Les bulletins des élus: la pire session de François Legault
La session de travaux parlementaires ayant pris fin hier, voici les bulletins des élus de l’Assemblée nationale qui se sont démarqués, sur une note maximale de 10.
Gouvernement
COALITION AVENIR QUÉBEC
Christian Dubé, ministre de la Santé
Il a mis en marche une ambitieuse réforme avec détermination, en restant ouvert à la discussion pour atteindre les objectifs. Le ministre a le respect des acteurs du réseau. Il doit tenir bon et éviter de trop céder en cherchant des accords avec les médecins. Il faudra des résultats dans ce mandat.
- Note : 8,5
Christine Fréchette, ministre de l’Immigration
Elle maîtrise déjà bien le complexe dossier de l’Immigration. Elle a réussi à présenter un plan tenant compte des enjeux économiques et de la langue, ainsi que des intentions variables de François Legault. Puis, elle avait raison, la venue de Joe Biden a permis de régler le chemin Roxham.
- Note : 8,5
Eric Girard, ministre des Finances
Le solide ministre des Finances n’a pas grand-chose à se reprocher depuis son entrée en poste. Son dernier budget aurait pu cibler davantage les plus faibles revenus, mais juillet approche à grands pas, et les Québécois profiteront d’un peu plus de leur argent pour faire face à l’inflation.
- Note : 8
François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique
Il semble à son meilleur en temps de crise. Empathique, il est prompt à se rendre sur les lieux, que ce soit lors d’inondation, de feux de forêt, ou pour soutenir ceux qui en ont besoin. Son projet de loi sur la police facilitera la recherche des personnes disparues, tout en prévoyant des formations continues.
- Note : 8
Jean Boulet, ministre du Travail
Son projet de loi encadrant le travail des enfants a été adopté à l’unanimité. Le ministre a suivi les recommandations du comité des partenaires du marché du travail et n’a pas cédé, malgré le lobby des détaillants et des restaurateurs qui voulait continuer de faire travailler les moins de 14 ans.
- Note : 8
Jean-François Roberge, ministre de la Langue française
À l’aise dans ses fonctions nationalistes. Il a commencé en disant lancer un grand chantier pour la langue. Publicité efficace pour contrer les anglicismes, et intervention pour que les éléments de la charte québécoise se retrouvent dans la loi fédérale. Pour le reste, on attend son plan à l’automne.
- Note : 7,5
Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor
Elle a travaillé dans l’ombre, plongée dans la négo du secteur public. On compte énormément sur elle pour rendre plus attrayants les métiers d’infirmière, de psychologue et d’enseignant. Ses forums de discussion n’ont pas fonctionné, mais on jugera les résultats à l’automne.
- Note : 7
Benoit Charette, ministre de l’Environnement
Sa loi augmentant les redevances sur l’eau est un bon coup. Alors qu’il a identifié graduellement les mesures pour atteindre les objectifs de réduction de GES, la démarche est plus crédible. Ombre au tableau : il se dit forcé de repousser encore l’élargissement de la consigne pour le verre et le plastique jusqu’en 2025.
- Note : 7
Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice
Il se dirigeait vers une note plus élevée, avec l’impact de ses tribunaux spécialisés, l’entente pour l’ajout de juges, la réforme du droit de la famille, puis la loi pour le droit à la réparation. Mais nommer un ami proche au poste de juge, sans en aviser le Conseil des ministres, c’était une bourde.
- Note : 7
- Écoutez l'entrevue avec Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
Caroline Proulx, ministre du Tourisme
Elle a agi avec rapidité et fermeté pour éliminer les annonces non réglementaires sur les plateformes comme Airbnb. Mais son intervention pour empêcher un événement pro-vie au Centre des congrès soulève des questions sur la façon de traiter la liberté d’expression à l’avenir.
- Note : 7
Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales
Elle a fait adopter rapidement sa loi sur l’aménagement et l’urbanisme, qui nécessitait d’être dépoussiérée. À l’origine d’une campagne de pub contre l’intimidation, alors que plusieurs élus municipaux ont fait l’objet de menaces. Elle est de plus en plus à l’aise dans ses fonctions et n’a pas vraiment fait face à l’adversité.
- Note : 7
Bernard Drainville, ministre de l’Éducation
Session en deux temps. Il s’est emporté contre Marwah Rizqy, a dit qu’on ne pouvait comparer le travail de prof à celui de député, et la volte-face sur le troisième lien lui fait mal. Par contre, sa réforme à-la-Dubé et son plan pour améliorer le français à l’école peuvent le remettre en selle.
- Note : 6,5
Geneviève Guilbault, ministre des Transports
Elle a redressé la barque à la SAAQ, alors que l’implantation ratée de SAAQclic causait partout des files de citoyens en colère. Elle a ensuite enterré le troisième lien routier avec des justifications cousues de fil blanc. Puis, elle a presque jeté le blâme sur les automobilistes à la suite de bouchons à Montréal.
- Note : 6,5
Ian Lafrenière, ministre des Relations avec les Premières Nations
Il a mis du temps à livrer des engagements. La loi sur la sécurisation culturelle a finalement été présentée vendredi en fin de session. Pas d’entente pour le traité Petapan avec les Innus, malgré la date avancée de mars dernier ; mais les partenaires restent confiants.
- Note : 6,5
Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie
La filière batterie progresse avec le projet de 600 M$ GM-POSCO. Michael Sabia est une bonne prise pour diriger Hydro. À Québec, il n’a pas réussi à faire bouger le Mont Ste-Anne. S’est attaqué inutilement au Journal et a fait fi d’une mise en garde de la commissaire à l’éthique.
- Note : 6
François Legault, premier ministre
Échec de la négo avec Ottawa sur les transferts en santé. Volte-face sur l’engagement phare du troisième lien. Recul sur la création de places en maternelles 4 ans. Justification farfelue de la hausse de salaire des élus. Il a toujours la sympathie des Québécois et demeure présent lors des crises, mais devra redresser la barre.
- Note : 5,5
Sonia Bélanger, ministre déléguée à la Santé
Tout juste avant d’adopter la loi sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir, elle a révélé que les gens atteints d’Alzheimer devraient attendre encore deux ans avant de faire une demande anticipée. Elle a erronément affirmé que les ratios d’employés étaient les mêmes dans les CHSLD et les maisons des aînés.
- Note : 4
Éric Caire, ministre de la Cybersécurité
Une session à oublier pour celui qui s’est lavé les mains des problèmes d’implantation de son identification gouvernementale avec SAAQclic. Des joueurs importants ont quitté son équipe à la Cybersécurité. Il s’était mis la tête sur le billot avec la promesse du troisième lien Québec-Lévis.
- Note : 3
Opposition
PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC
Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent
Elle formule des demandes d’accès à l’information et fait ses recherches. Joueuse étoile, elle est brillante, acharnée et éloquente. Elle s’est fait prendre toutefois en critiquant la permission d’enseigner aux titulaires d’un simple cinquième secondaire... qui a été accordée par les libéraux en 2018.
- Note : 8,5
Monsef Derraji, député de Nelligan
Il plaide pour que les résidents temporaires soient pris en compte dans la planification de l’immigration. Dans un PLQ en déroute, ça faisait du bien d’entendre un libéral dire que le Québec ne peut se contenter d’être un «béni oui-oui» face à Ottawa.
- Note : 7,5
Michelle Setlakwe, députée de Mont-Royal–Outremont
Elle pourrait avoir un peu plus de mordant, mais a une prestance naturelle. Elle a fait sourire au Salon bleu en relevant l’utilisation de la version gratuite d’un logiciel ayant causé des problèmes pour la prise de rendez-vous avec un médecin en ligne. Elle est suave dans ses confrontations avec le ministre du Numérique.
- Note : 7
Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec
Il a aiguisé son sens de la formule comme chef d’opposition intérimaire. Ses tergiversations sur certaines positions du parti maintiennent un flou. Son attaque contre le commissaire à la langue française était injustifiée.
- Note : 6,5
Jennifer Maccarone, députée de Westmount–Saint-Louis
Elle a dû s’excuser après avoir accusé la CAQ de manquer d’humanisme pour ne pas avoir soutenu la nomination d’Amira Elghawaby, émissaire fédérale contre le racisme. Elle souhaitait que l’on change le mot «femme» pour «personne porteuse» dans le Code civil.
- Note : 4
QUÉBEC SOLIDAIRE
Vincent Marissal, député de Rosemont
Toujours efficace et mesuré. C’est à son initiative qu’une commission parlementaire a été tenue sur les initiations dans le hockey junior majeur. Travail constructif dans le cadre de la réforme Dubé, notamment à l’égard de la mission intégrale des CLSC.
- Note : 8
Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire
Une session qui ne passera pas à l’histoire pour le co-porte-parole de QS, malgré ses habiletés naturelles. Il a raison sur le fond concernant la hausse de salaire des élus, mais certains de ses députés ont refusé de le suivre pour la remise complète de la somme supplémentaire qui sera reçue.
- Note : 7
Sol Zanetti, député de Jean-Lesage
Il n’a pas commis de véritable faux pas, mais il a semblé disparaître pendant la session. Censé être un porte-voix des souverainistes au sein de QS, il s’est montré peu convaincant sur les façons de remettre le projet dans les priorités du parti.
- Note : 5,5
PARTI QUÉBÉCOIS
Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois
Il marque des points en confrontant la CAQ à ses échecs devant le fédéral. Démarche pour obtenir les documents sur le financement du Non. Il a attendu de sentir l’humeur populaire avant de s’opposer à la hausse de salaire des élus. Il n’a toujours pas présenté les finances d’un Québec souverain.
- Note : 7
Pascal Bérubé, député de Matane
Toujours éloquent. Il a mené un interrogatoire serré lors du passage de Gilles Courteau en commission spéciale. Il a eu du mal à expliquer comment le Québec pouvait bloquer l’entrée aux migrants de Roxham comme le PQ le réclamait.
- Note : 7