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Une réelle source d’inspiration

Patrick Campeau
Photo fournie par Patrick Campeau La photo a été prise en 1990 à la pourvoirie Homamo.

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Il est important de profiter de la vie. Après tout, comme le disait si bien Marcel Proust, « Vaut mieux vivre ses rêves que de rêver sa vie ». 

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Marcel Buist, Réjean Charbonneau, Léopold Dubé, Denis Girard, Robert Goyer, Jean-Pierre Tanguay, Yves Cadieux et Laval Brassard étaient tous professeurs à l’école secondaire Cavelier-De LaSalle en 1977. Pompés à bloc et fort enthousiastes à l’idée de participer à une excursion de pêche, ils se sont rendus à la pourvoirie John Good en avion. Une solide amitié s’est alors tissée au sein du groupe de pêche les Beavers. Ils étaient loin de se douter que 45 ans plus tard, ils en seraient à leur 45e expédition annuelle d’affilée.

Fondement

« Le respect et l’humour ont toujours été à la base de nos aventures et de nos relations », expliquent les pêcheurs rencontrés lors d’un déjeuner. « Les destinations choisies devaient être abordables pour tous et les dépenses équitables et divisées par le groupe. Nos 18 premiers voyages ont été faits par hydravion. Initialement, nous étions huit, mais deux des nôtres sont malheureusement décédés. Au fil du temps nous avons visité plusieurs pourvoiries de la Rive-Nord du Saint-Laurent, incluant l’île d’Anticosti et les rivières Kapsawi et Roggan de la Baie-James », précisent ceux qui consomment religieusement leurs captures à chaque souper, lorsqu’ils sont ensemble.

J’ai rencontré plusieurs groupes de passionnés au cours de ma carrière, mais je n’ai jamais entendu parler d’une bande qui a perduré aussi longtemps. Je vous présente aujourd’hui ces six adeptes fort attachants. Voici un condensé de leurs propos.

La photo a été immortalisée plus récemment, au même endroit. On y reconnaît, dans l’ordre habituel, Marcel Buist, Denis Girard, Jean-Pierre Tanguay, Robert Goyer, Léopold Dubé et Réjean Charbonneau.
Photo fournie par Patrick Campeau
La photo a été immortalisée plus récemment, au même endroit. On y reconnaît, dans l’ordre habituel, Marcel Buist, Denis Girard, Jean-Pierre Tanguay, Robert Goyer, Léopold Dubé et Réjean Charbonneau.

Le marcheur

Marcel Buist de La Prairie, 79 ans, est un randonneur assidu. Il a entre autres franchi les 3540 km de l’Appalachian Trail et il a atteint le camp de base de l’Everest, au Népal. « C’est mon premier voyage à la Baie-James qui a été le prélude à une série de belles découvertes telles que le milieu de vie des guides de la Nation crie. Des pêches exceptionnelles en rivières et en lacs étaient au rendez-vous. Mes partenaires et moi provenions tous du même milieu de travail et chacun s’est investi généreusement dans l’organisation de nos expéditions et dans le partage des tâches. Mon plus gros poisson de tous les temps, une belle mouchetée de 6,25 livres, fut déjoué avec une mouche Muddler de couleur grise, au Némiskau », confie M. Buist.

Le sportif 

Réjean Charbonneau de Montréal, 73 ans, est le bébé du groupe et le seul célibataire. Il est maître instructeur en ski de fond et un cycliste accompli. « Lorsque tu as besoin d’évasion, un groupe comme le nôtre est très thérapeutique. On se permet de déconner, de rire à volonté et de se sentir en totale liberté. C’est une occasion privilégiée et de grande camaraderie. L’anecdote qui m’a le plus marqué a été l’euphorie de retourner 30 ans plus tard sur une rivière poissonneuse, de faire une pêche de rêve, et de voir mes deux compagnons baiser le c.. d’la vieille. Moment agréable parmi tous ceux vécus. Mes voyages à la Baie-James étaient mes préférés, car c’était de la pure aventure et c’est ça que j’aime », lance M. Charbonneau.

Du bon pied

Léopold Dubé de Côte-Sainte-Catherine, 77 ans, n’a pas les deux pieds dans la même bottine. Ce dernier l’a appris à ses dépens, rendu dans le Grand Nord, quand il a réalisé qu’il avait acheté deux bottes du même pied. « Ma plus grosse mouchetée à vie pesait 4 lb. Elle provenait des eaux du Clauparo. Mon voyage préféré, et pour lequel je garde les meilleurs souvenirs, c’est certes celui à la Baie-James au cours duquel nous sommes débarqués sur des banquises au large de la rivière Kapsawi en compagnie de nos guides. Quels moments mémorables ! La principale raison de la durée exceptionnelle de notre groupe est, à mon avis, le fait que chacun de nous accepte les autres tels qu’ils sont », explique M. Dubé.  

L’organisateur

Denis Girard de L’Île-des-Sœurs, 82 ans, est celui qui voit à la logistique ainsi qu’aux statistiques. « Nos six voyages en bateaux-maisons au réservoir Gouin de même que nos quatre excursions à la Baie-James ont été pour moi des souvenirs inoubliables. Les premiers pour une expérience de pêche extraordinaire et les seconds pour avoir vécu un dépaysement et une qualité de pêche sans pareille. Certains de nous se connaissent depuis le milieu des années 1960, les autres depuis les années 1970. Nous étions tous enseignants dans la même école. Nous étions de bons amis et les voyages de pêche sont venus souder cette amitié qui dure toujours », affirme celui qui a à son actif une truite mouchetée de 4 1⁄2 lb.

Le responsable

Robert Goyer de Blainville, 77 ans, est le gardien des limites de prises et des quotas. « Je suis un pêcheur très ordinaire, mais qui obtient des résultats extraordinaires grâce à un leurre sous-estimé, la fameuse Bob-It. Mon plus beau souvenir provient de la pourvoirie Homamo où j’ai eu la chance de prendre une truite indigène de 4 1⁄2 lb que nous avons dégustée le soir même. Cet exploit m’a valu le très grand respect de mes partenaires. Je me souviens de mon premier voyage, dans les monts Valin où, après un portage, j’ai, par maladresse et sans m’en rendre compte, échappé plusieurs truites que mon ami Jean-Pierre, qui me suivait, a gentiment ramassées sans dire un mot pour me les remettre rendus au camp », confie M. Goyer avec un grand sourire.

Le grand moucheur

Jean-Pierre Tanguay de Beaconsfield, 82 ans, est considéré comme le cuisinier en chef et l’ingénieur des bois capable d’installer, en camping sauvage, une bécosse digne d’un 5 étoiles. « Je suis très fier d’avoir été l’initiateur de ce groupe de pêche qui, à l’origine, comptait huit membres. Si le gang tient encore, c’est parce que ma recette secrète de truite plumée est la meilleure au monde ! Une anecdote que j’aime raconter est celle où j’avais fait croire à Denis que je venais d’échapper sa truite de 4 1⁄2 lb en voulant la nettoyer pendant qu’il était parti chercher sa caméra pour la prendre en photo. Denis avait bien mordu à ma blague », relate le détenteur du record du groupe pour une mouchetée de 8,25 lb. 

Comme l’écrit si bien Denis Girard, « Pour le temps qu’il nous reste, espérons que nous aurons encore plusieurs autres de ces bons moments. Pour le temps qu’il nous reste, espérons que la santé de nous tous sera au rendez-vous. Pour le temps qu’il nous reste, que de souvenirs nous aurons à partager. »


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