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North Hatley, le village le plus américain des Cantons-de-l’Est (et très prisé des Clinton)

North Hatley, le village le plus américain des Cantons-de-l’Est (et très prisé des Clinton)
Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Domaine public


Chaque année, l’ancien président américain Bill Clinton et sa femme Hillary passent une partie de leurs vacances d’été à North Hatley. Si les Clinton ont jeté leur dévolu sur ce village pittoresque grâce à leur amitié avec la romancière à succès Louise Penny, ils ne font que suivre une tradition américaine vieille de plus de 150 ans.

Les origines de North Hatley sont liées à la guerre de l’Indépendance américaine au XVIIIe siècle. Quelque 40 000 Américains fidèles à la Couronne britannique décidèrent de quitter leur pays et de chercher refuge en Amérique du Nord britannique. Dès la fin des hostilités en 1783, presque 2000 loyalistes américains s’étaient déjà installés dans le vaste territoire appelé la Province de Québec.

Le défi de l’immigration

Cette vague d’immigration représenta un défi d’envergure pour les autorités britanniques. Comment récompenser les loyaux sujets américains du roi en leur octroyant des terres, sans contrarier les francophones? En 1791, la Grande-Bretagne finit par trouver une solution. Elle divisa la province en deux: le Haut-Canada et le Bas-Canada. 

C’est le nouveau lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, Alured Clarke, qui eut pour tâche d’ouvrir la nouvelle province à la colonisation. En février 1792, il annonça que la zone au sud du «St. Lawrence River» près de la frontière serait concédée à tous ceux qui voudraient s’établir sur les terres de la Couronne. Mais le processus fut complexe et lent à démarrer.

North Hatley, le village le plus américain des Cantons-de-l’Est (et très prisé des Clinton)
Alured Clarke Photo Credit: The Fusilier Museum London / Domaine public

Des noms familiers pour les touristes

Deux hommes, un Britannique et un Américain, attendirent plus de 11 ans avant de se voir concéder presque 24 000 acres dans le nouveau canton de Hatley.

Henry Cull, originaire du Dorset en Angleterre, était un homme d’affaires qui s’établit à Québec vers 1784. Incapable de faire fortune dans le commerce, il se lança dans la spéculation foncière. En 1803, il s’allia avec Ebenezer Hovey, un loyaliste du Connecticut de la première heure, pour former une association de 33 membres afin d'exploiter la concession.

Cull finit par acquérir les terres bordant la rivière Massawippi et l’extrémité nord du lac. Avec son associé américain, il ouvrit la voie à d’autres Américains venus du Massachusetts et du New Hampshire. Ils s’appelaient les LeBaron, les Wadleigh ou les Hovey, noms qui seront familiers aux touristes qui visitent le village aujourd’hui. 

North Hatley, le village le plus américain des Cantons-de-l’Est (et très prisé des Clinton)
Bateau à vapeur sur le lac Massawippi vers 1904. Wikimedia Commons / Domaine public

L’arrivée du chemin de fer

Des Américains étaient aussi responsables de la transformation de North Hatley en un lieu de villégiature très prisé vers la fin du XIXe siècle. Deux facteurs étaient décisifs. 

D’abord, le village fut enfin relié aux réseaux ferroviaires donnant l’accès aux Cantons-de-l’Est à partir des États-Unis. 

En 1871, le Massawippi Valley Railroad (MVR) construisit une nouvelle ligne de chemin de fer entre Newport, au Vermont, et Lennoxville, qui passait par North Hatley. Le Connecticut & Passumpsic Railway, qui reliait déjà Boston et Newport depuis 1864, loua ce nouveau tronçon. Soudain, North Hatley fut accessible aux estivants de la Nouvelle-Angleterre et d’ailleurs.

L’autre facteur qui joua un rôle déterminant dans la transformation du petit village paisible fut la conjoncture très particulière de l’époque. La période de 1865 à 1877 correspondait à l’ère de la restructuration suivant la guerre de Sécession aux États-Unis. 

North Hatley plus populaire que leur pays

Mais restructuration ne rimait pas avec réconciliation. Les grandes familles sudistes qui avant la guerre avaient l’habitude de passer leurs étés en Nouvelle-Angleterre décidèrent de bouder le pays des Yankees en faveur de North Hatley.

En 1886, une nouvelle tendance commença à se développer quand le docteur Powhatan Clark, un résident de Baltimore et un ami de la famille LeBaron, fit construire une résidence secondaire à North Hatley. D’autres Américains suivirent son exemple. 

North Hatley, le village le plus américain des Cantons-de-l’Est (et très prisé des Clinton)
Powhatan Henry Clarke Wikimedia Commons / Domaine public

Le plus célèbre fut Henry Atkinson, propriétaire de la Georgia Power d’Atlanta, qui fit construire en 1900 une grande demeure estivale en s’inspirant de la résidence de George Washington au mont Vernon. 

Devenu un hôtel dans les années 50 et baptisé le Manoir Hovey, l’établissement perpétue le nom de celui qui mérite d’être considéré comme le premier pionnier américain de North Hatley.







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