Condamné pour avoir heurté un jeune garçon, un ex-policier donne maintenant des conférences à la SQ
Le contrat pourrait lui rapporter jusqu'à 52 000$
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La Sûreté du Québec a embauché comme conférencier l'un de ses ex-policiers, emprisonné en 2021 pour avoir causé la mort d’un jeune garçon lors d’une filature à 130 km/h.
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Notre Bureau d’enquête a appris que Patrick Ouellet a décroché un contrat de 52 000 $ pour offrir des conférences aux jeunes recrues de la Sûreté du Québec.
Jusqu’à présent, il n’a donné qu’une seule conférence, soit le 31 mai dernier. Il a obtenu quelque 2500 $ pour sa présentation d’environ 45 minutes, un montant qui doit fluctuer en fonction du nombre de recrues qu’il rencontre.
En février 2014, Ouellet a causé la mort du jeune Nicholas Thorne-Belance, 5 ans, alors qu’il tentait de rattraper le sujet de sa filature. Deux secondes avant la collision entre les deux véhicules, Ouellet conduisait à plus de 130 km/h dans un quartier résidentiel de Longueuil, où la vitesse maximale permise est de 50 km/h. Ni les gyrophares ni la sirène de son véhicule n’étaient enclenchés.
Une idée de la SQ
C’est la Sûreté du Québec qui a initié le contact avec M. Ouellet, jugeant qu’il ferait un bon candidat pour sensibiliser les jeunes agents aux risques liés à la conduite dangereuse.
«[La conférence] permet de sensibiliser les recrues à l’effet que chaque policier est imputable de ses gestes», a notamment expliqué la lieutenante Ann Mathieu, porte-parole à la Sûreté du Québec.
La SQ ne voit pas de problème à embaucher l'un de ses anciens camarades, malgré son casier judiciaire.
«Chaque personne avec qui la Sûreté entre en relations d’affaires fait préalablement l’objet d’une enquête de sécurité. Si la personne possède un dossier criminel, l’organisation évalue le lien entre les infractions commises et les fonctions relatives au contrat offert, afin d’assurer une saine gestion du risque», a indiqué la lieutenante Mathieu.
La SQ n’a pas cru bon de consulter les parents de la victime au moment d’offrir le contrat.
«Ce n’est pas à moi de juger [la décision de la SQ]», s’est contenté de dire le père de Nicholas, Mike Jude Belance, lorsqu’informé par notre Bureau d’enquête.
- Écoutez la chronique Crime et Société avec Félix Séguin au micro de Richard Martineau via QUB radio :
Comportement criminel
Au moment de la collision fatale en 2014, Ouellet participait à une filature dans le cadre d’une enquête de l’UPAC sur le financement du Parti libéral du Québec.
Ouellet a été reconnu coupable en 2018 de conduite dangereuse causant la mort. Il a porté sa cause en appel, mais la cour a confirmé la décision du juge de première instance.
Ouellet a écopé d’une peine de huit mois de prison en 2021, mais il a obtenu une libération conditionnelle après n’avoir passé qu’une quarantaine de jours derrière les barreaux.