Éric Lapointe pose bras dessus, bras dessous avec un criminel proche des Hells Angels
Un festival de Saguenay a diffusé la photo sur sa page Facebook, avant de la retirer
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Un festival de musique au Saguenay a dû se rétracter après avoir diffusé une photographie du chanteur Éric Lapointe, bras dessus, bras dessous, avec un criminel proche des Hells Angels, la semaine dernière.
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«Je l’avoue, on l’a échappé», a concédé Jean-François Thorn, directeur général des Grands crus musicaux de Saguenay.
Le festival a rendu public sur sa page Facebook le 15 juillet dernier un cliché présentant Éric Lapointe enlaçant Stéphane Gagnon, un individu au lourd passé judiciaire connu pour sa proximité avec les membres du groupe criminalisé.
On y aperçoit Gagnon, pouce en l’air, vêtu d’une veste des Devils Ghosts ainsi que d’une casquette et d’un cordon porte-clefs qui arborent le «81». Ce nombre fait référence aux initiales des Hells Angels, le 8 évoquant la huitième lettre de l’alphabet, le H, et le chiffre 1, la première, soit le A.
La photographie d’Éric Lapointe et de Stéphane Gagnon a été retirée du web dans les minutes suivant nos approches auprès de l’équipe du chanteur.
«Les photos ont été mises en ligne par le festival sur leur site. Sans approbation ou commentaire de notre part», s’est défendu Jean-Yves Blais, l’agent d’Éric Lapointe.
- Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 50 via QUB radio :
Membre des Devils Ghosts
Stéphane Gagnon, surnommé «Floyd», est fiché comme l’un des 10 membres ou aspirants d’un club-école des Hells Angels, soit les Devils Ghosts du chapitre Saguenay, selon des documents policiers auxquels nous avons eu accès.
Selon nos informations, Gagnon en mènerait large au sein des Devils Ghosts, fondés il y a dix ans pour exécuter les basses œuvres des Hells sur le terrain en matière de violence et de stupéfiants.
Gagnon traîne aussi un passé de cambrioleur récidiviste dans la capitale, où il a été condamné au criminel à 39 reprises. Il a écopé de peines de prison de six mois à deux ans après avoir commis plusieurs vols par effraction et quelques crimes avec violence à Québec, entre 1986 et 1996.
«Meet and Greet»
Le directeur général des Grands crus musicaux de Saguenay assure qu’Éric Lapointe ne connaît pas Stéphane Gagnon et que ce dernier n’a aucun lien avec l’organisation du festival.
Jean-François Thorn explique que la photo a été prise lors d’un «Meet and Greet» avec des fans d’Éric Lapointe, à la fin de son spectacle. Plusieurs spectateurs auraient été sélectionnés par des bénévoles du festival, d’autres personnes auraient aussi pu accéder à l’événement après avoir gagné un concours à la radio.
«Éric Lapointe n’était pas au courant de qui on faisait entrer dans le Meet and Greet. C’est vraiment un pur hasard. Et quand on prend les photos, c’est un feu roulant. Éric ne parle pas aux personnes. Et on ne vérifie pas l’identité ou le passé de chacun», dit-il.
Il assure que personne au festival n’a réalisé qu’un individu criminalisé se retrouvait parmi les fans sélectionnés, même si Stéphane Gagnon affichait clairement ses allégeances dans sa tenue vestimentaire. L’équipe des réseaux sociaux ne s'est posé aucune question non plus au moment de la diffusion de ce cliché sur la page Facebook de l’organisation.
«Si j’avais vu la photo avant, si j’avais compris avant, on ne l’aurait pas diffusée», plaide maintenant M. Thorn.
- Écoutez le segment Tout savoir en 24 minutes avec Marianne Bessette et Jean-François Baril où ils reviennent sur le sujet via QUB radio :
Retour progressif
Rappelons qu’Éric Lapointe revient tranquillement sous les projecteurs, trois ans après avoir plaidé coupable pour voies de fait contre une femme, infraction pour laquelle il a obtenu une absolution conditionnelle, en octobre 2020.
Le chanteur sera en spectacle au Capitole, à Québec, le 9 septembre, et fera le lancement de son nouvel album au M. Telus, à Montréal, le 20 octobre.
Un criminel contre les mesures sanitaires
Ce n’est pas la première fois que Stéphane Gagnon fait les manchettes. Le criminel s’est notamment fait entendre durant la pandémie, alors qu’il militait «pour la liberté de choix et de droits», lui qui se disait fondateur du groupe identitaire Les Patriotes Saguenay/Lac-Saint-Jean.
Il était d’ailleurs l’une des «vedettes» des manifestations contre les mesures sanitaires. On l’a vu le 3 février 2022, tuque des Devils Ghosts sur la tête, discuter avec un autre organisateur vedette du convoi de manifestants, le syndicaliste Bernard «Rambo» Gauthier, à Saguenay.
Gagnon a aussi livré un discours enflammé devant le parlement, lors de la manifestation dans la capitale nationale, le 5 février 2022. Il s’était alors présenté à la foule comme étant l’un des organisateurs du «convoi Saguenay-Lac-Saint-Jean».