Essai: les dangers des GAFAM
Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ces cinq noms qui forment l’acronyme GAFAM font désormais partie de notre univers familier. De l’autre côté de notre hémisphère, d’autres géants se disputent également le contrôle de l’espace social, à partir de l’Inde, de la Chine et de la Russie. Ce sont les BATX : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. Sans parler de TikTok qui étend ses tentacules de manière exponentielle sur les cinq continents. Ni de Netflix qui s’impose de plus en plus dans nos choix culturels. Qui sait si, dans quelques années, toutes ces compagnies ne vont pas se fusionner ou s’entredévorer pour mieux prendre le contrôle de nos vies.
Dans cet ouvrage, Philippe Gendreau, enseignant de métier, entend brosser un portrait actuel de la situation, pour mieux nous mettre en garde contre les dangers qui nous guettent à propos de ces intrus qui ne se gênent plus pour s’inviter dans l’intimité de notre foyer. Mais qu’avons-nous tant à craindre ? peut-on se demander. C’est que ces GAFAM ont pris le contrôle de nos vies, elles ont accumulé, en toute légalité, une somme considérable d’informations sur les milliards d’utilisateurs d’Internet : goûts particuliers, préférences, activités, déplacements, fréquentations, choix politiques, etc.
Car chaque page que nous ouvrons, chaque site visité, chaque correspondance avec un « ami », chaque « like » laissent des traces indélébiles. De sorte que ces multinationales peuvent facilement vendre les informations ainsi amassées à des courtiers qui vont par la suite cibler leur clientèle commerciale spécialisée : nourriture et restaurants, vêtements, appareils électroménagers, agences de voyages et compagnies aériennes, courtiers immobiliers, banques, automobiles, maladies et médicaments, etc. Ces compagnies auront en leur possession un véritable portrait de nous, les utilisateurs, elles connaîtront tout de nos goûts et de nos habitudes de vie, et nous proposeront leurs produits, sans demander la permission.
Métadonnées
Si ce n’était pas si payant, les compagnies n’achèteraient pas à gros prix ces milliards d’informations, mieux connues sous le nom de métadonnées. « Les métadonnées des États-Uniens seraient échangées en moyenne près de 1 000 fois par jour, celles des Canadiens autour de 400 fois et celles des Français plus de 300 fois. » Hallucinant ! Cette véritable vente aux enchères ne connaît ni frontières ni fuseaux horaires et elle aurait rapporté, en 2021, aux États-Unis, 91 milliards $ et en Europe 23 milliards d’euros en 2019. Un véritable Far-West de données, sans véritable réglementation. Même les services policiers s’intéresseraient de près à ces métadonnées. Plus besoin d’un mandat de perquisition signé par un juge pour pénétrer dans l’intimité d’un suspect.
Radicalisation
Personne, ni entreprise, ni gouvernement n’est à l’abri de piratage et de vol de données. Même les systèmes de sécurité de Facebook et de Microsoft ont été déjoués. Cette fragilité ne fait qu’ajouter aux risques encourus par l’utilisateur d’Internet. Sans parler du déferlement de fausses nouvelles (fake news) et de vidéos hypertruquées (deep fake) qui nous rendent la vie impossible et suscitent controverses tout en favorisant bien souvent la radicalisation d’opinions. Paradoxalement, la fréquentation des médias sociaux favorise un autre phénomène, appelé « chambre d’échos » qui consiste à suivre et à discuter avec des gens qui entretiennent des idées semblables aux nôtres, créant ainsi des « tribus », grâce aux algorithmes.
Ces conglomérats, dont le terrain d’action est désormais la planète entière, opèrent comme des poupées gigognes russes : une poupée dans une autre, cachée dans une plus grande. « À titre d’exemple, Google n’est pas l’entreprise “mère” du conglomérat. C’est Alphabet qui possède Google qui, à son tour, possède YouTube. » Multipliant les façades et les noms d’emprunt, elles peuvent ainsi mieux éviter de payer leur dû, en taxes et impôts, aux gouvernements des pays où elles opèrent. La partie de bras de fer qui se joue actuellement entre Facebook et le gouvernement canadien en est un bel exemple.
En janvier 2023, Google-Alphabet valait en bourse 1,18 billion $ US. Apple, 2,12 billions $ US. Facebook-Meta, 358,48 milliards $ US. Amazon, 971,91 milliards $ US. Et Microsoft, maintenant actionnaire dans le robot conversationnel ChatGPT, 1,78 billion $ US. En comparaison, le PIB du Canada en 2022 était de 2 189 milliards $. « Les GAFAM ont faim, leur appétit gargantuesque est insatiable, et l’implantation de la 5G ne fera qu’augmenter les capacités de ces entreprises », conclut l’auteur.
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