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Des travailleurs étrangers en renfort sur nos chantiers de construction

Des travailleurs étrangers en renfort sur nos chantiers de construction


Après les milliers de travailleurs étrangers temporaires (TET) dans nos champs, on risque d'en voir de plus en plus en renfort sur nos chantiers de construction au Québec. Le Journal est allé à la rencontre d’une PME qui en a besoin en pleine pénurie de main-d’œuvre.

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« Si l’on veut accélérer quelque chose, ça serait beaucoup plus le processus administratif d’immigration que la formation », lance Éric Poulin, directeur des opérations de DR Électrique, à Varennes.

Alors que le premier ministre, François Legault, veut lancer une formation accélérée et rémunérée pour attirer plus de travailleurs en construction, DR Électrique, pense plutôt que l’on devrait miser sur l’arrivée rapide de travailleurs étrangers.

Québec en retard

Au Québec, à peine 1,2 % des études d'impact sur le marché du travail (EIMT) (soit 99 travailleurs sur les 8548 dans l’ensemble du pays) ont été acceptés entre 2019 et 2021, déplore l’Association de la construction du Québec (ACQ). (Voir tableau à la fin)

« Le Québec tire de la patte », estime son porte-parole Guillaume Houle, qui salue la collaboration de la ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, dans ce dossier.

Alors qu’il se voit forcé de refuser des contrats chaque jour, Éric Poulin vient d’embaucher un Cubain, un Français et un Marocain, mais il déplore les longs délais.

« Si ça prend un an, recevoir un travailleur étranger, ce n’est pas quelqu’un qui va venir nous aider à construire une usine à batteries demain », dit-il.

« Bâtir des usines à batteries, tout est électrique là-dedans, ça va prendre beaucoup de main-d’œuvre. Présentement, on est déjà en pénurie. On annonce de beaux projets porteurs. La question, c’est : comment on le fait maintenant ? », s’interroge-t-il.

« Il manque des corps de métier »

À côté de lui, le propriétaire de la PME d’une cinquantaine d’employés de réparation et de construction, Stéphane Robert, acquiesce de la tête.

« Ce que l’on pouvait bâtir en 12 mois, on le fait quasiment en 24 mois. Il manque des corps de métier. On vient de finir un contrat. Il n’y avait pas de peintre et pas de menuisier pour la finition », observe-t-il.

« Aujourd’hui, c’est mission impossible. Ce n’est plus du recrutement. C’est de la chasse de têtes. J’ai trois chasseurs de têtes », poursuit Éric Poulin.

Pour Yves Legault, vice-président exécutif de la firme ISA Immigration et Recrutement, il faut ces travailleurs d'urgence pour contrer la crise du logement.

« Sans aménagement aux règles de la Commission de la construction du Québec (CCQ), c’est peine perdue. Le gouvernement doit changer les règles avant de penser à recruter à l'étranger. Encore une fois, il met la charrue avant les bœufs ! » soupire-t-il.

Questionné par Le Journal, la CCQ a dit ne pas détenir « de données exactes sur le nombre de salariés issus de l’immigration qui obtiennent un certificat de compétence pour exercer un métier ».

« Les données du recensement de 2016 de Statistique Canada révèlent qu’au Québec, les personnes issues de l’immigration représentaient environ 7 % de l’ensemble des salariés alors que ce pourcentage s’élevait à 20 % pour le reste du Canada », a noté la porte-parole de la CCQ, Marie-Noëlle Deblois, qui dit plancher sur un plan d’action.

D’après Natacha Mignon, avocate en immigration, du cabinet Immétis, spécialisé en immigration et mobilité internationale, il faut regarder profession par profession et pays par pays, ce qui alourdit la tâche.

« Il faut être membre de certains ordres professionnels. C’est le serpent qui se mord la queue. C’est là où l’on a des difficultés », image-t-elle.

« C’est parfois au niveau du permis de travail que ça bloque », conclut-elle.

Des travailleurs étrangers en renfort sur nos chantiers de construction
Tableau fourni par l'ACQ

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