Compétition féroce chez les microbrasseurs: des milliers de kilomètres pour vendre de la bière
Certains font une trentaine de festivals en quelques semaines pour faire connaître leur produit
Des microbrasseries québécoises n’hésitent pas à faire des milliers de kilomètres durant la saison estivale pour faire connaître et vendre leurs produits dans un marché qui est devenu très compétitif en raison du nombre de brasseurs de bière qui a explosé depuis quelques années.
« On va avoir participé à une trentaine d’événements partout en province. Ce n’est pas des farces, on doit avoir fait le tour du Québec trois fois cet été », affirme Éric Hardouin du Domaine Berthiaume, présent au Bière Fest de Rivière-du-Loup.
Pour participer à l’événement au Bas-Saint-Laurent, les représentants de la ferme brassicole située à Saint-Jean-sur-Richelieu auront parcouru un total de 860 kilomètres pour vendre leur « bonne bière ».
Prenant une petite pause avant de retourner derrière le bar pour servir la bière en fût, M. Hardouin affirme qu’avec plus de 320 microbrasseries au Québec, tu ne peux pas t’asseoir sur tes lauriers.
« C’est sept jours sur sept. Si tu arrêtes, tu vas te faire scooper par une autre microbrasserie », mentionne-t-il, mais sans se plaindre parce qu’il est convaincu de faire le plus beau métier du monde.
Et des festivals du genre, « il en existe à la tonne », confient les organisateurs du Bière Fest Christian Duchesne, Steeve et Érick Drapeau. « C’est au moins deux par fin de semaine et même trois parfois. »
Les « p’tits » nouveaux
Dans cette marée de microbrasseries, il y a ceux qui tentent de faire leur place parmi les commerces qui ont développé une clientèle fidèle depuis de nombreuses années.
C’est le cas des 12 Cabochons de Saint-Georges de Beauce, une microbrasserie qui vient de fêter son premier anniversaire en août. L’équipe a parcouru près de 300 kilomètres pour se faire connaître dans le Bas-Saint-Laurent et semer des graines.
« Les gens goûtent à nos bières et veulent les acheter par la suite. Nous avons également fait des contacts avec des commerçants de Rivière-du-Loup. C’est important pour le bien de notre entreprise », raconte Jean-François Morin qui se définit lui-même comme le « cabochon » en chef ou, si vous préférez, le propriétaire de l’entreprise.
Avec leurs noms de bière qui épousent les expressions québécoises et leur enthousiasme, les Beaucerons ne passent pas inaperçus.
Les bières « Soueff dans d’jeule » et « Les yeux dans la graisse de bines » ne manquent pas d’attirer l’attention.
« Il faut se démarquer. Il faut que les gens se reconnaissent. »
Pubs et produits dérivés
Pour la Brasserie Port-Alfred du Saguenay, qui est en activité depuis trois ans, le succès de l’entreprise passe non seulement par la qualité des produits, mais également par l’ouverture d’un pub et d’une salle de spectacle de 300 places en décembre prochain.
Le copropriétaire Yohann Paradis admet qu’avec une compétition aussi féroce, vendre ses produits dans ses propres installations est devenu très important pour la rentabilité des microbrasseries.
« Fabriquer une cannette, ça coûte une fortune. On voulait que les gens viennent dans notre pub pour boire la bière en fût [beaucoup moins dispendieuse à produire] », explique celui qui se plaît à dire qu’il est aussi un homme à tout faire dans l’entreprise.
Même son de cloche pour la jeune microbrasserie Madawaska dans le Témiscouata qui, en plus d’écouler ses produits dans un pub, a misé sur les produits dérivés pour rentabiliser son commerce.
« Ce qu’il y a dans la cannette, c’est important, et tout ce qui l’entoure aussi. On a mis le paquet sur l’image de marque et nous avons beaucoup de produits dérivés », conclut le copropriétaire Martin Rioux-Beaulieu.
Selon l’Association des microbrasseries du Québec
- Il y a présentement 324 entreprises brassicoles dans la province
- Plus de 30 % des entreprises sont situées dans des villes de moins de 10 000 habitants