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«Homicide involontaire» de Rebekah Harry: «Elle ne méritait pas ça» témoigne son père en larmes

L'accusé Brandon McIntyre devrait écoper de 14 ans de pénitencier



Deux ans après la mort de sa fille battue à mort par un conjoint violent, le père de Rebekah Harry reste inconsolable et continue de revivre le jour fatidique où son «petit bébé» est décédée, a-t-il témoigné à la cour tandis que celui qui a commis cet «homicide involontaire» devrait écoper de 14 ans d’incarcération.

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«Elle ne méritait pas ça. Elle était défigurée par les blessures, dans le coma. J’étais perdu, je priais pour qu’elle revienne, pour un miracle, qu’elle ressuscite. Mais il n’y en a pas eu. J’ai perdu quelque chose en moi ce jour-là, et ce sentiment perdure encore aujourd’hui. Personne ne peut comprendre cette douleur sans l’avoir vécue. Tous les jours, je pense à elle, je l’aimais tellement...», a témoigné en pleurs Ian Harry, ce mardi au palais de justice de Montréal.

Photo tirée de Facebook

Assis dans le box des accusés, Brandon McIntyre, un colosse de 34 ans, a gardé la tête basse en écoutant ce vibrant témoignage en mémoire de Rebekah Harry, une «femme forte, combattante, qui a tout fait pour essayer de survivre».

C’est que le 20 mars 2021, il avait tué sa conjointe de 29 ans en s’acharnant sur elle, sous les yeux d’une ex-conjointe qui se trouvait sur place.

  • Écoutez le segment judiciaire avec Nicole Gibeault diffusé chaque jour en direct 11 h 10 via QUB radio :

«[La victime] ne se défendait pas, elle essayait juste de se protéger », avait lancé la jeune femme, que l’on ne peut identifier sur ordre de la cour, lors d’une audience en décembre 2021.

McIntyre avait lancé la jeune femme contre une bassinette et s’était mis à la cogner au visage et à lui piétiner les côtes, alors qu’elle tentait tant bien que mal de se protéger en position fœtale.

«Elle lui dit: “[...] bébé s’il te plaît arrête. Pourquoi tu fais ça? Arrête, s’il te plaît”», a raconté l’ex-conjointe de McIntyre, ajoutant s’être fait repousser quand elle a tenté d’intervenir.

Brandon Mcintyre, coupable d’homicide involontaire pour avoir battu sa conjointe Rebekah Harry, 29 ans, le samedi 20 mars 2021 à LaSalle. Elle est décédée trois jours plus tard. PHOTO FACEBOOK Photo tirée de Facebook

«Traumatisant »

Le 911 a finalement été appelé, mais le violent batteur de femme a exigé que son ex mente en prétendant que Mme Harry avait été battue par une autre personne.

Mme Harry est décédée peu après, des suites de ses blessures.

«L’événement a été difficile, traumatisant, pour les proches de Mme Harry», a souligné Me Jasmine Guillaume de la Couronne.

Pour des proches de la victime, ce féminicide leur a rappelé que la violence conjugale pouvait avoir des conséquences tragiques, d’autant plus que l’enfant de la victime a perdu sa mère.

«Dès le jeune âge, tout le monde devrait être éduqué sur cet enjeu », a écrit un proche dans une lettre où il promet qu’elle ne sera pas morte en vain.

La mère de Mme Harry, Yolande Frenette, a quant à elle encensé sa fille «toujours joyeuse, qui voulait toujours aider».

«Son visage magnifique me manque tellement, il n’avait pas le droit de lui prendre la vie», a-t-elle dit.

Ses propos ont été repris par Rachelle Tremblay, une amie proche de la victime qui « ne comprend pas cette injustice».

La famille de Rebekah Harry lors du retour en cours de l’accusé Brandon McIntyre concernant le 7e féminicide de l’année, au Palais de Justice de Montréal, à Montréal, mercredi le 21 avril 2021. Sur cette photo: Sarah-Lisa Harry (soeur), Ian Harry (père) et Teddy Harry (frère). JOEL LEMAY/AGENCE QMI Photo Agence QMI, Joël Lemay

Accusation réduite

Or, si McIntyre était d’abord accusé de meurtre non prémédité, il a finalement eu l’accord de la Couronne pour plaider coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire.

«Dans le cas présent, la preuve démontrait que monsieur avait certainement l’intention de causer des lésions à madame, mais pas l’intention de causer la mort», avait expliqué Me Guillaume afin d’expliquer les raisons de l’accusation réduite.

Sauf que pour le père de la victime, si McIntyre allait un jour sortir de prison, lui, ne pourra jamais revoir sa fille.

«Ça lui brise le cœur», a souligné la procureure.

Les proches de Rebekah Harry, dont son père, à gauche, étaient nombreux au palais de justice de Montréal, mardi, pour la sentence de Brandon McIntyre, coupable d’avoir tué la femme de 29 ans. Photo Agence QMI, Joël Lemay

L’audience se poursuit. Une dizaine de proches devraient s’adresser à la cour. Me Guillaume et Me Kaven Morasse de la défense, qui officie avec Me Victoria Nix, ont présenté une suggestion commune de 14 ans d’incarcération au juge Marc-André Blanchard. Si l’accusation de meurtre avait été retenue et qu’il avait été reconnu coupable, il aurait automatiquement écopé de la prison à vie.

«Nous sommes conscients que ça ne ramènera pas la vie chère [de la victime] à ses proches», a souligné la Couronne.

Touchants témoignages

« Personne ne peut comprendre cette douleur sans l’avoir vécue. Tous les jours, je pense à elle, je l’aimais tellement... »

– Ian Harry, père de Rebekah Harry

« Comment une si belle femme peut mourir de façon si violente ? Il l’a tuée, il nous a pris notre petite sœur. »

– Natasha Frenette, sœur de Rebekah

«Aucun mot ne pourra apaiser mon âme, sa présence me manque... »

– Teddy Frenette, frère de Rebekah

« J’ai perdu une partie de mon cœur. Le temps guérit bien des choses, mais pas ça. Elle avait un sourire si contagieux... La voir avec son fils, c’était voir c’est quoi l’amour véritable. »

– Chantal Frenette, sœur de Rebekah

« À ce moment [quand la famille a appris que la victime n’allait pas survivre], la vie de mes parents s’est aussi arrêtée. »

– Sarah-Lisa Harry, sœur de Rebekah

« Je me sens brisée, détruite, perdre “Becky” a été la chose la plus difficile de ma vie. Mais je dois rester forte pour son fils. »

– Ruth Harry, sœur de Rebekah

« Il a volé sa vie, c’est injuste... C’est injuste qu’elle ne soit plus là, je ne vais jamais comprendre. »

– Rachelle Tremblay, amie de Rebekah

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