Le PLQ doit prendre son mal en patience
Je me suis beaucoup amusé à lire les comptes-rendus du conseil général du PLQ à Victoriaville.
Depuis leur déroute aux élections d’octobre dernier, les libéraux stagnent au fond d’un trou noir politique avec autour de 14% des intentions de vote, dont seulement 6% chez les francophones.
Même si de grands nationalistes se sont succédé à sa tête depuis 20 ans – des hommes de la trempe de Jean Charest et de Philippe Couillard – la majorité francophone fait la sourde oreille à ses appels au secours, aussi pathétiques que loufoques.
L’ex-journaliste André Pratte, qui mène un comité de relance du PLQ, a rejeté du revers de la main l’analyse d’un militant qui déplorait que le parti soit devenu «une succursale provinciale» du Parti libéral du Canada. Avec un humour pince-sans-rire qu’on ne lui connaissait pas, l’ancien sénateur nommé par Justin Trudeau a répliqué «Moi, personnellement, je trouve que les preuves ne sont pas là du tout». Elle est bien bonne!
- Écoutez la chronique de Normand Lester via QUB radio :
Les nationalistes du PLQ
Une «passionaria» nationaliste québécoise, Michelle Setlakwe, la députée de «Mount-Royal», un château fort nationaliste s’il en est un, s’est risqué à un appel à tout va: «Je suis une personne bilingue. Je veux qu’on défende les intérêts du Québec au sein d’un Canada.» Wouah! On ne s’attendait vraiment pas à ça.
«Être nationaliste au PLQ, c’est comme être un péquiste dans D’Arcy-McGee», a affirmé un autre libéral. Mais qu’est-ce qu’il fait donc dans ce parti essentiellement voué à la défense et à la promotion des intérêts et des privilèges de la minorité anglophone et des groupes apparentés? Pour moi, se dire nationaliste et militer au PLQ relève de la stupidité ou l’hypocrisie. D’ailleurs, ces quelques voix dissidentes ont vite été étouffées par un chorus d’ardents fédéralistes qui ont chanté une ode passionnée à la défense de l’unité nationale canadienne. Un libéral a même appelé le Québec à céder la gestion de santé au fédéral.
Comme l’a dit le militant Pierre Bouillon du fond de son cœur: «On est fiers d’être Canadiens, faut le dire tous les jours, nous sommes un parti qui est résolument canadien». La réalité est que le PLQ est un parti «proudly and unconditionally Canadian». Un point, c’est tout.
La combinaison gagnante du PLQ
Je me délecte du désarroi actuel des libéraux dont l’orthodoxie fédéraliste a donné naissance – par rejet – à la fois au PQ, à l’ADQ et à la CAQ. Ce vote francophone divisé leur a permis dans le passé de prendre le pouvoir en associant à leur base anglo-ethnique – où grouille une clique mafieuse – un ramassis d’affairistes, d’opportunistes et de magouilleurs francophones.
Malgré les turpitudes libérales exposées dans le détail dans les audiences publiques et dans les rapports des commissions Charbonneau, Bastarache et Gomery, les Anglais du Québec et groupes assimilés ont continué à voter massivement pour des candidats libéraux «full patch», membres en règle du gang de lascars dénoncé par les juges. La réalité est que de Westmount à Saint-Léonard, de Hampstead à Pointe-Claire, on est disposé à élire le premier rouge venu pourvu qu’il soit un fédéraliste pur et dur.
Le PLQ est tellement vomi par la majorité francophone que les candidats-vedettes qu’ils recrutent exigent des comtés non francophones de crainte d’être battus. Rappelez-vous, ce fut déjà le cas de Trudeau père dans «Mout-Royal».
L’argent, les anglophones et les allophones. C’est la combinaison Triple-A qui permet au Parti libéral du Québec d’exister. Le truc, c’est de ne pas déplaire à sa clientèle et à ses commanditaires tout en jetant de la poudre aux yeux à la majorité francophone. Ça ne marche pas très bien depuis un certain temps.
Cette donnée fondamentale de l’appui massif et inconditionnel des non-francophones pour le PLQ ne va pas changer. Les libéraux n’ont qu’à prendre leur mal en patience: attendre que l’immigration et la démographie fassent leur œuvre.