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Le film d’horreur des CHSLD



«J’ai l’impression de vivre dans un film d’horreur». C’est ce que m’a dit hier la scénariste québécoise Marie Vien. 

Celle qui a pondu les scénarios des films Arlette, La passion d’Augustine, 14 jours 12 nuits, vit en ce moment un cauchemar éveillé. Ou plutôt sa sœur Dominique, 67 ans, en phase terminale d’Alzheimer précoce, vit un film d’horreur dans un CHSLD... non climatisé.

Oui vous avez bien lu: en 2023, au Québec, en pleine canicule, Dominique Vien n’a même pas le droit à un ventilateur, à de la climatisation ou à une douche fraîche.

LE MODÈLE QUÉBÉCOIS?

Si Marie Vien écrivait cette histoire dans un de ces scénarios, les producteurs lui diraient: «Voyons, Marie, tu exagères, c’est une caricature! Personne ne va croire qu’on traite les personnes malades ainsi dans notre beau Québec!» 

Mercredi, Marie s’est rendue au chevet de sa sœur au CHSLD Vigi Reine-Elizabeth à Montréal. Elle a trouvé Dominique en couches, dans son lit. Marie a pris une photo du thermostat. Il faisait 30 degrés dans la chambre. Par contre le bureau de la directrice, lui, est climatisé.

Hier à QUB radio, Marie Vien m’a raconté le parcours kafkaïen qu’elle a dû traverser pour obtenir des soins de base pour sa sœur qui est en fin de vie. 

Dominique Vien Photo fournie par la famille

Quand elle a demandé ce qu’on avait fait pour rafraîchir les résidents, Marie Vien s’est fait répondre que le service des loisirs était passé donner de la crème glacée! 

Quand elle a demandé pourquoi on n’avait pas donné de douche à sa sœur, elle s’est fait répondre que ce n’était «pas sa journée». 

Selon l’horaire bureaucratique des soins, Dominique n’avait pas droit ce jour-là à une douche. Même si le Québec est en canicule. Même s’il fait 30 degrés dans sa chambre. 

Quand les fonctionnaires, dans leurs bureaux climatisés à Québec, vous disent qu’une pièce par CHSLD est climatisée pour que les résidents aillent y trouver de la fraîcheur, pensez à Dominique : elle ne peut pas quitter sa chambre. Elle est trop mal en point. Prisonnière de sa chambre surchauffée. 

C’est comme ça qu’on traite les personnes vulnérables au Québec en 2023.

En novembre 2021, j’avais interviewé Marie Vien à QUB radio. Elle m’avait raconté un autre scandale. Le CHSLD avait installé du contreplqué pour bloquer le bas de la porte de sa sœur, pour empêcher les résidents de sortir.

«Elle est confinée à cette chambre depuis plus de 10 jours et elle en a pour plusieurs jours encore, m’avait confié Marie Vien. 

Elle mange seule, le matin, le midi, le soir. Elle est lavée à la bassine, elle n’a pas le droit d’aller à la douche. On ne lui lave pas les cheveux, c’est moi qui lui ai lavé les cheveux dans un évier. Sa santé et sa mémoire ont complètement périclité.»

UN TRAITEMENT INHUMAIN

Cela fait maintenant deux ans que Marie se bat pour que la chambre de sa sœur (et des autres résidents) soit climatisée.

À bout de nerfs, Marie est allée au Canadian Tire hier pour acheter, avec son propre argent, des unités de climatisation portables pour apporter un peu de fraîcheur à sa sœur.

Vous imaginez si vous alliez au cinéma et que voyiez cette scène à l’écran? Vous n’en croiriez pas vos yeux. 

Mais au moins, vous seriez dans une salle... climatisée. 







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