Psycho : au-delà de nos rôles sociaux
Nos rôles sociaux sont des repères et des attaches affectives et lorsqu’on les perd, on peut parfois se sentir moins utile ou moins apprécié.
Nous sommes un peu nos fonctions.
Nous sommes des collègues, des amis, des conjoints. Nous travaillons, étudions, contribuons. Nous fréquentons des lieux et des gens.
Les personnes qui perdent un rôle important comme un travail, un statut ou une responsabilité (ex. : rôle de parent) peuvent vivre un sentiment de vide, un deuil, ou une déprime. C’est aussi le cas des personnes dont le rôle n’est pas assez valorisé à cause d’un manque de respect, de reconnaissance ou d’impact.
Nos rôles sont des portions essentielles de nous où l’on exprime nos habiletés et notre personnalité. Un peu comme des habits, nos rôles sont nos personnages publics, une portion importante de notre image sociale et de notre identité. Ils nous apportent de la stimulation et des interactions sociales. Ils nous apportent aussi de l’estime de soi et un sentiment -d’accomplissement, et donnent un sens à notre vie.
En nous impliquant dans un rôle, nous accumulons des expériences, des habitudes et des souvenirs qui augmentent notre engagement et notre attachement à ce rôle. Il n’est pas rare de voir des gens qui s’impliquent frileusement dans un nouveau rôle, se faire happer par l’expérience pour la stimulation et pour les satisfactions sociales. Par conditionnement, nous prenons goût aux bénéfices associés à nos rôles.
Accros à nos rôles
Souvent, nous développons même une légère dépendance à nos rôles et aux satisfactions qu’ils nous procurent. Plus nous sommes accros à nos rôles, plus ils sont importants pour notre identité, et plus leur perte nous perturbe.
La valeur qu’on s’accorde vient en partie de nos actions, de leur impact et du feed-back que nous renvoie notre entourage. Parmi nos nombreuses intuitions quotidiennes, il y a celles qui nous signalent des satisfactions (atteindre des buts, réaliser des actions) ou des insatisfactions qui viennent de soi (gaffes, mauvaises décisions) ou des autres (désapprobation, indifférence, rejet).
Parfois, notre image de nous-mêmes peut devenir dépendante de notre impact ou de notre reconnaissance sociale. Certains ne vivent que pour les accomplissements (réussir, être utile, compléter des étapes). Comme si la vie était un film d’action, une course à obstacles ou une urgence sans but précis.
Manquer de défis
Faire son deuil d’un rôle n’est pas banal. Nous sommes privés de défis et d’attention. Nous sommes moins sollicités et moins stimulés. Le sevrage peut déclencher une anxiété de séparation, un sentiment d’abandon qui peut nous rendre irritables ou déprimés. L’anxiété de séparation favorise des sentiments de dévalorisation tels que l’ennui, le sentiment de solitude même quand nous sommes bien entourés, ou encore le sentiment d’être peu utile ou peu apprécié même quand ce n’est pas le cas. Certains développent des comportements d’évasion (alcool, achats, projets, médias, jeux...) pour éviter ces sentiments négatifs.
Le ménage dans nos manques
Certains de nos manques méritent d’être remis en question et déconditionnés comme une dépendance à la drogue.
À cause de leurs bienfaits émotionnels, nos rôles prennent une importance démesurée. Il faut se rappeler qu’ils ne nous définissent pas. Il y a plusieurs façons de nourrir nos besoins d’estime et de soutien. Ces besoins ne sont pas uniquement nourris quand on se fait solliciter ou approuver pour nos accomplissements.
Nous n’avons pas à servir à quoi que ce soit et nous n’existons pas que pour les autres. Nous sommes définis par nos nombreuses expériences passées et futures, nos façons d’être, de voir et de faire les choses. Nous sommes là pour explorer qui nous sommes, nos intérêts, nos envies, nos plaisirs et nos défis. Même pour les autres, nous sommes beaucoup plus que notre utilité. Nous sommes aussi des témoins de la vie ainsi que des sources d’affection et d’humanité.