La vitamine D réduit fortement le risque de récidive des cancers digestifs
La prise quotidienne de suppléments de vitamine D est associée à une réduction spectaculaire du risque de récidive des cancers digestifs exprimant une version inactive d’un important gène suppresseur de tumeurs.
Contrairement aux autres vitamines qui peuvent être facilement obtenues par l’alimentation, la vitamine D est plutôt rare dans la nature et est en majeure partie produite à la suite de l’exposition de la peau au soleil. Cette particularité a des répercussions importantes en termes de cancer, car un grand nombre d’études ont noté que la carence en vitamine D pouvait favoriser le développement de certains types de cancers, notamment ceux du système digestif.
Par exemple, on a observé que la mortalité associée au cancer du côlon était la plus élevée chez les personnes qui étaient le moins exposées à la lumière du soleil, comme les habitants des grandes villes ou ceux de régions situées à des latitudes élevées. Cet effet est vraisemblablement dû à une carence en vitamine D, car les études épidémiologiques subséquentes ont noté que des taux sanguins élevés de cette vitamine (supérieurs à 25 ng/mL) étaient associés à un risque beaucoup plus faible de cancer colorectal1.
- Écoutez la chronique de Richard Béliveau via QUB radio :
Variations interindividuelles
Ces observations ont pavé la voie à plusieurs études cliniques visant à déterminer si une supplémentation en vitamine D pouvait être associée à une diminution de l’incidence de cancer.
Globalement, les résultats de ces études sont plutôt mitigés, dans la mesure où on n’a pas pu mettre en évidence d’effet préventif majeur de la vitamine D lorsqu’on examine l’incidence de cancer à l’échelle de l’ensemble de la population à l’étude.
Cependant, une analyse plus détaillée montre que certaines personnes sont beaucoup plus susceptibles de bénéficier des effets anticancer de cette vitamine.
Par exemple, une étude a montré que les personnes minces (IMC ≤ 25) qui avaient pris un supplément de 2000 UI de vitamine D pendant 5 ans avaient moins de risque de développer un cancer de stade avancé, avec une réduction de 38 % comparativement au placebo, tandis que cette protection était non significative chez les personnes en embonpoint et disparaissait complètement chez celles qui étaient obèses2.
Sous-types de cancers
Une étude récente apporte un autre exemple de cette variation de l’efficacité de l’action anticancer de la vitamine D selon les individus3.
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné l’effet d’un supplément de 2000 UI sur la récidive et la mortalité liée au cancer colorectal en fonction de la présence d’une forme anormale de la protéine p53 dans les cellules cancéreuses.
Le gène p53, appelé gardien du génome en raison de ses propriétés de maintien de l’intégrité de l’ADN, est très souvent muté lors du développement d’un cancer et la protéine qui en résulte est inactive et incapable de freiner la croissance anormale des tumeurs.
Les chercheurs ont recruté 392 patients atteints d’un cancer digestif, principalement du côlon (47 %), de l’estomac (43 %) et de l’œsophage (9 %), incluant 142 d’entre eux qui avaient un cancer ayant une p53 inactive. Les patients ont été séparés au hasard dans un groupe contrôle (placebo) et un groupe vitamine D (2000 UI par jour) et ont été par la suite suivis pendant une période de 5 ans.
Les résultats sont réellement spectaculaires : pour les patients ayant un cancer contenant la protéine p53 inactive, la supplémentation avec 2000 UI était associée à une survie à 5 ans sans récidive du cancer de 81 % comparativement à seulement 31 % pour le placebo.
Étant donné la très forte proportion de cancers qui contiennent un p53 défectueux, ces résultats indiquent donc que les patients qui combattent un cancer peuvent grandement bénéficier d’une normalisation de leurs taux sanguins de vitamine D à l’aide de suppléments.
On considère généralement qu’une dose quotidienne de 2000 UI est requise pour obtenir des taux optimaux de vitamine D, aux environs de 30 ng/mL.
♦ 1. Garland CF et coll. Serum 25-hydroxyvitamin D and colon cancer: eight-year prospective study. Lancet 1989; 2: 1176-8.
♦ 2. Chandler PD et coll. Effect of vitamin D3 supplements on development of advanced cancer: a secondary analysis of the VITAL randomized clinical trial. JAMA Netw Open. 2020; 3: e2025850.
♦ 3. Kanno K et coll. Effect of vitamin D supplements on relapse or death in a p53-immunoreactive subgroup with digestive tract cancer: post hoc analysis of the AMATERASU randomized clinical trial. JAMA Netw Open. 2023;6(8):e2328886.