Une rentrée anormalement joyeuse pour une réouverture d’école
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Un concierge charismatique acclamé par des applaudissements, une directrice qui anime une sorte de mini-gala, un enseignant de 2e qui rappe au sujet de la fin de l’été pendant que ses collègues se trémoussent en dansant. La rentrée de l’école primaire toute rénovée Saint-Émile à Montréal mardi avait un air de festival qui évoquait davantage la fin des classes que leur reprise.
C’était probablement l’ivresse de la réouverture.
Le personnel, les écoliers et leurs parents retrouvaient leur école de quartier revampée après une année entière de rénovation.
Sur l’asphalte marqué des lignes de jeux de récréation, les enfants surexcités couraillaient entre leurs parents qui discutaient.
À l’instar de joueurs d’une équipe sportive au commencement d’une saison, la directrice Véronique Marquis a présenté les membres du personnel de l’école.
Petite école
Tapie derrière une église qui la dissimule depuis la rue Sherbrooke, l’école Saint-Émile a une taille modeste d’une école de village, avec 236 élèves.
«C’est une école qui me rappelle celle du village où j’ai grandi et c’est rare à Montréal!» s’exclame un père originaire de la région d’Arthabaska, au Centre-du-Québec.
Contrairement aux établissements de village où l’on vient souvent de loin, les écoliers de Saint-Émile vivent à proximité.
Pour refaire les fenêtres, les planchers, les plafonds, la tuyauterie et les sorties de secours, notamment, il a fallu condamner l’école et recourir aux autobus jaunes pour transporter tout le monde à l’école Sans-Frontière, une sorte d’« école d’hébergement temporaire » située à environ 30 minutes à pied, où le Centre de service scolaire de Montréal (CSSDM) relocalise son monde lorsque des rénovations l’exigent.
«En région, l’autobus scolaire fait partie de l’ADN. En ville, beaucoup moins. C’était exigeant pour les parents et les enfants et le personnel de se réadapter», commente Alain Perron, le porte-parole du CSSDM.
«Par chance, l’autobus passait directement devant chez moi, alors il suffisait de sortir pour que ma fille se fasse cueillir», raconte Fabien Ducat, dont la fille Louison commence la 2e année.
Des travaux demeurent à faire, notamment pour mettre en route le système de ventilation mécanique, mais ça se fera le soir et la fin de semaine.
Quelques portes manquent encore.
«Je dis souvent que ma porte est toujours ouverte, mais là, un peu plus et c’était littéralement le cas!», dit en riant la directrice qui a alors dû faire installer une porte d’urgence à mon bureau.
Une porte a aussi été ajoutée in extremis à la salle de bain du personnel, ce qui sera commode.
Benoît Vézina, père de Julia, en 2e année, ne s’en fait pas pour ces quelques détails.
«On nous tenait informés de l’avancement des travaux au fur et à mesure et ça s’est terminé à temps pour la rentrée», se réjouit-il.