C'est le temps de se serrer la ceinture plus que jamais
Girard

Si la Banque du Canada continue d’augmenter son taux directeur, c’est parce que l’économie canadienne tourne trop rondement à son goût ! À la suite de la hausse de mercredi, on s’attend à une autre augmentation de 25 points de base le mois prochain, ce qui porterait le taux de notre banque centrale à 5 %.
Mais qu’en est-il des craintes de tomber en récession que les économistes brandissaient il y a à peine quelques mois ? Elles semblent disparues. Mais restons aux aguets. Et voici pourquoi.
Personne ou presque n’avait prédit que les taux directeurs des banques centrales allaient totalement s’effondrer à presque 0 % lors des pires moments de la pandémie de COVID-19. Et depuis la fin des principales mesures sanitaires, en mars 2022, personne ou presque n’a prédit que les banques centrales allaient multiplier à un rythme aussi effréné les hausses de taux.
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard au micro de Philippe-Vincent Foisy, tous les jours sur les ondes de QUB radio :
Qui plus est, malgré la très forte augmentation des taux directeurs en l’espace d’à peine 15 mois, les banques centrales n’ont pas encore réussi à mater les pressions inflationnistes.
Si l’ensemble de l’économie continue de croître à bon rythme et que l’inflation persiste, c’est parce qu’une autre large portion des ménages continue, elle, de ne pas trop lésiner sur la dépense malgré les fortes hausses de prix et la flambée des taux d’intérêt.
Pendant ce temps-là, par contre, les ménages les moins fortunés tirent le diable par la queue et s’endettent de plus en plus lourdement. Ce sont eux qui se privent de plus en plus du strict nécessaire pour survivre.
Mis à part évidemment les 10 % de bien nantis, le reste de la population va malheureusement finir par subir de lourdes conséquences financières. Ça ne se peut pas que les prix et les taux aient tant augmenté sans que cela se répercute sur le portefeuille de la majorité des ménages.
- La chronique économique de Michel Girard au micro de Philippe-Vincent Foisy, tous les jours sur les ondes de QUB radio :
Les hypothèques
Les taux hypothécaires affichés par les institutions bancaires ont explosé en l’espace d’à peine 15 mois.
Par tranche de 100 000 $ d’hypothèque amortie sur 25 ans, voici la hausse du paiement mensuel que l’augmentation de taux a entraînée pour les trois termes les plus populaires.
- Le terme de un an est passé de 2,79 % à 6,94 %, faisant ainsi bondir le paiement mensuel à 696,72 $, en hausse de 233,66 $ (+ 2804 $ par année)
- Le terme hypothécaire de trois ans a vu son taux grimper de 3,49 % à 6,40 %. Le paiement mensuel a ainsi bondi à 663,77 $, soit 165,03 $ de plus (+ 1980 $ par an).
- Le terme de cinq ans affiche un taux de 6,49 %, comparativement à 4,79 % en mars 2022. Le paiement mensuel atteint maintenant 669,72 $, un bond de quelque 100 $ (+ 1200 $ sur un an).
Les autres emprunts
Quelle que soit la catégorie, tous les emprunts coûtent aujourd’hui énormément plus cher.
Il suffit de regarder l’évolution du taux préférentiel pour se rendre compte de l’ampleur des « dommages » que la hausse dramatique des taux a causés.
Le taux préférentiel correspond au taux d’intérêt qu’imposent les banques commerciales à leurs clientes et clients d’affaires les plus solvables. Le taux préférentiel sert également de taux de référence à partir duquel on négocie les divers prêts à taux variable et fixe.
Le taux préférentiel s’élève aujourd’hui à 6,95 %, par rapport à seulement 2,45 % en mars 2022. Cela laisse ainsi présager que les taux sur les divers emprunts personnels et d’entreprise ont explosé d’au moins 4,5 points de pourcentage.
Emprunter de l’argent de sa caisse ou de sa banque aujourd’hui peut nous coûter de 11 à 15 % en frais d’intérêt. Bien sûr, c’est moins élevé que les 21 % ou plus qu’on charge sur les soldes de cartes de crédit ou sur les montants à découvert générés par nos cartes de débit sur les comptes de banque.
Conseil : il faut rembourser au plus sacrant ses soldes de cartes de crédit et ses découverts de comptes bancaires.
Automobile
Vous voulez changer d’automobile ? Sachez que le temps du financement automobile à très faible taux d’intérêt est révolu.
Acheter ou louer un véhicule neuf coûte maintenant de 7 à 10 % en taux d’intérêt chez les concessionnaires automobiles.
Conseils
- Si ce n’est pas déjà fait, il serait temps de faire un budget en fonction de ses moyens et surtout, de le respecter.
- Compte tenu de la flambée des taux hypothécaires, les ménages devant renégocier leur hypothèque devraient privilégier le court terme, question de se donner la chance de profiter de l’éventuel retour à la baisse des taux !
- Sortez votre calculette et effectuez tous les calculs requis en vue d’établir à combien va s’élever la facture finale de la voiture que vous convoitez. Et demandez-vous si vous en avez les moyens et s’il est vraiment urgent de changer de voiture cette année.
L’augmentation des taux d’intérêt fait (aussi) des heureux
La flambée du taux directeur de la Banque du Canada ne fait pas que de malheureux emprunteurs.
Elle fait aussi des heureux.
Épargnants gagnants
Et j’ai nommé les épargnants dont les comptes bancaires regorgent de liquidités.
Après avoir légèrement reculé lors des derniers mois, le rendement d’intérêt offert sur la panoplie de CPG (certificats de placement garanti) et de placements d’épargne à terme disponibles dans les institutions bancaires a repris son ascension.
Les plus généreuses
Les institutions bancaires les plus généreuses sont les suivantes :
- CPG d’un an : Banque Laurentienne (5,12 %) ; Peoples Trust (5,10 %) ; Tangerine (5,10 %), Banque EQ (5,10 %).
- CPG de trois ans : Equitable Bank (4,95 %) ; HomeEquity Bank (4,94 %); CDN Western Bank (4,92 %); ICICI Bank (4,90 %) ; Banque Laurentienne (4,75 %).
- CPG de cinq ans : Canadian Tire Bank (4,68 %) ; Equitable Bank (4,70 %) ; CDN Western Bank (4,68 %); HomeEquity Bank (4,71 %); Banque Laurentienne (4,62 %) ; Banque EQ (4,65 %).
Les plus chiches
Pour leur part, les grandes banques canadiennes se montrent moins généreuses avec des rendements respectifs de 4,55 % sur les CPG de un an, de 4 % sur les trois ans et de 3,95 % sur les cinq ans.
Chez Desjardins, on offre 4,5 % pour l’épargne à terme de un an et 3,85 % pour les trois et cinq ans.
Un rappel utile...
Conseil : sachez qu’il est généralement possible d’obtenir des grandes banques et de Desjardins un rendement légèrement bonifié.
Comment ?
En leur rappelant l’ensemble des affaires bancaires que vous y brassez !
Malheureusement, Épargne Placements Québec se montre plutôt radin de ce temps-ci, avec à peine un rendement de 4,25 % pour l’obligation à taux fixe d’un an et de seulement 3,85 % pour les termes de trois ans et de cinq ans.