Tant que les Hells Angels payent leurs taxes, il n’y a rien là!
Mourani

Le week-end dernier, plusieurs membres des Hells Angels et de leurs clubs-écoles se sont réunis à Frampton en Beauce pour fêter le 35e anniversaire du chapitre de Québec et par la même occasion, pour discuter des affaires et adouber les nouveaux.
Ce genre de parade, qui réunit à la grand-messe policiers et criminels, fait maintenant partie du paysage québécois. D’ailleurs, l’écosystème criminel est une machine vivante qui se nourrit de ces interactions. Que ce soient les arrestations policières, les purges internes, les fusillades, tout est matière à le transformer.
Dans le milieu criminel, il est de notoriété que la police peut contribuer à l’élimination d’adversaires et renforcer le pouvoir de certains groupes. Il suffit de passer le mot aux informateurs. Tout est une question d’équilibre. Voyez cela comme une partie d’échecs où il n’existe aucune possibilité de faire échec et mat.
Cependant, il n’y a rien de pire dans une société que ceux qui jouent aux autruches. Comme le disait Einstein: «Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent sans rien faire.»
- Écoutez la chronique de Maria Mourani via QUB radio :
Un maire complaisant?
Que les Hells Angels paradent et fassent des meetings, impressionnant et intimidant avec leurs motos et leurs patchs, soit, mais que le maire n’y voit aucun inconvénient et accepte leur présence sur son territoire, c’est vraiment un retour à la case départ.
Selon M. Audet, maire de Frampton, tant que les Hells payent leurs taxes et ne dérangent personne dans sa municipalité, le reste de leurs actions perpétrées ailleurs au Québec semble constituer le cadet de ses soucis. Il préfère encaisser les taxes et se mettre la tête dans le sable, même si les Dark Souls, un club-école constitué de dealers de drogue et d’hommes de main des Hells, ont pignon sur rue à Frampton.
Que dire? Banalisation et peur? Y a-t-il d’autres motifs?
Bonifier la loi anti-bunker
En 1997, la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme a été modifiée afin de permettre aux municipalités de se débarrasser des bunkers et des locaux des motards. Celles-ci peuvent alors utiliser l’article 118 de la Loi pour adopter un règlement faisant obstruction à la présence de bunker sur son territoire. Plusieurs municipalités l’ont utilisé pour fermer ou contrer l’installation de locaux des Hells Angels et de leurs clubs-écoles. Qu’attend le maire de Frampton?
Il est vrai qu’il est plus complexe d’émettre une réglementation selon 118, puisque les Hells tendent de plus en plus à contourner cette disposition de la Loi en ne construisant plus de fortifications ou d’éléments de protection autour de leurs locaux. Bien évidemment, ils n’en ont plus besoin, puisqu’ils ne sont plus en guerre et savent pertinemment qu’il est préférable d’opérer en sous-marin.
Il devient donc évident que cette Loi a besoin d’une cure de jeunesse. Que diriez-vous d’y inclure une disposition interdisant à tout groupe criminel d’ouvrir un local avec ou sans fortification?