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Quand les plaques tectoniques du Moyen-Orient se mettent à bouger

Quand les plaques tectoniques du Moyen-Orient se mettent à bouger
Photo d'archives, AFP


Ce n’est pas nécessairement de très bon goût d’abuser du terme « séisme » après l’effroyable tremblement de terre du week-end dernier au Maroc. Pourtant, une puissante secousse diplomatique ébranle le Moyen-Orient. Et les répliques se feront sentir pendant des années.  

Les chocs se font sentir depuis des mois. Le tout dernier est parti, jeudi, de Sanaa au Yémen d’où une délégation de représentants houthis s’est mise en route pour Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite. Le Yémen, le pays le plus pauvre de la région, est plongé depuis près d’une décennie dans une guerre d'une violence inouïe qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. 

Les rebelles houthis appartiennent à une minorité musulmane chiite ; le gouvernement central, lui, est mené par des musulmans sunnites. Ce ne serait pas tant une guerre de mosquées si les Houthis n’étaient pas soutenus par l'Iran, la grande puissance chiite, et le gouvernement yéménite par l'Arabie saoudite, la grande puissance sunnite. 

Une telle rencontre et des pourparlers entre Houthis et Saoudiens auraient été strictement inconcevables il y a deux ans à peine. 

DES REMOUS, PARTIS DE RIYAD 

Il s’agit, pour persister avec l’imagerie sismique, d’une réplique aux bouleversements provoqués par le réchauffement des relations entre Saoudiens et Iraniens, avec échange d'ambassadeurs et visites de haut niveau prévues pour bientôt. 

L’épicentre de cette agitation, pour tout dire, se trouve au cœur de la péninsule arabique. Et la récente suggestion d’une normalisation à venir des relations entre Riyad et Israël a ajouté à la commotion. 

L'Arabie saoudite, leader du monde arabe et du monde musulman, n'a jamais reconnu l'existence d'Israël depuis sa création en 1948. Elle serait disposée à l’envisager, en échange d'équipement militaire américain sophistiqué et d’aide à développer un programme nucléaire civil avec enrichissement d'uranium sur place. 

Des demandes extrêmement controversées et potentiellement coûteuses, mais c’est un prix que la Maison-Blanche semble prête à considérer pour en arriver à la paix entre Saoudiens et Israéliens. 

SE DÉBARRASSER DE L’IMAGE DU PARIA 

Il y aurait donc Saoudiens et Iraniens d’un côté, Saoudiens et Israéliens de l’autre, Saoudiens et Yéménites houthis dans un troisième temps. Et c’est sans compter l’entente entre Saoudiens et Russes sur un niveau modéré de production de pétrole, ce qui nous impose, à nous, un prix du litre d'essence plus élevé à la pompe. 

Mohamed ben Salmane, le jeune prince héritier saoudien, a clairement décidé de sortir son pays de son immobilisme. Joe Biden, en campagne à la présidence en 2022, avait promis d’en faire un paria, après la mort atroce du journaliste Jamal Khashoggi, un critique de son régime. 

MBS, comme on l'appelle, n’est jamais apparu inquiet et aujourd’hui, il redynamise le Moyen-Orient presque à lui tout seul. Plus personne n’évoque sérieusement sa mise à l’écart de la vie politique mondiale. Et le Yémen, entre-temps, saura bénéficier de cet espoir de paix après avoir connu, depuis des années, une des pires crises humanitaires du monde.➛

L’ARABIE SAOUDITE, ÉPICENTRE DES CHANGEMENTS AU MOYEN-ORIENT 







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