ses films et ses séries.

De plus en plus

Et ils sont loin d’être les seuls. Dans plusieurs coins de la métropole de la Colombie-Britannique ou dans les banlieues proches, souvent loin des regards, on peut croiser des camionnettes aménagées ou des camping-cars dans lesquels des citoyens ont élu domicile.

«Il y a de plus en plus de gens qui font ça. Ici, je vois un peu de tout: des gens qui choisissent de vivre en van, d’autres qui font ça pour économiser de l’argent pour s’acheter de quoi, d’autres qui n’ont pas le choix», explique M. Whittingham en regardant ses voisins se garer aux alentours.

À voir les prix du marché aujourd’hui, le septuagénaire se doute bien qu’il ne pourra sûrement jamais quitter sa maison sur roue.

«Les prix sont complètement fous... Ce n’est plus possible de se loger», laisse-t-il tomber.

Pas toujours facile de vivre dans son VR 

Les gens qui vivent dans leur véhicule subissent une angoisse quasi quotidienne en raison des acrobaties qu’ils sont forcés d'effectuer pour éviter les contraventions ou réussir à s’organiser pour vivre sans dépasser leur budget.

«On est toujours prêts à démarrer et à partir au quart de tour au cas où les rangers arrivent et veulent nous mettre des contraventions. Parfois ils nous laissent tranquilles, parfois ils sont plus embêtants», soutient Derek MacDonald, 53 ans.

Chaque soir, lorsque la plage Spanish Banks se vide des badauds venus profiter de l’air frais du Pacifique, il ne reste plus que des dizaines de personnes qui vivent dans leur véhicule motorisé ou leur voiture sur les stationnements qui longent la baie de Vancouver.

Interdit la nuit

Mais les stationnements ferment à 22h, heure à laquelle les gardes commencent à faire leur ronde pour demander à tout le monde de partir. Car à Vancouver, il est interdit de stationner un gros véhicule dans la rue ou les stationnements de parc entre 22h et 6h du matin. Les voitures aussi sont visées par l’interdiction dans les stationnements.

Vancouver voiture
Photo Clara Loiseau

«En ce moment, j’ai de la chance, je me suis tellement plaint qu’ils ne viennent plus m’embêter. Trouver une place où passer la nuit à cette heure-là, ça peut être stressant! Certains gardes sont de vrais tyrans qui ne comprennent pas qu’on n'ait nulle part où aller», déplore Brian Whittingham, 71 ans, qui vit depuis plus de 30 ans dans son véhicule motorisé.

Arriver au milieu de la nuit

Alors pour s’éviter la crainte de se faire demander de partir ou de recevoir une contravention, la plupart de ceux qui vivent dans leur véhicule arrivent après le passage des gardes.

«Ils veulent s’éviter une amende qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer. Pour la plupart des gens ici, chaque sou compte», soutient M. MacDonald. 

Mais ce qui inquiète surtout, c’est qu’au 1er avril, les stationnements de la plage Spanish Banks deviennent payants.

«Je n’aurai pas le choix de partir ou de payer des centaines de dollars pour rester. Je ne sais pas où je vais pouvoir aller», s’inquiète-t-il.







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