Il provoque un accident en voulant éviter des canards: il porte sa sentence en appel après avoir écopé de huit mois de prison
JOLIETTE | Abasourdi de se voir condamné à purger huit mois de prison, l’automobiliste qui a provoqué la mort d’un motocycliste de 19 ans en tentant de protéger des canards qui traversaient la route en a aussitôt appelé de sa sentence, lundi.
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«Je suis extrêmement surpris et déçu», a laissé tomber à sa sortie de la salle de cour Me Richard Dubé, qui défend Éric Rondeau, lundi matin, au palais de justice de Joliette.
«Les huit mois d’emprisonnement me jettent par terre, alors nous sommes en appel du verdict et de la sentence», a-t-il poursuivi, quelques instants après le prononcé de la peine.
En plus de son incarcération, son client devra respecter une interdiction de conduire pour les trois prochaines années.
En janvier dernier, un jury a reconnu l’homme de 48 ans coupable de conduite dangereuse ayant causé la mort de Félix-Antoine Gagné, le 22 juillet 2019.
Ce jour-là, le jeune motocycliste est entré en collision avec le véhicule de Rondeau sur la route 345, à Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière. Le père de famille venait de bifurquer dans la voie inverse, dans une courbe, pour éviter de frapper une cane et six canetons.
«Il s’agit d’une personne sensée qui commet une grave erreur de jugement dans des circonstances particulières», a affirmé le juge Marc-André Blanchard, qui a qualifié son geste de comportement «téméraire et irréfléchi».
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Conséquences graves
Le tribunal devait se questionner à savoir s’il « punissait] sévèrement le contrevenant, vu la gravité de la conséquence de son geste», ou s’il devait «[l’absoudre] presque entièrement au regard de sa culpabilité morale minimale».
«Le tribunal convient que les conséquences du crime s’avèrent on ne peut plus graves, en l’occurrence la mort d’un jeune homme. Il s’agit là d’un drame bouleversant pour la famille et même pour la société dans son ensemble», a soupesé le magistrat.
Présentes hier, les familles nombreuses, tant de la victime que de l’accusé, ont eu des réactions diamétralement opposées en écoutant attentivement le magistrat.
Si, d’un côté, la tristesse et la déception se sont fait ressentir chez les proches de Rondeau, qui l’ont soutenu tout au long des procédures, c’était plutôt des soupirs et des cris de soulagement qui se sont fait entendre dans l’entourage du jeune Félix-Antoine.
«C’est un soulagement. Le processus judiciaire crée des attentes. Ça apporte beaucoup de réponses à la famille», a commenté Me Alexandre Dubois, procureur de la Couronne.
Sitôt incarcéré, sitôt libéré
La poursuite s’est d’ailleurs dite «très satisfaite» de la décision rendue par le tribunal, elle qui réclamait huit mois de détention et une interdiction de conduire de 5 ans.
La défense avait plutôt suggéré une peine de six mois de sursis et une restriction de conduire de 2 ans.
«Je pense que le message est clair. Il s’agissait d’un crime, et ça méritait de la détention, a poursuivi Me Dubois. Le juge a su peser l’ensemble des circonstances pour rendre une peine proportionnelle.»
Dès lundi après-midi, Rondeau, qui n’avait aucun antécédent, a demandé d’être libéré en attendant que sa cause soit entendue à la cour d’appel. Cette requête lui a été accordée, a confirmé son avocat.