Journée sans Meta: invitation au boycottage de Facebook et Instagram vendredi
La FPJQ propose aux Québécois de s’abonner aux infolettres et aux applications des médias le 15 septembre plutôt que d’utiliser leurs réseaux sociaux
Face au blocage des nouvelles au Canada depuis le 1er août, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) invite les Québécois à boycotter Facebook et Instagram le 15 septembre pour dénoncer le comportement du géant Meta.
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«Est-ce qu’on veut vraiment vivre dans une société qui empêche par exemple la diaspora marocaine d’avoir accès aux nouvelles de leur pays alors qu’un tremblement de terre a fait des milliers de morts?» dénonce Michael Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
Depuis le 1er août, il est impossible de partager une nouvelle provenant d’un média d’information ou d’en voir sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, qui appartiennent à la compagnie Meta.
- Écoutez l'entrevue avec Michaël Nguyen, président de la FPJQ et journaliste au Journal de Montréal à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :
«Il faut rappeler que ce ne sont pas seulement les médias québécois et canadiens qu’on ne voit plus, mais les médias du monde entier», martèle M. Nguyen, qui souligne que 50% des jeunes s’informent sur les réseaux sociaux.
En 2021, Facebook aurait réalisé 193 M$ de revenu seulement grâce aux partages de nouvelles, selon l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), rappelle Michael Nguyen.
«Le gouvernement fédéral estime qu’avec la loi C-18, Meta devrait redonner 63 M$ aux médias canadiens. Donc Meta est prêt à sacrifier 193 M$ pour ne pas payer 63 M$», déplore le président de la FPJQ.
- Écoutez la rencontre politique avec Yasmine Abdelfadel et Marc-André Leclerc via QUB radio:
Symbole
Pour envoyer un signal symbolique à la compagnie américaine, la FPJQ a décidé de lancer la «Journée sans Meta» le vendredi 15 septembre, qui s’avère être aussi la Journée internationale de la démocratie.
«Ça permet en même temps de rappeler l’importance des médias dans la démocratie, en plus d’inviter les gens à ne pas aller sur ces plateformes cette journée-là et de plutôt aller s’abonner à une infolettre d’un média ou d’aller chercher les informations directement sur les applications des journaux», explique le président de la FPJQ.
Si ce dernier se réjouit de recevoir énormément de soutien, notamment des municipalités de Longueuil, de Laval ou de Québec, la position de certains politiciens soulève des questions, insiste Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’UQAM.
«Il y a de grands absents dans cette campagne, beaucoup de députés du gouvernement Trudeau n’ont jamais cessé de publier sur Facebook et Instagram. Ils disent que Meta est un mauvais citoyen corporatif, un délinquant, mais ils utilisent ses services», soulève-t-il.
Champ libre à la désinformation
D’autant plus que sans les nouvelles des médias traditionnels sur Instagram et Facebook, la désinformation a le champ libre, ajoute M. Roy.
«Lundi matin, on a pu voir qu’une publication de la page Poutine TV, un relais de propagande russe québécois, est devenue virale. On voit déjà poindre l’ingérence étrangère, un mois et demi après le blocage des nouvelles», s’inquiète M. Roy.
La position du parti conservateur, qui s’affiche contre la loi C-18, soulève l’indignation du professeur de l’UQAM.
«Être un allié de Meta dans son blocage des nouvelles, c’est devenir le complice de l’ingérence étrangère», affirme M. Roy.
Loi C-18: Loi sur les nouvelles en ligne
- Adoptée en juin dernier, la loi C-18, Loi sur les nouvelles en ligne, vise à forcer les géants du web, comme Google et Meta, à compenser les médias pour la publication ou la création de liens vers leurs contenus de nouvelles.
- Depuis le 1er août 2023, les Canadiens ne peuvent plus voir ou partager des publications provenant d’un site de nouvelles de médias canadiens, mais aussi du monde entier.
- En 2021, en Australie, le gouvernement s’est livré à un véritable bras de fer avec le géant Meta. Comme au Canada aujourd’hui, l’Australie souhaitait mettre en place un système de redevance pour chacune des nouvelles publiées sur le réseau social américain. Du jour au lendemain, l’entreprise de Mark Zuckerberg avait bloqué l’accès aux nouvelles en pleine pandémie mondiale et saison particulièrement intense des feux de forêt. Après cinq jours, Meta avait finalement fait marche arrière, après avoir conclu des ententes avec le gouvernement.