Voici un roman policier québécois qui vaut le détour
Catherine Lafrance est une amoureuse du journalisme et cela fait la richesse de ses polars mettant en vedette le reporter Michel Duquesne.
Pour savoir comment raisonne un journaliste d’enquête, il faut lire le deuxième roman policier de Catherine Lafrance, Le dernier souffle est le plus court.
Il commence par un suicide dans le métro à l’heure de pointe du matin, alors que sévit une tempête de neige historique, celle de janvier 2019. De quoi ajouter au chaos qui règne à Montréal.
Michel Duquesne, grand reporter, est pris dans la cohue. Aussitôt, il s’interroge : pourquoi quelqu’un choisit-il de mourir ainsi, à ce moment précis, en connaissant les répercussions de son geste ? Ainsi sont les journalistes : toujours à se poser des questions !
Le reporter est encore plus intrigué quand il apprend que la victime du métro est un cardiologue respecté. Curieux, non ? Bien sûr, le suicide est un drame qui peut toucher n’importe qui. Mais Duquesne n’accepte les évidences que lorsqu’elles sont avérées.
Or par hasard, il apprend que la victime a fait l’objet de rapports disciplinaires pour négligence alors que son entourage assure qu’il était un médecin exemplaire. Une dichotomie comme celle-là éveille tous les instincts du journaliste, et Duquesne est un redoutable enquêteur.
On va donc le voir cueillir des bribes d’information a priori insignifiantes et se nourrir de la collaboration de ses collègues pour élaborer peu à peu tout un reportage. C’est là un reflet fidèle du travail journalistique, que Lafrance a longuement pratiqué.
Équipement médical
L’intrigue débouche ainsi sur l’univers méconnu de l’équipement médical, où se brassent tant des découvertes scientifiques que de grosses affaires – et où économie et politique finissent par se recouper.
Quelques détails rendent toutefois ce deuxième tome des aventures de Michel Duquesne moins enlevant que le précédent L’étonnante mémoire des glaces. Ainsi, pour donner de la chair à son journaliste qui a un passé compliqué, l’autrice lui attribue des manies, qu’elle souligne, hélas, à toutes les occasions possibles. Cela ralentit le rythme du récit.
De plus, Odile Imbeault, la conjointe de Duquesne, traîne elle aussi de sombres bagages – c’est en soi intéressant, mais au point d’y greffer un nouveau mystère ? Ça fait beaucoup pour un seul couple !
Cela dit, le cœur du récit est prenant, et ce, jusqu’au dénouement. De plus, comme dans son ouvrage précédent, Lafrance sait superbement décrire l’hiver. Elle dresse aussi un portrait juste des salles de rédaction et des aléas de la course au scoop pour les reporters, pris entre l’adrénaline et l’exigence d’avoir toujours à recommencer.
Il faut enfin souligner que les échanges en anglais, qui font partie de la vie montréalaise, sont traduits. Un réflexe qui devrait s’imposer et qui est pourtant devenu rarissime dans le monde de l’édition québécoise. Le roman de Catherine Lafrance ne fait heureusement aucune concession à cet égard.
La qualité même de son écriture témoigne de son respect pour la langue française, ajoutant au plaisir de la lecture.