Guy Lafleur écrivait de la poésie et autres révélations étonnantes autour du spectacle «Guy! Guy! Guy!» du Cirque du Soleil
Dans son hommage à Guy Lafleur, le Cirque du Soleil a voulu recréer le monde du hockey sur scène. La production du spectacle Guy! Guy! Guy! a exigé une recherche rigoureuse autour de la vie du Démon blond. Elle a aussi forcé une quête de solutions pour bien rendre la rapidité du sport et l'adapter à la forme d'un spectacle.
• À lire aussi: Le Cirque du Soleil célèbre la légende de Guy Lafleur dans son nouveau spectacle
• À lire aussi: Les deux jeunes acteurs découvrent le Démon blond avec ce spectacle
Voici douze faits étonnants et cocasses que nous avons recueillis auprès des concepteurs dans les coulisses du spectacle.
1. Un spectacle divisé en trois périodes
Pour construire le spectacle, le metteur en scène, Fernand Rainville, et son adjoint, Vincent Côté, se sont inspirés d’un match de hockey. «On a structuré le spectacle en trois périodes, dit Fernand Rainville. La première période, c’est son enfance jusqu’à la signature avec le Canadien. La deuxième période, ce sont ses années chez le Canadien jusqu’à sa première retraite. Et la troisième période, c’est son retour au jeu, sa dernière année et l’épilogue. [...] On a aussi des personnages comme le coach, le placier, le fan de Boston enragé et l’arbitre.»
2. Guy aimait écrire de la poésie
En fouillant dans la vie de Guy Lafleur, le metteur en scène du spectacle Fernand Rainville a découvert certains aspects plus méconnus de sa vie. Un exemple «Il écrivait de la poésie! Guy était quelqu’un de très discipliné. Les premières années avec le Canadien, le soir, il avait l’habitude de s’allumer des chandelles et d’écrire pour mieux comprendre ses feelings. Comme metteur en scène, ça m’a touché de voir qu’il y avait des moments de réflexion.»
3. L’implication de la famille Lafleur
Quand le Cirque a eu l’idée de faire son nouveau spectacle hommage à Guy Lafleur, la première étape avant de commencer la création était d’avoir l’accord de la famille du hockeyeur. «On ne pouvait pas faire le spectacle si la famille n’était pas impliquée, indique le metteur en scène Fernand Rainville. Il y a une entente avec la succession. On a rencontré Martin [le fils de Guy]. J’ai validé des choses avec lui. Je voulais m’assurer que tout le monde était content. L’idée était d’en faire une célébration. Martin a souvent été impliqué, on lui demandait si c’était correct de faire telle chose. Ça s’est super bien passé. J’espère qu’on va rendre honneur à l’homme qu’était Guy Lafleur.»
4. De l’orgue sur scène
Quand on parle de musique et de hockey, un instrument se démarque particulièrement: l’orgue. On n’a qu’à penser à l’importance de l’organiste Diane Bibeau lors des parties du Canadien au Centre Bell. Le spectacle Guy! Guy! Guy! ne fera pas exception et mettra cet instrument à l’avant-plan. «On a un musicien sur scène qui va être notre organiste officiel, mentionne le compositeur du spectacle, Philippe Brault. Il y a beaucoup d’orgue sur le show.»
5. Représenter la vitesse du hockey
En travaillant sur le spectacle, le metteur en scène, Fernand Rainville, et la conceptrice acrobatique, Émilie Therrien, avaient un défi important : comment pouvaient-ils représenter la vitesse du hockey sur la scène de l’Amphithéâtre Cogeco? «On a amené l’élément patin à travers le spectacle, indique Émilie Therrien. On le retrouve plusieurs fois. [...] Le plus facile pour nous, c’était d’amener le patin à roulettes. Sinon, avec une fausse glace, ça complexifiait énormément le reste du spectacle.» «On va avoir des rampes sur la scène, mentionne Fernand Rainville. J’ai hâte de voir ça. Ce sera la première fois qu’on présente ce genre de numéro à Trois-Rivières.»
6. La collaboration de la LNH et du CH
Assez tôt dans le processus créatif, l’équipe de Guy! Guy Guy! a contacté la Ligue nationale de hockey et le Canadien de Montréal afin d’avoir leur aide pour l’obtention des droits d’utilisation de certaines archives. «Ils ont été d’une collaboration exceptionnelle», mentionne la v.-p. des événements et expériences au Cirque, Marie-Josée Adam. «C’était un jeu un peu fou de savoir qui avait les droits sur certaines choses, mentionne le metteur en scène, Fernand Rainville. Il y a vraiment eu un travail important qui a été fait pour aller chercher les images qu’on voulait.»
7. Un clin d’œil à son mythique album disco
En 1979, alors qu’il était déjà une grande vedette pour le Tricolore, Guy Lafleur avait sorti l’album disco Lafleur! Sur de la musique entraînante, on pouvait l’entendre prodiguer des conseils sur le hockey. Aujourd’hui, les exemplaires en vinyle de cet album psychotronique sont très prisés par les collectionneurs. Quand il a reçu l’appel du metteur en scène Fernand Rainville pour travailler sur la musique du spectacle, le compositeur Philippe Brault a immédiatement songé à Lafleur! «C’est la première chose à laquelle j’ai pensé! dit-il en riant. On y fait un clin d’œil dans le spectacle. On ne peut pas faire semblant que ça n’a pas existé!»
8. L’exception Sinatra
Contrairement aux autres spectacles de la Série hommage, qui se servaient directement de l’œuvre des artistes célébrés pour composer la trame sonore, les concepteurs de Guy ! Guy ! Guy ! ont eu plus de liberté pour l’aspect musical du spectacle. «La musique sert vraiment de moteur au spectacle, mentionne le directeur de la création, Daniel Ross. On a 50 % de reprises et 50 % de compositions originales. Dans les reprises, on a fait des choix qui servaient notre propos. On a cherché des textes qui évoquaient la personnalité de Guy Lafleur, mais aussi l’époque elle-même [les années 1970, 1980 et 1990]. Il y a du rock, de la chanson, du funk, du disco. Tout ça est amené de façon très habile par [le compositeur] Philippe Brault.» Alors que la sélection des morceaux est presque uniquement québécoise francophone, le compositeur s’est permis une petite exception en y intégrant le titre d’un célèbre crooner. «Pour Guy, la musique la plus importante, c’était Frank Sinatra, dit Philippe Brault. On s’est permis de diverger juste pour une pièce. Tout le reste sera québécois.» Pour ce qui est de Ginette Reno, que Lafleur aimait particulièrement, elle ne sera pas dans le spectacle. «Ça n’a pas adonné dans le contexte», mentionne le compositeur.
9. Un premier balado pour le Cirque
Lancé il y a quelques jours, le balado Lafleur, éternel propose quatre épisodes d’une dizaine de minutes qui replongent les auditeurs dans des moments importants de la vie du légendaire hockeyeur. Régis Labeaume, l’ancien maire de Québec, et Martin Lafleur, le fils de Guy Lafleur, ont notamment participé aux enregistrements. Il s’agit d’un tout premier balado pour le Cirque du Soleil, confirme la vice-présidente et directrice générale des événements et expériences au Cirque, Marie-Josée Adam. «Pendant la création du spectacle, on a reçu tellement de témoignages riches et d’histoires touchantes qu’on s’est dit qu’on ne pouvait pas garder ça juste pour nous, explique-t-elle. On voulait offrir du contenu au public qui va au-delà du spectacle.»
10. Des artistes de partout sur la planète
Fidèle à son habitude, le Cirque du Soleil est allé puiser aux quatre coins du globe pour monter la distribution des 30 artistes de Guy! Guy! Guy! «On a beaucoup de gens qui viennent de l’Amérique latine, de l’Argentine, du Brésil, dit la conceptrice acrobatique Émilie Therrien. On a aussi des gens de l’Ukraine, de la France et de l’Australie. Et il y a bien sûr beaucoup de Québécois.» «J’ai des artistes qui n’ont jamais joué au hockey de leur vie ! dit Fernand Rainville. Mais on ne fait pas un show sur le hockey. On fait un show de cirque qui rend hommage à Guy Lafleur.»
11. Suivre les traces de Messi
Depuis le début de son partenariat avec l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, le Cirque du Soleil avait proposé des spectacles en hommage à des artistes provenant uniquement du monde de la musique: Beau Dommage, Robert Charlebois, Luc Plamondon, Les Colocs, Les Cowboys Fringants et Les divas. Avec Guy! Guy! Guy!, le Cirque se tourne donc vers le sport. Il ne s’agit toutefois pas d’une première pour l’entreprise puisqu’elle a déjà célébré un athlète avec le spectacle Messi10, lancé à Barcelone en octobre 2019. La création, consacrée à la star du soccer Lionel Messi, est actuellement présentée en Argentine. En ce qui a trait au hockey, ce n’est pas non plus la première fois que le Cirque aborde ce sport. Dans son tout premier spectacle sur glace, Crystal, lancé en 2017, la compagnie proposait un numéro avec des patineurs qui sautaient à l’aide de rampes, tout en maniant des bâtons de hockey. Un gardien de but était aussi posté devant un filet.
12. Un spectacle pour les Québécois
Commencée en 2015, la collaboration avec l’Amphithéâtre Cogeco «est extrêmement importante pour le Cirque», mentionne la v.-p. des événements et expériences, Marie-Josée Adam. «C’est notre occasion au Cirque du Soleil de célébrer les gens d’ici, de parler et de créer un spectacle qui est spécifiquement pour les Québécois. On n’a pas d’autres occasions de le faire. Naturellement, on ouvre toujours nos spectacles de chapiteau à Montréal. On est au cœur du Québec avec le Cirque du Soleil. Mais la Série hommage, c’est vraiment notre opportunité de démontrer tout notre amour pour le Québec. Pour nos équipes, c’est un pur bonheur.» À l’époque, le Cirque et l’Amphithéâtre avaient signé une entente de dix ans, qui a été prolongée en raison de la pandémie. Elle doit prendre fin en 2026. «On va commencer par livrer le spectacle Guy! Guy! Guy! On est déjà en réflexion pour les années suivantes, dit Mme Adam. Les échanges avec la Corporation des événements de Trois-Rivières sont extrêmement fluides et quotidiens. On va regarder ce qui va se passer pour le futur après 2026.»