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Metro et Loblaw se remplissent les coffres avec l’inflation alimentaire

Bloc épicerie
Photo d'archives, Agence QMI


Vous avez raison de chialer lorsque vous allez à l’épicerie. Le prix des aliments a effectivement beaucoup augmenté lors des deux dernières années.  

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En me basant sur les données de l’indice des prix à la consommation compilés par Statistique Canada pour la période allant de juin 2021 à juin 2023, j’ai calculé que le panier d’aliments achetés en magasin a bondi de 21,1% au Québec. 

À titre de comparaison, sachez que cela équivaut à environ deux fois la hausse des salaires accordée aux travailleurs québécois durant cette même période de deux ans, laquelle joue entre 10 et 10,5%. 

Qui a le plus profité de cette augmentation spectaculaire du coût du panier d’épicerie? Les agriculteurs, les producteurs, les distributeurs, les transporteurs ou les supermarchés d’alimentation? Vous ne serez pas surpris d’apprendre que tout ce beau monde se renvoie la balle en se rejetant la responsabilité de la flambée des prix les uns sur les autres.

CROISSANCE MARQUÉE DES PROFITS

Chose certaine, les grandes entreprises de distribution alimentaire Metro et Loblaw ont grandement profité de la hausse du prix des aliments en enregistrant une croissance de leurs volumes de vente et, surtout, d’une solide appréciation de leurs résultats nets (profits). Et ce, au grand bénéfice de leurs actionnaires respectifs, qui ont vu les actions de leurs entreprises respectives bondir en bourse. 

Sous la haute direction du PDG Eric R. La Flèche, Metro exploite 950 magasins d’alimentation sous plusieurs enseignes, dont Metro, Metro Plus, Super C, Marché Adonis et les supermarchés ontariens Food Basics. En plus des chaînes de pharmacies Jean Coutu et Brunet.

Selon les analystes de Valeurs mobilières Desjardins, la croissance du bénéfice net par action de Metro sur deux ans devrait atteindre les 23,8%. 

Pour sa part, Loblaw contrôle quelque 2400 supermarchés répartis dans toutes les provinces canadiennes, soit les supermarchés Maxi, Provigo, Loblaws, Freshmart, No Frills, T & T. Plus les chaînes pharmaceutiques Shoppers Drug Mart et Pharmaprix.

Du côté du géant ontarien Loblaw, dont le conseil d’administration est présidé par Galen G. Weston, également président et chef de direction de la société mère George Weston Limitée, les analystes de Desjardins projettent une appréciation du bénéfice net de 37%. 

Concrètement, les bons résultats financiers de Metro ont eu pour effet de faire bondir l’action de 26%, pour une augmentation de valeur boursière de la compagnie de 3,58 milliards de dollars lors des 24 derniers mois.

Chez Loblaw, le numéro 1 des supermarchés au Canada, ce fut carrément une explosion boursière alors que l’action a bondi de 59%. La capitalisation de Loblaw en bourse s’est appréciée de 14,4 milliards de dollars. 

Un mot maintenant sur Empire, l’autre géant de l’alimentation au Canada, dont le siège social est en Nouvelle-Écosse. L’entreprise dispose de 1600 magasins d’alimentation au pays. Ses principales enseignes sont IGA, Sobeys et Safeway. 

Étonnamment, cet autre grand joueur de l’alimentation au Canada ne semble pas avoir «bénéficié» de la hausse du coût du panier d’épicerie, du moins pour l’instant. La croissance de ses résultats nets serait limitée à 7,3% sur les deux années. Et c’est sans doute pourquoi l’action de la compagnie Empire végète en bourse. 

PANIER D’ÉPICERIE

Quels sont les aliments dont les prix ont le plus augmenté au cours des deux dernières années inflationnistes? 

  • Le bœuf: 24,7% 
  • Le beurre: 28,9%
  • Les produits céréaliers: 27,1%
  • Les fruits frais: 25,8%
  • Les produits de boulangerie: 23,5% 
  • Les légumes en conserve: 28,1%
  • Les graisses et huiles comestibles: 51%
  • Les légumes frais: 20%

À l’opposé, il y a tout de même deux aliments essentiels dont le prix a augmenté plus raisonnablement. Je fais ici référence au lait frais (+10,2%) et aux œufs (+10,1%).

Entre les deux «extrêmes», on retrouve une panoplie d’aliments dont les prix ont augmenté passablement plus que la hausse des salaires. Les voici:

  • Le porc frais ou surgelé: 17,6%
  • Le poulet frais ou surgelé: 16,0%
  • Le poisson et les fruits de mer: 16,2% 
  • Le fromage: 19,4%
  • Café et thé: 19,7%
  • Boissons non alcoolisées: 15,3%

Par ailleurs, notez que les articles et accessoires de soins personnels vendus dans les chaînes d’alimentation et leurs filiales pharmaceutiques ont augmenté en deux ans de 13,6%. 

Comme prix de consolation, je vous signale que les médicaments et produits pharmaceutiques en vente libre ont augmenté de seulement 4,3%. 

Une petite pilule avec ça? Sachez que le prix des médicaments sur ordonnance a monté d’à peine 1,7%! 







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